Depuis 1948, les relations entre Israël et les États-Unis ont une importance capitale dans la politique étrangère américaine au Moyen-Orient. Ces relations sont essentiellement basées sur du soutien financier et des accords militaires. Ce soutien est apparu avant la création d’Israël et s’est manifesté sous forme de mobilisation de personnes juives et non juives afin de créer l’état. Le but étant de mobiliser la politique étrangère des États-Unis en faveur d’Israël. Les relations militaires s’appuient quant à elles sur une proche collaboration dans de nombreux domaines. Les USA contribuent financièrement au développement en armement israélien. Les armées des deux pays travaillent ensemble sur certains exercices et partagent les données de leurs services de renseignements. Nous allons détailler, au cœur de cet article, les relations entre Israël et les États-Unis avant et après la création de l’état.
Les relations israélo-américaines pré-Israël
Bien avant que ne soit créé l’État d’Israël, le 14 mai 1948, les juifs sionistes demeurant aux États-Unis se mobilisent afin de regrouper des moyens financiers ainsi que tous les renseignements nécessaires à la création du pays.
Dès 1917, Woodrow Wilson exprime son soutien à la communauté juive en signant la Déclaration Balfour qui promettait au peuple juif la création d’un foyer national en Palestine. Cependant, suite à la signature du projet, son implication pour son aboutissement reste discutable.
En 1919, une commission d’enquête est lancée sous la direction d’Henry Churchill King et Charles Crane. Malgré cette implication forte de la part des États-Unis, le résultat du sondage met en avant une population locale défavorable à l’occupation sioniste et à la création d’un état juif à part entière.
Les relations israélo-américaines post-Israël
Nous allons à présent étudier les relations israélo-américaines consécutives à la création de l’État d’Israël selon les différents gouvernements en exercice.
Le président Harry S. Truman (1945-1953) reconnaît l’existence de l’État d’Israël dès le jour de sa création. Malgré l’opposition d’une partie du gouvernement, le président américain l’intègre dans son entièreté immédiatement, autant pour raisons électorales que personnelles.
Trois ans après la naissance de l’état, l’AIPAC ou Comité Sioniste Américain pour les Affaires Publiques apparaît. Il est le premier lobby pro-israélien à voir le jour. Si en France, le lobbyisme n’est pas permis, il est institutionnalisé aux USA.
Sous Eisenhower (1943-1961), les choses se corsent quelque peu avec la crise, en 1956 du Canal de Suez. Malgré la demande du conseil de l’ONU qui invite Israël à se retirer, le retrait n’est pas total. Le président américain ordonne alors un retrait complet et menace de sanctions en cas contraire, mais Israël obtempère.
Dès sa candidature à la présidence des États-Unis, en 1960, John Fitzgerald Kennedy tient un discours devant les membres de la convention sioniste américaine. Une fois élu, le président apprend de ses services secrets l’existence d’un projet nucléaire en cours entre Israël et la France.
Le gouvernement s’y oppose en vain, car Israël sent sa sécurité menacée. L’administration Kennedy doit alors se résoudre à étendre l’embargo sur les armes et à renforcer la sécurité militaire.
Les États-Unis étant suspicieux du désir d’Israël de se doter de l’arme nucléaire, des inspections s’instaurent et se renforcent d’année en année. L’assassinat du président Kennedy ne change rien sur l’opposition des USA au programme nucléaire israélien.
Sous Johnson, entre 1963 et 1969, Israël entre en guerre contre l’Égypte et la Jordanie. Ce conflit est nommé la guerre des Six Jours. L’USS Liberty, un navire de la NSA tombe sous les balles israéliennes, qui affirment que c’est un acte non délibéré.
L’affaire est classée sans suite après des excuses d’Israël et un dédommagement des victimes. Toutefois, certains historiens et militaires s’accordent à dire que cet incident serait en fait volontaire de la part d’Israël. En 1968, les États-Unis sont informés du fait qu’Israël dispose d’un arsenal nucléaire.
La présidence de Richard Nixon (1969-1974) souhaite qu’Israël signe le traité visant à la non-prolifération nucléaire ponctué de visites internationales visant à démanteler leurs objectifs nucléaires. Le but est de favoriser la paix avec les pays arabes.
Finalement, Nixon décide d’un accord oral avec la femme d’état israélienne Golda Meir. Cette entente secrète, qui ne sera révélée qu’en 1991, spécifie qu’Israël, en accord avec les États-Unis, ne signe pas le traité, mais s’engage à lister publiquement les armes nucléaires détenues.
En 1973, les Israéliens apprennent que le roi de Jordanie prévoit une attaque contre leur gouvernement. Israël est alors sommé par les Américains de ne pas déclencher d’attaque en premier sous peine de stopper toute aide financière.
Toutefois, Israël est sévèrement touché lors de la guerre du Kippour et le ministre de la Défense Moshé Dayan pense que sa survie dépend de sa capacité nucléaire. Il sera reproché ensuite aux parlementaires américains d’agir de façon régulière et orientée pour les intérêts d’Israël.
Entre 1974 et 1977, on ne recense pas d’évènements particuliers pouvant venir compléter les relations entre Israël et les États-Unis. En 1977, Jimmy Carter accède au pouvoir et destitue Andrew Young, ambassadeur américain pour sa proximité avec des représentants palestiniens.
Il mène sans conteste une politique en faveur d’Israël malgré qu’il qualifie l’état « d’apartheid ». Il justifie ses propos par l’aspect ultra sécuritaire de la frontière avec la Cisjordanie. Il soulève également le fait que la critique de l’état est mal vue aux États-Unis, voire impossible.
Il est lourdement critiqué par la presse américaine pour ces propos. Il est également taxé d’antisémite et certains dirigeants démocrates prennent leurs distances avec le président pour ne pas y être assimilés.
Ronald Reagan est au pouvoir entre 1981 et 1989 et obtient moins de 50 % des voies juives contrairement à son rival démocrate. Il est sollicité dès le début de son mandat par l’AIPAC qui demande la levée de fonds pour Israël.
Les Israéliens assurent jouer le rôle d’arbitre dans le conflit civil libanais. Toutefois, l’ambassadeur américain demande le retrait des troupes. S’ensuit le Massacre de Sabra et Chatila qui posera la question de la responsabilité des Israéliens.
En 1982, Israël reçoit l’interdiction par l’administration de Ronald Reagan de vendre des bombes à fragmentation durant 6 ans. En 1985, un accord de libre-échange entre Israël et les États-Unis voit le jour malgré la position contraire de multiples multinationales américaines à l’image de Monsanto.
La même année un scandale d’espionnage éclate : pensant interroger un militaire américain, le FBI s’aperçoit que c’est en fait un espion israélien. Jonathan Pollard tente alors de fuir et réclame l’asile politique auprès de l’ambassade israélienne à Washington, mais cela lui est refusé et il est interpellé par le FBI.
Il fut inculpé pour « transfert d’informations classifiées à un pays allié, sans intention de nuire aux États-Unis » il reconnaît les faits et se justifie en avançant qu’il voulait protéger l’État d’Israël. Cet acte est encore aujourd’hui considéré comme l’une des plus grandes affaires d’espionnage de l’histoire et il est condamné à la prison à perpétuité en 1987.
L’on considère avec le recul que cette affaire ne serait en réalité qu’une infime partie de l’immensité des opérations d’espionnages entreprises par les Israéliens afin de déceler des secrets technologiques américains.
Sous Georges Herbert Walker Bush, entre 1989 et 1993, il est demandé à l’AIPAC de cesser ses « politiques expansionnistes ». Le retrait des troupes israéliennes dans la bande de Gaza est un moyen de pression des États-Unis sur Israël pour débloquer des fonds.
Il naît alors de ces oppositions, un conflit entre le Premier ministre israélien et le président Bush. Cela lui fait perdre les élections du mandat suivant.
L’administration du président Clinton (1993-2001) fait éclater un nouveau scandale. Le président du lobby AIPAC déclare lors d’une conversation téléphonique enregistrée qu’il possède une énorme influence sur Bill Clinton, les élections américaines et la politique étrangère des USA.
Mais les relations entre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou et le président américain ne sont pas au beau fixe. Il tente même de faire pression sur Clinton concernant la libération de l’espion Jonathan Pollard. Il se sert alors d’archive sur la relation extra-conjugale du président avec sa secrétaire, Monica Lewinsky.
L’administration de George W. Bush, entre 2001 et 2009, est marquée par la mort de Yasser Arafat et la prise de poste de Mahmoud Abbas comme président de l’autorité palestinienne en 2004. À la surprise générale, le Hamas obtient 44 % des voix aux élections législatives américaines.
En 2005, les États-Unis livrent une nouvelle arme destinée à détruire les installations nucléaires iraniennes. Matériel finalement revendu à la Chine par Israël ce qui provoquera l’indignation du secrétaire américain à la défense et une demande de sanctions.
Cependant en 2007, les USA attribuent une aide militaire supplémentaire de 25 % à Tel-Aviv. En 2008, le président Bush reconduit son soutien à Israël devant la Knesset. Des négociations sur les souhaits en armement des israéliens entrent alors en jeu, mais Bush refuse lorsqu’il est émis le souhait d’une arme capable de détruire les installations nucléaires Iraniennes.
Le président Obama est élu en 2009, mais dès son entrée en campagne il prononcera un discours pro-israéliencomme celui de son prédécesseur J. F. Kennedy en 1960. Dès son élection, le président et son administration délivrent à Israël des armes pénétrantes comme souhaité précédemment.
Toutefois, Barack Obama et Netanyahou ont des relations extrêmement tendues. En 2010, Joe Biden alors vice-président, conforte le lien entre Israël et les États-Unis jusqu’à ce qu’Israël décide de reprendre les constructions dans les colonies juives de la zone C en Cisjordanie.
Lors de la campagne pour le second mandat de Barack Obama, Netanyahou prend parti pour son rival Mitt Romney et tente de prendre le peuple américain à partie lors d’une émission télévisée. Cet acte est très mal perçu par Obama et Israël craint alors un retournement de situation suite à la seconde élection d’Obama.
En 2013, la situation en Syrie pousse les armées alliées à lancer des bombardements. Cependant, les États-Unis se calquent sur la décision du Royaume-Uni de ne pas frapper la Syrie. L’AIPAC tente alors le tout pour le tout pour qu’éclate la guerre, mais sans y parvenir.
Les révélations de l’ancien agent de la CIA, Edward Snowden font état d’une collaboration poussée entre Israël et les États unis. Les services secrets américains partagent de nombreuses informations avec Israël. Il est alors décidé en 2014 que la seule solution au problème israélo-palestinien est la création de deux états.
En 2014, le lancement de l’opération Bordure Protectrice fait de nombreuses victimes du côté palestinien. Malgré son soutien à Israël, le gouvernement de Barack Obama demande l’arrêt des attaques ce qui conduit à un scandale en Israël.
Le secrétaire d’État Kerry est alors publiquement accusé de traître et pointé comme responsable des massacres de civils à venir. Obama réplique alors en accusant les Israéliens d’avoir procédé à une « campagne de désinformation » ce qui ravive un peu plus les tensions.
Dans l’été 2014, le Pentagone envoie des munitions à Israël sans en informer le gouvernement. Il est également voté à la majorité une augmentation des flux financiers pour l’armée israélienne. S’ensuit alors une grande colère du gouvernement Obama envers Israël.
En 2017, Donald Trump est à la présidence des États-Unis et reconnaît publiquement Jérusalem comme capitale d’Israël. Il compte ainsi déplacer l’ambassade américaine de Tel-Aviv. L’ambassade à Jérusalem est inaugurée le 14 mai 2018 (70e anniversaire de la création d’Israël).
Les financements attribués aux réfugiés palestiniens sont retirés et l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) à Washington expulsée. Le président Trump reconnaît le plateau de Golan comme territoire israélien, s’opposant à la communauté internationale qui le considérait comme territoire syrien occupé par les Israéliens.
Benyamin Netanyahou baptise alors une colonie israélienne au nom de Donald Trump pour lui rendre hommage. En 2019, les colonies israéliennes sont reconnues légales par la Maison-Blanche. Depuis la présidence de Donald Trump, les logements israéliens sur le territoire palestinien sont en augmentation massive de 90 %.