Le dôme du Rocher, également appelé « coupole du Rocher » est un monument érigé par le calife Abd al-Malik Ibn Marwan, devenu sanctuaire de l’Islam. Il se trouve sur l’esplanade des mosquées de Jérusalem-Est. On le considère en troisième position des lieux saints musulmans après La Mecque et Médine. Sa construction fut achevée en 692 sur le Rocher de la Fondation d’où Mahomet se serait élevé au ciel. Mais il comporte également une place essentielle dans la religion juive, car la tradition veut que ce soit sur ce rocher que monta Abraham afin d’offrir à Dieu le sacrifice de son fils Isaac. Les temples de Jérusalem furent construits sur ce même rocher, considéré comme le centre du monde par la communauté juive. Nous allons en découvrir davantage sur le Dôme du Rocher, de son histoire à son architecture en passant par les raisons politiques et religieuses de sa construction.
Ajoutez votre titre Histoire du Dôme du Rocher
On estime que le Dôme du Rocher fut construit en 691 ou 692 de notre ère, sous les ordres du calife Abd al Malik. L’emplacement serait également celui choisi pour la construction des temples juifs entre le IVe et le Ier siècle av. J.-C.
La ville de Jérusalem fut conquise par les musulmans, entre 635 et 638, et le calife Omar ibn Al Khattab aurait prié pour la première fois sur le lieu saint peu entretenu à cette époque. Le dôme fait partie d’un ensemble de constructions appelé « le noble sanctuaire » ou « l’esplanade des mosquées ».
Il représente l’élément majeur et le centre de ce sanctuaire, et fut restauré de nombreuses fois au fil du temps. Les inscriptions sont tour à tour remplacées par le nom de la dynastie qui gouverne Jérusalem.
Au XIIe siècle, les Croisés font transformer la structure en église et la proche mosquée al-Aqsa en palais à l’attention de Baudouin de Boulogne. Ce ne sera que successivement à la prise de Jérusalem par Saladin que les deux lieux de culte seront rendus aux musulmans.
Toutefois, de nombreuses retouches ont été faites entre temps ainsi que des restaurations maladroites à l’intérieur comme à l’extérieur. Cela donne lieu à une grande campagne de rénovation entre le XVIIIe et le XXe siècle.
Le dôme du Rocher fait depuis les années 1900, l’objet de nombreuses études archéologiques. Cela concerne les inscriptions ou les mosaïques. Mais c’est l’historien Oleg Grabar qui fournira le plus de recherches sur le monument et publiera ses hypothèses sur son origine et sa signification en 1959.
Architecture du Dôme du Rocher
Le dôme du Rocher repose sur une plateforme de forme rectangulaire, créée artificiellement, qui comporte huit escaliers. Il est placé en fonction du Rocher de la Fondation considéré comme le point central.
Le plan comporte un anneau de colonnades qui entoure le rocher et sur lequel repose la coupole. Un second anneau se trouve entre la colonnade et les huit pans de mur extérieurs. Quatre portes sont présentes afin de représenter les quatre points cardinaux.
Celle qui regarde vers la mosquée comporte un portique plus imposant que les trois autres. Les historiens pensent que ce plan est inspiré de ceux conçus par les martyria que l’on retrouve dans l’architecture paléochrétienne et byzantine.
Cela consiste à établir une construction autour du tombeau d’un martyr. On observe ainsi l’ancien Saint Sépulcre à Jérusalem construit autour du tombeau présumé du Christ. Une grotte se situe sous le rocher dont on ne connaît pas la forme originelle précise suite aux nombreuses restaurations effectuées.
On retrouve deux types d’élévation au sein du Dôme : des colonnes de marbre coloré et des piliers maçonnés. Chacun des huit piliers et relié à une colonne par un arc. Au-dessus de chaque colonne, on peut voir un chapiteau orné de feuilles d’acanthe.
Les fenêtres présentes sur les murs extérieurs sont nombreuses et munies de doubles grilles installées durant la période ottomane. Au centre, une coupole est posée sur le Rocher, constituée de coques de bois dorées.
À l’intérieur, le Dôme du Rocher est décoré de tirants de bois recouverts de bronze, de marbre ornant les murs et les piliers, et de mosaïques apposées en hauteur. À l’extérieur, on observe des céramiques colorées de l’époque ottomane ainsi qu’un revêtement de marbre en parfait état.
On dénote l’absence totale d’icône : ni animaux ni hommes ne sont représentés sur les décors. En revanche, le végétal est très représenté, notamment au niveau des colonnes. On peut également observer la présence de bijoux et pierres précieuses dans le décor du dôme.
Les mosaïques semblent être assez proches de celles de la Basilique de la Nativité de Bethléem. Il semblerait alors qu’elles aient pu être réalisées par des artistes reconvertis. Elles s’inspirent de l’antiquité.
Le monument est le premier à comporter de nombreuses inscriptions. Trois de ces dernières proviennent de la dynastie des Umayyades (661-750), dont une mesure 240 mètres. La seconde se trouve sur la porte est et la troisième sur l’ouverture au nord. Ce sont des inscriptions religieuses tirées du Coran. Elles louent la grandeur de Dieu, de l’Islam et des prophètes.
Raisons politiques et religieuses de sa construction
De nos jours les historiens ne sont pas parvenus à définir avec précision l’origine de la construction du Dôme du Rocher. Toutefois, il est essentiel de revenir sur quelques éléments politiques et religieux afin de mieux situer le contexte.
On retrouve dans des sources du IXe siècle, que les musulmans auraient eu l’idée de faire transiter par Jérusalem le pèlerinage à La Mecque (hajj). Toutefois, cette hypothèse est largement démentie par les historiens actuels du fait de l’absence totale de la mention de ce pèlerinage dans l’histoire.
De plus, ce changement radical paraît peu probable venant du calife Abd al Malik et l’espace serait insuffisant à Jérusalem pour accueillir un tel afflux de pèlerins. Le Dôme célébrerait alors la victoire de l’Islam sur une population chrétienne dotée d’une importante communauté juive.
Il permettrait à l’Islam de concurrencer avec la grandeur des sanctuaires chrétiens de Jérusalem et de Syrie. Ces hypothèses sont corroborées par la taille impressionnante du dôme, sa position centrale au sein de la ville ainsi que son revêtement brillant fait pour attirer l’œil.
Le programme d’inscription peut également être perçu comme un manifeste qui vanterait la supériorité de l’Islam, selon l’historien Grabar. Cette interprétation ne tient toutefois qu’à lui, et est contestée par d’autres chercheurs.
Le choix du lieu n’est pas le fruit du hasard. C’est un des lieux sacrés juifs, associé à David et Salomon, où des vestiges des temples sont encore présents par endroit. Délaissé durant quelques siècles, les musulmans se l’approprient en signe de leur victoire sur les chrétiens. L’historien Al Maqdisi du Xe siècle relate que le Dôme aurait été érigé dans le but de dépasser le Saint-Sépulcre.
Une troisième théorie énonce que le Dôme du Rocher aurait été construit dans un objectif de continuité du Temple de Jérusalem et pour rivaliser avec la Hagia Sofia de Constantinople. Il faut savoir que la pratique du culte juif y était pratiquée jusqu’au VIIe siècle.
D’un point de vue purement religieux, le site est considéré comme celui du sacrifice du fils d’Abraham. La Genèse précise que le voyage dura trois jours et que « le troisième jour en levant les yeux, il vit l’endroit de loin ».
L’endroit en question est celui du Temple de Salomon qu’Hérode aurait fait reconstruire au même endroit après sa destruction. Le Mur des Lamentations est un vestige historique probant de l’existence de ces temples. Pourtant, dans la Bible, le Rocher n’est jamais mentionné.
Ce lieu semble aussi représenter celui depuis lequel Dieu regagna le ciel après son séjour sur terre. Enfin, le Rocher est également associé au voyage de nuit de Mahomet. Le Dôme paraît également avoir un lien avec le paradis et la fin des mondes selon Myriam Rosen Ayalon.
Cela aurait pour but de représenter la ville de Jérusalem céleste. Par son architecture, le Dôme semble rappeler le tombeau du Saint-Sépulcre et ses quatre ouvertures pourraient symboliser les sorties vers le paradis.
Cela pourrait corréler avec le pèlerinage à vocation eschatologique qui se serait mis en place dès 70 suite à la destruction du temple d’Hérode. Une autre hypothèse avance que, durant la conquête musulmane de Jérusalem, les Arabes avaient converti des judéo-chrétiens.
Ces derniers seraient alors persuadés que la reconstruction du temple impliquera le retour du Messie et qu’eux et leurs alliés arabes deviendront les élus du peuple. Ce serait pour cette raison que les prêtres judéo nazaréens construiront d’abord un monument de forme cubique de pierre et de bois qui a les mêmes dimensions que le Saint des Saints du temple initial. C’est ce cube qui sera ensuite transformé en Dôme du Rocher.
Informations générales sur le Dôme du Rocher
Le Rocher dissimule une grotte que l’on peut visiter en empruntant un escalier. En 1991, un officier britannique décide de creuser de façon clandestine dans la grotte, persuadé de l’existence du « trésor de Salomon ». Il fut repéré et mis en fuite, mais cet évènement causa une grave crise diplomatique.
Il faut savoir que l’accès au Dôme est interdit à toute personne non musulmane depuis 1998. Toutefois, le pape Benoît XVI est autorisé à y pénétrer en 2009 et devient ainsi le seul pape à y être entré.
L’esplanade des mosquées était également interdite d’accès aux non-musulmans jusqu’en 1967. Après cette date, un accès restreint est toléré sans toutefois la possibilité de faire des prières autres que musulmanes.
Le Premier ministre israélien Ariel Sharon se rend sur l’esplanade des mosquées au cours de l’année 2000 et cette visite est perçue par les musulmans comme provocatrice. Elle entraîne la Seconde Intifada et une nouvelle interdiction d’accès aux pratiquants religieux non islamiques.
En 2006, le droit d’accès est à nouveau possible pour les non-musulmans sauf le vendredi et les jours fériés. La zone leur est ouverte, mais il reste interdit d’entrer dans les mosquées. Elles sont librement gérées par la fondation islamique Waqf sous contrôle jordanien, et Israël n’intervient pas dans cette gestion sauf en cas de problèmes d’ordre sécuritaire.