Les Juifs séfarades
On appelle Juifs séfarades un groupe de personnes appartenant à la communauté juive vivant ou issu de la péninsule Ibérique. Entre 711 et 1492, la totalité des territoires espagnols était dominée par les musulmans. Cette zone était appelée Al-Andalus, ce qui a donné le nom actuel d’Andalousie. Les séfarades ont grandement développé la culture de l’époque en mixant les religions musulmanes, chrétiennes et juives. Ils ont permis d’installer une véritable culture et un langage propre appelé judéo-espagnol. Un mode de vie teinté de philosophie, de poésie, de théologie et de science a vu le jour. Pourtant, ils furent expulsés par les chrétiens lors de la Reconquista en 1492.
Quel sens peut-on donner au terme « Séfarades » ?
Il faut donc remonter au Moyen-Âge pour comprendre le terme séfarade. Il désigne la péninsule Ibérique en langue hébraïque ancestrale. En ce sens, on peut comprendre que le mot « séfarades » s’applique aux personnes de la communauté juive issues de la péninsule Ibérique.
Le terme s’est aujourd’hui élargi aux Juifs espagnols et portugais, et même parfois, à tous les autres représentants de la communauté juive, comme les Juifs d’Orient et du Maghreb, à l’exception des ashkénazes.
Cela s’explique par des formes de rituels communs et un souhait de simplicité afin de scinder le judaïsme en deux segments. Le grand rabbin sérafade est d’ailleurs le représentant des Juifs des pays du Maghreb et d’Orient en Israël car la souche issue de la péninsule Ibérique est aujourd’hui particulièrement dispersée.
La situation historique des séfarades
Entre 711 et 1492, le judaïsme ibérique s’est largement imprégné des cultures musulmanes et chrétiennes. On situe la présence des Juifs sur le sol ibérique dès l’ère de la Rome Antique. Ils ont subi la domination des Wisigoths et celle des conquérants arabes musulmans.
Ils se sont particulièrement illustrés dans la finance et l’administration. On retrouve également de nombreux savants dont les œuvres philosophiques et littéraires sont encore consultées de nos jours.
Au XIIe siècle, ils migrent en Afrique du Nord et au sein de l’Europe chrétienne pour fuir l’invasion de musulmans marocains nommés Almohades. Mais, vers la fin du siècle, les grands rois chrétiens parviennent à reconquérir les régions stratégiques de la péninsule Ibérique. Une transition entre l’administration musulmane et chrétienne doit être opérée et ce sont les Juifs qui en ont la gestion.
Jusqu’au XIIIe siècle, les Juifs séfarades ont une forte influence sur l’Europe du Nord et le Sud des pays musulmans, mais à compter de 1391, les Franciscains et les Dominicains commencent à opprimer et marginaliser le peuple juif en les contraignant à se convertir au christianisme, et ce jusqu’à l’expulsion des Juifs de la péninsule Ibérique en 1492.
L’exil des séfarades
Les Juifs séfarades sont donc contraints de s’exiler suite au décret de l’Alhambra. Il fut promulgué par la reine Élisabeth la Catholique en 1492 et il restera d’actualité jusqu’en 1967.
Ils se dispersent principalement dans les Balkans, en Grèce, en Italie, dans les pays d’Afrique du Nord comme le Maroc et l’Algérie. Mais également vers les Pays-Bas, l’Angleterre, l’Amérique, appelée à cette époque le Nouveau Monde, le Brésil et même l’Inde.
En Israël
Ce sont quelques milliers de sérafades qui ont immigré en Israël. Mais, les restes de leur culture fut noyée par l’arrivée massive des migrants ashkénazes d’Europe centrale et orientale au XXe siècle. On désigne les séfarades en Israël en employant le mot mizrahim.
Ce terme, assez péjoratif, désigne la population juive non ashkénaze. La difficile intégration des séfarades voit apparaître en 1971, sous l’influence américaine des Blacks Panthers, la naissance d’un mouvement œuvrant pour leurs droits.
La scission se poursuit avec l’apparition de partis politiques revendiquant des idées d’extrême droite à partir de 1981. Puis en 1998, le président du parti travailliste d’Israël est démis de ses fonctions après avoir tenu des propos injurieux à l’encontre des séfarades.
En 2010, plus de 80 000 Juifs ashkénazes défilent dans les rues pour restreindre le droit d’intervention de la Cour suprême d’Israël sur les questions religieuses. Notamment sur les problèmes existant de discrimination entre les enfants des deux branches judaïques à l’école.
En France
C’est essentiellement vers Bayonne et Bordeaux qu’ont migré les Juifs séfarades d’Espagne. Entre le XIX et le XXe siècle, ce sont les communautés juives italiennes et ottomanes qui rejoignirent le rite portugais mis en place en France.
Lors de la décolonisation, de nombreux Juifs séfarades d’Afrique du Nord migrèrent également en France. En 1981, un grand rabbin de rite séfarade fut nommé, René-Samuel Sirat.
En Espagne
Alors que l’Espagne avait décidé d’octroyer la nationalité espagnole à toutes les personnes qui pouvaient justifier d’une ascendance séfarade, en 2014 il en fut décidé autrement. Un décret impose et reconnaît automatiquement la double nationalité.
Cette décision a pour but de faire amende honorable et reconnaître « une erreur historique de plus de cinq siècles ». Les demandes de naturalisation, majoritairement turques, affluent depuis ce décret.
Au Portugal
Dans le même sens, le Portugal offre depuis 2015 aux descendants juifs séfarades la possibilité d’obtenir la nationalité portugaise.
Historiquement parlant, le roi portugais assurait la protection des séfarades avant de finalement se résoudre à expulser en 1496 tous ceux qui refusaient de se convertir au catholicisme. Pourtant, de nombreux Juifs séfarades ont souhaité conserver leurs traditions et leur langue portugaise.
C’est pour cela que l’on retrouve aujourd’hui encore des traces de leur origine sur le sol portugais dans les noms ou les écrits.
Les principales différences entre séfarades et ashkénazes
Les Juifs séfarades et ashkénazes se différencient surtout par la prononciation et les chants entonnés dans les synagogues. Dans l’enseignement religieux et la façon de pratiquer la religion, il existe des différences, mais elles sont peu significatives.
C’est dans le domaine de la culture (langage, musique, littérature, etc.) que vont se dénoter des différences majeures au vu de l’influence historique différente.