Qu’est-ce que le négationnisme ?
Idéologie particulièrement controversée, le négationnisme est le déni du génocide du peuple juif durant la Seconde Guerre mondiale. Les adeptes de cette doctrine nient également en bloc l’existence, pourtant démontrée à de multiples reprises depuis 1945, des chambres à gaz. De nos jours, le terme négationnisme s’applique également, par extension, à la non-reconnaissance d’autres faits historiques et crimes de guerre. Nous allons vous aider, au travers de cet article, à comprendre ce qu’est le négationnisme. De sa naissance à son fondement, en passant par l’illustration de cette idéologie à l’aide de quelques exemples, nous étudierons ce sujet en profondeur.
La naissance du négationnisme
Le terme « négationnisme » est né en 1987. C’est l’historien Henry Rousso qui l’a créée, afin de désigner une idéologie naissante prônant la non-existence de l’extermination de nombreux juifs par l’Allemagne nazie dirigée par Adolph Hitler entre 1939 et 1945.
Ce génocide, appelé la Shoah, fut réalisé en grande partie par la condamnation à mort de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants dans les chambres à gaz. Le négationnisme avance pour sa part la théorie que ce procédé pour tuer n’a jamais existé. Il est pour eux le fruit d’une pure invention des historiens.
Même s’il n’y avait pas encore de mot pour la définir, cette idéologie fut d’ailleurs condamnée par le tribunal de Nuremberg dès 1946. Si à la base ce terme concernait uniquement cette sombre période de notre histoire, il fut très vite utilisé pour définir la contestation d’autres crimes contre l’humanité.
Le négationnisme se base sur la théorie que si certains faits historiques manquent de clarté ou se contredisent, ils sont obligatoirement faux dans leur intégralité. Si les preuves ne sont pas suffisantes ou manquantes, alors les faits concernés n’ont tout simplement jamais existé.
Le problème majeur du négationnisme est qu’il se base sur une façon d’opérer malhonnête. En effet, de nombreux éléments ou documents prouvant l’existence du génocide ont été détruits, dissimulés ou détournés afin de corroborer la théorie avancée.
C’est en ce sens que s’illustre tristement le négationnisme : les faits ont bien une preuve historique irréfutable, mais tout est fait pour promouvoir une croyance ou une idéologie. Le but étant de persuader le plus grand nombre de la non-existence des crimes commis en son nom.
Le négationnisme est de nos jours considéré par les philosophes comme l’un des fondements du nouvel antisémitisme. La modification d’éléments historiques et le fait d’exploiter la souffrance d’autrui sont utilisés pour promouvoir le sionisme dans le but d’agir sur le conflit israélo-palestinien.
Quelles sont les différences entre négationnisme et révisionnisme ?
Alors que les négationnistes n’ont pas forcément de réelles connaissances historiques, les révisionnistes sont quant à eux des historiens. C’est d’ailleurs l’argument qu’ils avancent régulièrement.
Les négationnistes s’appuient et se cachent derrière l’approche légitime réalisée par les historiens, qui consiste à « revisiter » ou à réinterpréter certains évènements historiques en les replaçant dans le contexte de leur époque.
Toutefois, le terme « révisionniste » est bien souvent associé et apparenté au terme de « négationniste ». En France notamment, où ces deux termes sont souvent utilisés comme des synonymes, et créent la polémique de la même façon.
Quels sont les intérêts des négationnistes ?
Dans le cas du génocide perpétré par les nazis, la plupart des négationnistes sont antisémites. Leur motivation principale est de défendre les auteurs de ces crimes contre l’humanité en minimisant, voire en niant leurs actes.
D’une manière plus large, le but des négationnistes est d’obtenir une non-condamnation pour les génocides commis afin de protéger une ou plusieurs tierces personnes impliquées, ou leurs descendants.
Ils n’hésitent pas à enlever aux victimes directes et, par extension à leur famille, le droit d’être reconnus comme tels et d’obtenir réparation. Ils annulent ainsi également tout droit de mémoire en piétinant les souffrances de peuples entiers.
Quelques exemples de négationnisme avérés
Le génocide juif
C’est la Shoah qui est à l’origine de la création du terme « négationnisme ». Durant la Seconde Guerre mondiale, le régime nazi mené par Hitler procède à l’extermination de nombreux juifs dans toute l’Europe.
Il s’ensuit des vagues de déportations vers les camps de concentration également nommés à juste titre « les camps de la mort ». Ces camps, équipés de chambres à gaz, causeront la mort par asphyxie d’un grand nombre de juifs.
Lors de l’évacuation des camps, les prisonniers furent contraints d’effectuer des marches de la mort qui achèveront les survivants les plus mal en point. L’on dénombre, suite à tous ces sévices, 5 à 6 millions de morts lors du génocide.
Dès la fin de la guerre, en 1945, certaines personnes commencent à émettre une idéologie proche du négationnisme. Si à la base, elle est désorganisée, elle infiltre très vite les partis politiques du monde entier, notamment ceux d’extrême droite, en particulier au Moyen-Orient.
La thèse avancée présente alors les juifs comme des criminels capables d’avoir inventé une rumeur afin de passer pour les victimes. Le but serait d’obtenir un moyen de pression financier sur les nations concernées et de rendre légitime la création de l’État d’Israël.
Le génocide arménien
Ce sont les deux tiers de la population arménienne de l’Empire ottoman qui ont été décimés entre les mois d’avril 1915 et de juillet 1916. Ce génocide fut perpétré par le gouvernement Jeune-Turc. À l’heure actuelle, si l’État turc reconnaît la mort d’une partie des Arméniens durant cette période, il minimise grandement le nombre effectif de victimes. Il n’admet d’ailleurs pas le terme « génocide » et œuvre de manière important pour promouvoir sa version des faits.
La guerre de Sécession américaine
Entre 1861 et 1865, l’Amérique du Sud est occupée par des chefs de guerres aux valeurs esclavagistes. Depuis, la Lost Cause ou Cause Perdue, précepte au fondement négationniste, refuse d’admettre le rôle de l’esclavagisme dans l’issue de la guerre de Sécession.
Le communisme
Durant la guerre froide, de nombreux crimes ont été commis par l’URSS (le Goulag, l’Holodomor ainsi que le massacre de Katyn). Depuis, les gouvernements successifs des pays de l’Est les réfutent en bloc.
Ce mouvement négationniste est également rejoint par la presse communiste, les historiens, ainsi que les universitaires. Les témoins de cette période sont qualifiés de menteurs et accusés d’anticommunisme.
Mais, en 1989 lors de la glasnost, des archives refont surface et les acteurs du négationnisme commencent à reconnaître les crimes perpétrés pendant la guerre froide. Toutefois, ils poursuivent en les minimisant.
Les crimes de guerre de l’armée impériale japonaise
Lors de l’invasion de la Chine par l’armée impériale japonaise, un massacre abominable de la population, des pratiques d’esclavage sexuel, ainsi que des expérimentations en tout genre sur des humains eurent lieu.
Pourtant, ces tristes épisodes furent longtemps passés sous silence par les partis politiques successifs. L’ancien premier ministre japonais est même allé se recueillir sur la tombe des criminels de guerre, ce qui a déclenché une vague de protestation.
Pourtant, en 1990 Motoshima Hitoshi a émis la possible responsabilité de l’empereur Hirohito lors du conflit mondial de 39-45. Il a alors été victime d’une tentative d’assassinat quelque temps après ces allégations.
Le génocide de Srebrenica
Comme dans les autres cas de négationnisme avérés, les ultranationalistes serbes proches de l’extrême droite ne reconnaissent pas la réalité des faits. Malgré que le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie ait statué sur ce génocide, le nombre de victimes est minimisé et les responsabilités sont rejetées sur les victimes de ces crimes elles-mêmes.
Le massacre des Tutsis
Il fut apposé le terme de « double génocide » pour qualifier ce qui fut réellement un massacre « inter-ethnies ». Le but étant de protéger le gouvernement rwandais composé à plus de 70 % de personnes ayant été poursuivies pour ce crime.
De plus, les autorités occidentales ne s’y étant pas opposées profitent également de cette vague négationniste. François Mitterrand a d’ailleurs évoqué injustement « les génocides au Rwanda » dans un de ses discours en 1994.
C’est le spectre du complot hamite qui a servi de base au massacre des Tutsis et des Burundis du Rwanda. Les colons les ont vus comme les descendants des Hamites, immigrés au Rwanda des centaines d’années auparavant.
Sur quels éléments se base le fondement du négationnisme ?
Avant toute chose, le négationnisme se base sur l’aspect émotionnel. Les négationnistes avancent ainsi que les témoignages sur les évènements historiques qu’ils réfutent sont émis par des personnes ayant une émotion particulière ou un attachement spécifique. Pour eux, ces constatations sont donc amplifiées ou faussées.
Certains négationnistes vont même jusqu’à proclamer que les camps de concentration auraient été bâtis après la Seconde Guerre mondiale afin de diaboliser les agissements de l’Allemagne menée par les nazis.
Ils se basent alors sur des preuves créées de toute pièce ou sur l’exagération d’un évènement réel afin que la charge change de camp. Les juifs seraient donc pour eux, à l’origine d’une théorie du complot qui aurait des répercussions à l’échelle mondiale.
Ils procèdent donc en décrédibilisant ou en éludant tout témoin ou document relatant des faits relatifs à l’existence de crimes de guerre et génocides. Ils profitent également du fait que les journalistes ne soient pas aussi compétents que les historiens pour les manipuler.
Les négationnistes utilisent une technique qui consiste à réfuter un leurre totalement conçu par eux (ici, les faits qui seraient maquillés). Ils se basent alors sur le fait, qu’étant donné que l’histoire est fausse ou amplifiée, il est nécessaire de rechercher et de rétablir la vérité.
Que dit la loi sur le sujet du négationnisme ?
En France, la loi Gayssot réglemente le négationnisme. Toutefois, certains parviennent à passer entre les mailles du filet en jouant sur la liberté d’expression et la liberté de recherche historique. Mais, au vu de sa dangerosité, certains ont relevé cette problématique.
En effet, le négationnisme est une façon délibérée de falsifier les faits, et donc de tromper le public. Si l’on présente cette théorie comme admissible au nom de la liberté d’expression, elle s’inscrira à terme dans la grande famille des opinions.
Toutefois, ne relevant pas de faits historiques prouvés, elle ne peut pas avoir sa place à part entière dans le débat public. Étant donné que l’on considère comme délictuelle toute proclamation qui offense, menace l’ordre public établi ou incite à la haine, elle est sanctionnable pénalement.
D’ailleurs, la Cour de cassation et la Cour d’appel de Paris ont statué sur le fait que si la morale et les intérêts des victimes de crimes nazis étaient bafoués, le principe de liberté d’expression pouvait être restreint.
Il en est de même aux États-Unis où le premier amendement à la Constitution, proclamant que chacun est libre de s’exprimer, bloque la mise en place d’une possible loi sanctionnant le négationnisme.
Ce n’est toutefois pas le cas dans d’autres pays. En ce qui concerne la Shoah et tous les crimes perpétrés envers les juifs durant la Seconde Guerre mondiale, le négationnisme est puni pénalement en :
- Allemagne
- Autriche
- Belgique
- Espagne
- Hongrie
- Israël
- Liechtenstein
- Lituanie
- Luxembourg
- Pays-Bas
- Pologne
- Portugal
- République tchèque
- Roumanie
- Slovaquie
- Suisse