La terre d’Israël a une grande importance dans la culture juive. Pour preuve, l’histoire des juifs en terre d’Israël étend sur près de 3000 ans. Cette terre d’Israël appelée terre sainte par les croyants représente la région de la Palestine que l’on connaît aujourd’hui. Les juifs l’appellent « Eretz » pour « terre », car elle a joué un rôle primordial dans leur histoire. Malgré les différents exils, ils y sont très attachés et elle est évoquée dans toutes les prières. On retrace une présence juive en terre d’Israël à toutes les époques malgré les divers événements historiques. Depuis 1948 et la création de l’État israélien, les juifs ont pu regagner cette terre ancestrale qui leur tient tant à cœur. Toutefois, les territoires partagés sont toujours aujourd’hui l’objet de conflits. Retrouvez dans cet article l’histoire complète, siècle après siècle, des juifs en terre d’Israël.
Entre 1000 av. J.-C. et 586 av. J.-C. : la chute du Premier Temple
Le manque d’éléments archéologiques fait qu’on ne connaît l’histoire ancienne du peuple juif en terre d’Israël que par les récits bibliques. Malheureusement, la fiabilité de ces écrits est sujette à controverse. Selon le livre de Josué, le peuple juif serait issu des tribus d’Israël et donc des israélites. On parle alors de pays de Canaan que les enfants d’Israël, fraîchement rentrés d’Égypte, souhaitent se réapproprier. Ils se réunissent à Naplouse, alors Sichem, afin de jurer fidélité intégrale à la divinité d’Israël. Leurs rois sont Saül, David et Salomon jusqu’à la fin du Xe siècle, date à laquelle le royaume est scindé entre le royaume d’Israël (capitale : Samarie) et le royaume de Juda (capitale : Jérusalem). Entre le neuvième et le sixième siècle, les rois s’adonnent au prophétisme (Élie, Amos, Isaïe et Jérémie) leur permettant de faire pression sur leur population. En 722 av. J.-C. le royaume d’Israël est détruit par le roi d’Assyrie et de Babylone, la population est contrainte d’établir domicile dans le royaume de Juda et notamment à Jérusalem.
En 1686 av. J.-C., un siège est en place à Jérusalem de nombreux habitants sont déportés en Babylonie. 70 ans après une partie de déportés réintègrent Jérusalem et reconstruit la Judée. Que le terme « juif » commence à être employé. La stèle de Mérenptah est le premier élément historique concret à attester d’une présence juive en Israël. Les contestataires des écrits bibliques s’accordent à dire que le peuple d’Israël est avant tout des fermiers installés dans le pays de Canaan au début du XIIe siècle. Les éleveurs habitent en Judée et en Samarie entre la vallée de Jezreel et Hébron. Contrairement à leurs voisins, ils ne mangent pas de porc. On considère que les deux royaumes regroupant environ 160 000 personnes à cette époque.
Les fouilles archéologiques ont permis de mettre à jour la stèle de Mesha sur laquelle figure le nom d’Omri, premier roi d’Israël. Il aurait permis de faire prospérer le pays et régnait sur un royaume constitué d’Israël, d’une région de la Jordanie actuelle appelée Moab et du sud de la Syrie. La population aurait alors imposé jusqu’à 350 000 habitants à cette époque. Mais en 24 av. J.-C. la conquête assyrienne fait disparaître le royaume d’Israël. Un grand nombre de réfugiés israélites migre en Juda et on estime que la population de Jérusalem serait passée de 1000 à 15 000 habitants. Mais Juda est également prise par les Assyriens à la fin du huitième siècle. Entre 698 et 609 avant J.-C., la période est apaisée.
La religion des israélites commence à devenir le judaïsme. La divinité d’Israël devient alors un Dieu unique conformément à la Bible qui énonce que c’est la condition pour unifier les royaumes Nord et Sud. L’Égypte et la Babylonie prennent la main sur le royaume après le décès de Josias. À nouveau, des milliers de juifs sont envoyés vers Babylone et certains exils en Égypte. Cette dispersion, appelée diaspora, créera les deux plus anciennes communautés juives : celle d’Irak et celle d’Égypte.
Entre 587 et 538 avant J.C : l’exil
C’est le prophète Jérémie qui conte dans la Bible la vie des juifs au sein de la Judée prise par Babylone dans le livre des lamentations et le livre de Jérémie. L’élite avait été déportée à Babylone pendant que la population la plus pauvre était restée en Judée. Nabuchodonosor est assassiné par les ammonites ce qui provoque l’exil de 582.
Entre 538 et 332 avant J.C : la domination des Perses
Cyrus Legrand roi perse conquiert Babylone en 539 av. J.-C., le livre d’Ezra raconte qu’il prendra un décret permettant juifs de retourner en Judée. Mais l’élite juive avait réussie en Babylonie, ce sont donc les personnes les plus démunies qui retourneront Judée. La Judée devient une province de l’Empire perse et le roi nomme un gouverneur juif pour l’administrer. Un second temple est construit en 515 av. J.-C. par le gouverneur de Judée. Mais la Judée est sous pression et ne se développe pas.
Un nouveau gouverneur est nommé en 464 et des travaux sont entrepris pour reconstruire les murailles et alléger la pression fiscale. C’est lui qui fixe les grandes règles du judaïsme et organise des cérémonies où le peuple jurait fidélité à la Torah. La population de Judée serait environ 230 000 personnes à cette époque. Elle est marquée par la paix et la prospérité malgré que les juifs soient sous domination perse puis sous celle d’Alexandre le Grand. La population juive en terre d’Israël se concentre particulièrement dans la région se trouvant autour de Jérusalem.
Entre 332 et 142 avant J.C : la domination des Grecs
Avec la conquête de l’Empire perse, par Alexandre le Grand débute près de 200 ans de domination grecque en terre d’Israël. Les grands prêtres sont reconnus jusqu’à Alexandrie pour représenter l’autorité juive le règne des Lagides. Les Séleucides remplacent les Lagides en 201 av. J.-C. et optimisent les conditions de vie en Judée. Mais les batailles contre les Romains coûtent cher et c’est la Judée qui en fait les frais. Le trésor du temple de Jérusalem est convoité par les rois séleucides. On assiste alors un véritable conflit entre juifs hellénisants et Juifs plus traditionnels, allant même jusqu’à diviser la famille du grand prêtre. Jérusalem hellénisée, le temple est profané et les livres sacrés sont brûlés.
Entre 167 et 63 avant J.C : le temps des révoltes
En 167 av. J.-C. une révolte fait rage, consécutive à la question du prêtre Mattathias l’Hasmonéen. Ses fils Simon et Judas prennent la relève et entrent dans Jérusalem en 164 pour ré inaugurer le temple. C’est également eux qui instaureront la fête de Hanouka. Un traité d’alliance est signé avec les Romains. Le frère de Judas, mort au combat, Jonathan lui succède, agrandit le territoire et devient grand prêtre en 152 av. J.-C. les cinq fils de Mattathias étant morts, Simon est élu grand prêtre et règne grandement sur le peuple.
Les Hasmonéens agrandissent le royaume qui s’étend à présent du Sinaï au mont du Golan et de l’est du Jourdain aux rives de la mer Méditerranée. De nombreuses personnes sont converties au judaïsme mais ce n’est pas la religion principale. L’architecture du royaume est construite à la grecque, mais les Hasmonéens ne sont pas d’accord entre eux, ils sollicitent alors l’intervention des Romains. En 63 av. J.-C. pompé conquiert Jérusalem et propane le temple. Ce sont plus de 12 000 juifs qui meurent au combat et de nombreux prisonniers sont exilés à Rome. Ils constituent ainsi la plus ancienne communauté juive d’Occident : les juifs italiens. La domination romaine est établie pour près de 7 siècles avant que ne se mette en place la conquête arabe.
Entre le IIIe siècle avant J.C et le 1er siècle de notre ère : le développement culturel
Entre le troisième siècle avant J.-C. et le premier siècle de notre ère, la vie politique est marquée par de nombreux conflits et guerres entre les diverses communautés présentes en terre Israël. Toutefois, le développement culturel est riche et intense que ce soit en termes de littérature ou de religion. Cette dernière met en exergue la confrontation des communautés juives et grecques. De nombreux textes sont inclus à l’Ecclésiaste ou au livre des Maccabées et sont qualifiés d’apocryphes, car leur authenticité n’est pas garantie. L’apocalypse est un sujet récurrent et certains de ces manuscrits ont été retrouvés, dont le document de Damas qui certifie les percussions dont les esséniens ont été victimes.
Favius Josephe est historien du monde juif, il a vécu la guerre contre les Romains alors qu’il était général dans l’armée juive. Puis il fut fait prisonnier par les Romains. Ces textes sont une des sources majeures pour comprendre l’histoire ancienne du peuple juif en terre d’Israël. Ils sont écrits en araméen et en grec et font preuve de sa volonté de faire comprendre les idéaux juifs aux Romains. Durant l’époque du second temple, le judaïsme est scindé par divers courants religieux qui créent des tensions allant même jusqu’à être considérées comme l’une des causes de la chute du temple. La terre d’Israël est alors partagée entre une partie du monde juif qui souhaite helléniser le culte, et les Grecs.
Les Hassidéens, très pieux, se rallient à Judas pour la libération du temple. Mais deux courants scindent surtout le monde juif : les sadducéens et les pharisiens. Ce sont ces derniers qui donneront naissance au judaïsme rabbinique. Il existe également de nombreuses sectes, toutes dans l’attente de l’arrivée imminente du Messie. Les plus vieilles synagogues datent du premier siècle avant J.-C. dont la plus ancienne serait celle de Jéricho. Au premier siècle également, les zélotes nouvelle secte juive, s’affirment en faveur de la lutte contre les Romains. Enfin, il faut évoquer les samaritains, communautés juives assez peu nombreuses vivant sur le mont Garizim.
Entre 63 avant J.C et l’an 73 : la destruction du Second Temple
Pompée n’annexe pas tout le territoire israélien. Le roi Hasmonéen Hyrkan II et son ministre règnent sur la Judée et la Galilée. La Samarie, la Décapole et la côte sont données à la Syrie. En 54 av. J.-C. le trésor du Jérusalem est volé par un général romain du nom de Crassus alors que Pompée lui-même ne l’avait pas touché. Selon Flavius Josèphe, il emportera 10 000 talents et une poutre en or. Antipater ayant soutenu César durant sa campagne en Égypte est nommé gouverneur de Galilée il supprimera les impôts juifs.
Une guerre civile éclate en Judée à cause des exactions d’Hérode en Galilée. En 40 av. J.-C. le contrôle de Jérusalem-Est pris par Antigone, mais Hérode est proclamé roi des juifs. Une guerre sanglante éclate alors entre Antigone et Hérode, tous les deux rois de Judée. Hérode, assisté des légions romaines, place Jérusalem en état de siège qui sera prise au bout de quelques mois. Antigone est alors décapité sur ordre d’Antoine et Hérode récupère le règne intégral de Judée. Toutes les personnes plus légitimes au trône sont immédiatement assassinées sur ordre d’Hérode.
Hérode est converti au judaïsme, il est très influencé par la culture grecque et c’est un fin stratège militaire. Il parvient à conquérir tout le domaine Hasmonéen et il épouse une princesse. Le royaume est prospère et les différents cultes sont protégés. Il bâtit de nombreuses structures et restaure le second temple dont les travaux finiront seulement sept ans avant sa destruction. Il fait ériger des forteresses comme celle de Massada ou Hérodion. Il crée des villes et fait construire des synagogues, mais il est considéré comme un roi cruel, car il fait assassiner de nombreux membres de sa famille en craignant d’être assassiné par ces derniers. Lorsqu’il décède en 4 av. J.-C., son royaume prospère ne parvient pas à être maintenu par ses descendants. La Judée devient alors une province romaine.
Elle est administrée par des gouverneurs romains appelés préfets ou procurateurs. Ils ont les pleins pouvoirs sur la province et décident de l’élection des grands prêtres. Entre 26 et 36 après J.-C. c’est Ponce Pilate le préfet de Judée. Hérode agrippa Ier retrouve alors son trône de roi de Judée. Le judaïsme est en plein épanouissement grâce à son règne, mais il meurt en 44. Son fils Hérode agrippa II, a des pouvoirs, mais pas celui de régner sur la Judée, c’est alors les procurateurs qui prennent le pouvoir et Rome a le contrôle total de la Judée.
Les habitants de Judée éprouvent de la rancœur face aux procurateurs romains et les conflits sont nombreux entre les divers mouvements religieux juifs, les Grecs et les Romains. De plus, les procurateurs sont corrompus ce qui crée les émeutes de Césarée entre les juifs et les Grecs. Les Romains, par l’intermédiaire de l’empereur Néron, se positionnent en faveur des Grecs et de nombreux juifs sont tués. Des sages juifs se consacrent à l’enseignement de la Torah et ne participent pas aux conflits. Mais en 66, de nouvelles tensions ont lieu à Césarée et une révolte juive éclate. Éléazar ben Hanania décide d’arrêter de se sacrifier pour l’empereur et les juifs s’emparent de Jérusalem malgré les appels au calme d’Hérode Agrippa II. Le contrôle des affaires est confié aux membres du Sanhédrin, plus calmes que les zélotes. De nouveaux gouverneurs sont nommés, dont Joseph ben Mattathias à la tête de la province de Galilée.
Cette nomination est difficile à expliquer pour l’historien Heinrich Graetz, car Joseph ben Mattathias est connu pour être un sympathisant de Rome. Il trahit d’ailleurs son peuple en 67 et la Galilée tombe aux mains des Romains. De nombreux heurts éclatent et Néron est assassiné en 68, les Romains mettent alors en pause leurs opérations. Au sein de la ville de Jérusalem, c’est une guerre civile qui fait rage entre les différentes factions religieuses. Ces conflits ne sont pas bénéfiques pour le peuple juif et le divisent.
En 69 le romain Vespasien devient empereur et laisse son fils Titus mettre un terme à la guerre. La ville de Jérusalem et le temple sont détruits par les Romains durant l’été 70. Flavius Josèphe écrira que ce sont 97 000 juifs qui furent emprisonnés par les Romains et plus de 1 100 000 personnes perdirent la vie durant le siège de Jérusalem. Toutefois, ce chiffre est contesté de nos jours. Le temple est à nouveau pillé. Les Romains mirent trois ans de plus à parvenir à détruire tous les mouvements de résistance juifs. Des personnes fuient vers l’Égypte, le Cyrénaïque ou l’Arabie et d’autres se suicident avec femme et enfant pour ne pas se rendre aux Romains.
Entre l’an 70 et 135 : la soumission de la Judée puis la révolte
Le sort des juifs est relativement clément durant les années de Vespasien et de Titus, car Hérode agrippa II sait se faire apprécier de ces empereurs. De plus, la sœur de ce dernier, Bérénice est la maîtresse de Titus. La chute du temple de Jérusalem engendre la perte de sens de nombreuses lois relatives au judaïsme. Yohanan ben Zakkaï fonda alors le judaïsme rabbinique. On raconte qu’il s’est échappé de Jérusalem caché dans un cercueil pour se présenter à l’empereur et lui demander d’ouvrir une école d’enseignement de la Torah à Yavné. Il base alors le judaïsme sur la pratique de la Torah et parvient à réunir toutes les communautés juives.
Les disciples de Yohanan ben Zakkaï sont appelés Rabbis ce qui signifie « mon maître ». Le rabbin est considéré comme sage outre son rôle qui ressemble à celui des prêtres du temple. Les synagogues déjà existantes furent transformées en lieu de prière où l’on ne fit plus de sacrifices de temple. Jésus recrute ses premiers disciples parmi des juifs obéissant aux lois de la Torah. La différence se marque lorsque les païens, conformément à l’enseignement de Saint-Paul, entrèrent dans le christianisme émergeant sans qu’il ne soit obligé de suivre scrupuleusement la Torah.
Dans la religion chrétienne, la circoncision n’était, par exemple, pas obligatoire. La reconnaissance de Jésus comme le fils de Dieu et le Messie choquèrent notamment les juifs. Apparut alors dans la Amida une bénédiction demandant la destruction des opposants au peuple juif et notamment des premières formes de christianisme.
Domitien fils de l’empereur Vespasien lui succéda en 81 et adopta une attitude décriée envers les juifs et les chrétiens. Il exigeait le paiement strict de la taxe juive qui avait été instaurée par son père. Il critiqua également une caste romaine qui vivait à la manière des juifs. Il fit également mettre mort des membres de sa propre famille dans le cadre d’une politique de persécution antichrétienne et antijuive. De plus lorsque Hérode agrippa II mourut en 92 son domaine fut rallié à la province de Syrie effaçant toute trace d’indépendance juive. Le successeur de Domitien, Nerva dû montrer patte blanche et prouver qu’il ne continuerait pas sur le même modèle que son prédécesseur.
Sous l’empereur Trajan entre 98 et 117 les juifs se révoltent face à une situation critique. Ils parviennent à faire reculer l’empereur face aux Parthes. Son successeur Hadrien est une nouvelle espérance pour les juifs. Il se dit qu’il va autoriser la reconstruction du temple de Jérusalem, mais finalement l’empereur crée une nouvelle ville païenne, du nom de Aelia Capitolina, sur les ruines du temple de Jérusalem. Il est également interdit à la pratique de la circoncision pratiquée à cette époque par d’autres personnes que les juifs.
En 132 une révolte menée par Bar-Kokhba qui signifie « fils de l’étoile » éclate. Les rebelles parviennent à prendre le contrôle d’une grande partie de la Judée et l’empereur Hadrien doit mobiliser un de ses plus grands généraux pour parvenir à calmer les émeutes. Ce fut un véritable carnage pour les juifs bien que la guerre n’ait pas épargné les Romains. L’historien Dion Cassius écrivit : « Cinquante de leurs places les plus importantes, neuf cent cinquante-cinq de leurs bourgs les plus renommés, furent ruinés ; cent quatre-vingt mille hommes furent tués dans les incursions et dans les batailles (on ne saurait calculer le nombre de ceux qui périrent par la faim et par le feu, en sorte que la Judée presque entière ne fut plus qu’un désert) ».
Entre l’an 135 et 634 : l’ère romaine et byzantine
La terre d’Israël souffre énormément de la défaite de Bar-Kokhba. Les juifs ont perdu beaucoup militairement, politiquement ainsi que démographiquement et spirituellement lorsque la Judée fut ravagée par ce conflit. L’empereur Hadrien fait alors bannir les juifs de la nouvelle ville et ériger une statue de Jupiter sur les ruines du temple. Il est également interdit d’enseigner la Torah et les rabbins font l’objet de persécutions récurrentes. Les chrétiens prennent alors leurs distances avec les juifs. La plus forte concentration du peuple juif se trouve en Galilée. On commence à utiliser le terme Palestine pour désigner la région. Il vient des Philistins qui sont un ancien peuple régional. Le nom de Syrie-Palestine est donné à la province.
Entre 138 et 161, c’est Antonin le pieu qui règne et qui abroge les lois antijuives hormis l’interdiction de la circoncision et l’entrée à Jérusalem. Le Sanhédrin s’établit en Galilée occidentale dirigé par le président et rattaché à certaines traditions de la maison de David. Il n’existe plus que cette autorité juive depuis la disparition des rois de Judée elle est donc extrêmement influente même en dehors du territoire israélien. La communauté perçoit la dîme ainsi que des impôts afin d’entretenir les synagogues et de payer les fonctionnaires. Dans les écoles les garçons sont initiés à la lecture et à l’éducation religieuse basique. Mais la population juive vivant sur place est pauvre et ne peut contribuer à financer le Sanhédrin fait alors appel aux juifs exilés et notamment à ceux de Rome.
Jusqu’à la fin du deuxième siècle, le Sanhédrin verra succéder des dirigeants prestigieux. De nombreux textes religieux sont rédigés, mais vu que les règles de calcul du calendrier juif avaient été établies dès 359, la puissance du Sanhédrin décroît et le judaïsme commence à se redéployer outre cette institution. Mais la naissance du christianisme crée de nombreuses oppositions entre les membres du clergé. Au troisième siècle, le centre spirituel du judaïsme établit en dehors de l’Empire romain. C’est en Mésopotamie où les juifs sont moins hostiles au pouvoir qu’il se développe. Le Talmud n’est plus écrit à Jérusalem à partir du cinquième siècle, mais il existe toujours des écoles d’enseignement de la Torah en Israël.
L’empereur romain Constantin conquiert les provinces orientales de l’Empire romain à une époque où les juifs sont encore la principale population en Palestine. Cent ans plus tard, les chrétiens sont majoritaires. L’empereur fait construire l’église du Saint-Sépulcre et redonne à Jérusalem son nom d’origine, mais les juifs exilés ne peuvent toujours pas y entrer. De ce fait, Jérusalem devient une ville sainte pour le christianisme. L’église fait tout pour limiter les influences juives sur les chrétiens. En 325 le premier concile de Nicée établit une date de Pâques différente de celle existant jusqu’alors dans la religion juive. Mais les juifs continuent à venir prier le long des ruines du temple en s’acquittant d’une taxe. En 329, une loi interdit aux juifs de dénoncer les conversions au christianisme, en revanche, l’inverse est strictement interdit. On assiste donc à une suprématie du christianisme sur le judaïsme. Trop de restrictions et de taxes mènent les juifs à se révolter en 352. Mais la révolte est étouffée rapidement par Gallus.
Entre 361 et 363 l’empereur Julien qui règne et avec lui une période d’apaisement. Les lois anti païennes et antijuives sont abrogées et il promet de reconstruire le temple. Mais le code Théodosien au cinquième siècle vient interdire la construction de nouveaux lieux de culte juifs. On observe en Israël de nombreuses ruines de synagogues byzantines possédant une influence hellénisante comme celle de Capharnaüm. Au sixième siècle c’est à Nazareth que les juifs sont majoritaires, mais leur situation devient de plus en plus inconfortable avec la progression du christianisme en Palestine. Ils sont interdits, en 532, de témoigner contre les chrétiens ou de célébrer leur Pâque avant l’office chrétien. La lecture de la Torah doit être traduite en grec et les juifs sont interdits de prononcer le Chema Israël. Des poèmes sont rédigés pour pallier ces interdictions. Au septième siècle un empereur perse du nom de Khosro II prend la ville de Jérusalem soutenu par les juifs et parvint à rétablir le pouvoir juif. Les juifs de l’Empire byzantin font l’objet de nouvelles persécutions, mais l’empereur byzantin Héraclius entre triomphant dans Jérusalem le 29 mars 629. Mais, dès 634 c’est le début de la conquête arabe.
Entre l’an 634 et 1516 : la Palestine arabe
Les Arabes, menés par Omar, partent à la conquête de la Palestine en 634. Les juifs paraissent l’accepter et leur auraient même facilité la tâche pour conquérir Hébron et Césarée. Jérusalem est prise en 635 et Omar autorise environ 70 000 personnes juives exilées à Tibériade à s’y installer. Il demande également aux juifs de prendre en charge le nettoyage du site du mont du Temple. Jusqu’alors majoritairement paysans, la mise en place de l’impôt foncier éloigne de nombreuses personnes juives du travail de la terre. On assiste à de grands projets d’urbanisation et une synagogue construite à Jérusalem. Des juifs reviennent en masse de Babylonie et s’installent à Tibériade ou à Ramleh. Il est probable que ce soit à Tibériade que le texte massorétique de la Bible au neuvième siècle ait été rédigé.
S’instaure alors un mouvement juif, né en Babylonie du nom de Karaïsme, qui s’étend en terre d’Israël au neuvième siècle. Ce mouvement se démarque du judaïsme rabbinique en ne reconnaissant pas le caractère sacré du Talmud. De nombreux karaïtes émigrent en Israël et notamment à Jérusalem. De nos jours la synagogue karaïte est connue pour être la plus ancienne de la vieille ville de Jérusalem. Selon les écrits datant du Xe siècle, la population compte de nombreux fabricants de monnaie, teinturiers, banquiers, tanneurs, physiciens et scribes juifs et chrétiens. Les musulmans n’ont pas la vie facile au sein de la ville de Jérusalem.
En 1099, des centaines de juifs sont brûlés vifs dans la synagogue de Jérusalem après s’y être réfugiés suite à la prise de la ville par les troupes chrétiennes du chevalier français Godefroy de Bouillon. De nouveau les juifs sont bannis de Jérusalem par les chrétiens. En 1104, c’est Haïfa qui est prise et de nombreux juifs sont à nouveau massacrés. Mais les juifs sont animés par l’envie de revenir vivre en terre d’Israël et parmi eux, Juda Halevi qui est le premier à faire le voyage, mais qui mourra en route. Le rabbin basque Benjamin de Tudèle, écrira un témoignage sur la vie juive qui nous apprendra que les samaritains vivent autour du mont Guerizim et qu’il subsiste environ 200 juifs vivant et travaillant à Jérusalem malgré la présence des croisés dans la ville.
Saladin prend Jérusalem en 1187 et autorise à ce que les juifs regagnent la ville, mais ils sont à nouveau chassés entre 1229 et 1244 durant l’occupation franque. Toutefois, ils sont persécutés en Europe ce qui les incite à s’établir tout de même en terre d’Israël. En 1260 la ville est ruinée par les Mongols. Moïse Nahmanide ne trouvera plus que de juifs à Jérusalem il réunira alors quelques autres de ses compatriotes issues des villages alentour pour former le minyan. En 1267 il créera la synagogue de Ramban toujours existante à ce jour.
À compter du XIIIe siècle, les mamelouks, aujourd’hui égyptiens, prennent le pouvoir en Palestine. Les communautés juives se regroupent majoritairement alors à Jérusalem Hébron et Gaza. Les émeutes antijuives et les mesures discriminatoires sont fréquentes en terre d’Israël, mais lorsque les juifs de France sont expulsés en 1306 quelques-uns choisissent d’y retourner. Un mouvement ashkénaze est alors fondé au XIVe siècle à Jérusalem. Suite à une situation tendue pour les juifs d’Espagne ces derniers, séfarades, émigrent en Palestine. Une rivalité entre ashkénaze et séfarade s’établit alors.
Entre 1517 et 1917 : la Palestine ottomane
En 1517, le sultan ottoman Selim premier prend le pouvoir en Palestine. Les portes de l’empire étaient alors ouvertes aux juifs expulsés d’Espagne qui immigrent en masse au sein de l’Empire ottoman. Ils lui permirent de prospérer et notamment en Palestine. Au commencement du contrôle ottoman de la Palestine, on estime que la population s’élevait à environ 10 000 personnes. La ville de Safed est connue pour le développement d’une étude de la mystique kabbale. La première presse d’imprimerie hébraïque est également installée dans cette ville. Les murailles de Tibériade sont reconstruites par le sultan Joseph Nassi qui tente d’attirer les juifs en terre d’Israël en développant notamment l’industrie du ver à soie.
L’Empire ottoman décline à partir du XVIIe siècle et avec lui le retour d’une hostilité antijuive qui explique le déclin de la communauté juive en Palestine. Mais les communautés continuent de venir s’y établir ou d’y venir en pèlerinage. En 1660 un massacre des juifs à Safed suivi d’un épisode de peste et d’un tremblement de terre en 1769 anéantissent l’intégralité de la communauté. Quatre synagogues ont été établies par les séfarades à Jérusalem.
Au début du XVIIIe siècle, il ne reste plus que 1000 habitants juifs à Jérusalem, mais l’immigration se poursuit. Un millier de juifs polonais arrivent au tout début du siècle, suivis par des Italiens et des Marocains dès 1741. En 1760 on évalue la population de Jérusalem après de 15 000 habitants dont environ 3000 juifs. À la fin du siècle arrivent des juifs ashkénazes. La communauté juive de Safed est renforcée par l’arrivée de juifs russes et ukrainiens. Les ashkénazes, notamment les Peroushim, arrivent en masse au début du XIXe siècle, mais dès 1830 de nouvelles catastrophes surviennent et affectent la communauté. En 1834 les Arabes tuent des centaines de juifs à Safed. Un nouveau tremblement de terre se fait ressentir en 1837 et met à nouveau la ville en ruine.
Puis c’est une attaque de Druzes qui tue à nouveau des centaines de personnes. En 1856, 5137 juifs ont recensé sur les 18 000 habitants de Jérusalem, dont 3500 séfarades et 1637 ashkénazes. De riches philanthropes européens soutiennent la communauté juive de Jérusalem et permettent son développement, que ce soit au niveau financier ou en défendant ses droits contre les autorités turques. De nouveaux quartiers se développent ainsi en dehors des murs de la ville de Jérusalem. Le quartier de Méa Shéarim est fondé en 1873 par des juifs orthodoxes.
Les juifs souhaitent retourner en terre d’Israël depuis le tout premier exil. Si certains ont déjà entrepris la démarche, les tentatives les plus significatives et fructueuses datent du XIXe siècle. En 1881, l’assassinat d’Alexandre II est suivi d’une vague de pogroms sur l’empire russe. Un médecin juif polonais du nom de Pinsker dénonce la haine des juifs et demande leur indépendance. De ce texte naîtra la création de la société des amants de Sion. Le baron de Rothschild octroie en 1882 une aide financière permettant l’établissement agricole de juifs russes et roumains en terre d’Israël. Il fondera ensuite d’autres établissements formant un noyau appelé Yichouv.
La population juive immigrante en Palestine à cette époque, bien que timide, est en croissance. Cela est en partie dû à l’amélioration des conditions de vie des juifs grâce aux nouveaux établissements agricoles. On dénombre environ 70 000 personnes peuplant la province ottomane de Syrie-Palestine. Jérusalem est passée de 7000 personnes en 1862 à près de 50 000 personnes en 1902 faisant ainsi des juifs la population majoritaire au sein de la ville. D’après les historiens, jusqu’en 1880 la population juive en Palestine était de 24 000 personnes tout au plus.
La population juive immigrante en Palestine à cette époque, bien que timide, est en croissance. Cela est en partie dû à l’amélioration des conditions de vie des juifs grâce aux nouveaux établissements agricoles. On dénombre environ 70 000 personnes peuplant la province ottomane de Syrie-Palestine. Jérusalem est passée de 7000 personnes en 1862 à près de 50 000 personnes en 1902 faisant ainsi des juifs la population majoritaire au sein de la ville. D’après les historiens, jusqu’en 1880 la population juive en Palestine était de 24 000 personnes tout au plus.
En 1896 on assiste également au début du sionisme après qu’un journaliste viennois juif du nom de Herzl et publié « L’état des juifs » en se référant à l’affaire Dreyfus qui secouait la France. Dans son ouvrage, il parle de la création d’un État juif et crée en parallèle l’organisation sioniste qui fera son premier congrès à Bâle en 1897. C’est cette organisation sioniste qui optera définitivement pour la Palestine comme terre de création d’un État juif. Le développement du sionisme contribuera à une deuxième vague d’immigration massive en terre d’Israël. En 1903 naît l’Anglo-Palestine Company, système bancaire moderne, puis c’est l’apparition des premiers partis politiques juifs dès 1905. En 1907, le Fonds National juif est créé et se charge d’acquérir des terres en Palestine.
Mais si l’immigration juive est massive en Palestine, de nombreuses autres personnes préfèrent partir s’établir aux États-Unis. Les sionistes rencontrent des difficultés avec les orthodoxes alors majoritaires au sein du peuple juif. C’est également durant cette période que l’on recense les premiers signes d’hostilité des Arabes envers le mouvement sioniste. On estime en fin de période ottomane que la population juive représente entre 50 et 80 000 personnes et que 600 000 personnes constituent la population arabe.
Entre 1917 et 1948 : l’administration britannique de la Palestine
La première guerre mondiale et décisive sur la géographie du Moyen-Orient. L’Empire ottoman est du côté des empires centraux tandis que la France et la Grande-Bretagne attendent la défaite turque pour s’octroyer la région. La Palestine passe sous mandat britannique suite aux accords de Skykes-Picot. Les Anglais jouent sur deux tableaux en promettant aux Arabes un état indépendant et aux juifs la construction d’un foyer national en Palestine. Les Anglais conquirent la Palestine en 1917, menés par le général Allenby. Dès 1922, la Société des Nations demande à la Grande-Bretagne de préparer la création d’un foyer national juif en plaçant la Palestine sous mandat britannique. L’article 2 énonce que la Grande-Bretagne se doit d’assumer « la responsabilité d’instituer dans le pays un état de choses politique, administratif et économique de nature à assurer l’établissement du foyer national pour le peuple juif (…) et à assurer également le développement d’institutions de libre gouvernement, ainsi que la sauvegarde des droits civils et religieux de tous les habitants de la Palestine, à quelques race ou religion qu’ils appartiennent ».
La première guerre mondiale et décisive sur la géographie du Moyen-Orient. L’Empire ottoman est du côté des empires centraux tandis que la France et la Grande-Bretagne attendent la défaite turque pour s’octroyer la région. La Palestine passe sous mandat britannique suite aux accords de Skykes-Picot. Les Anglais jouent sur deux tableaux en promettant aux Arabes un état indépendant et aux juifs la construction d’un foyer national en Palestine. Les Anglais conquirent la Palestine en 1917, menés par le général Allenby. Dès 1922, la Société des Nations demande à la Grande-Bretagne de préparer la création d’un foyer national juif en plaçant la Palestine sous mandat britannique. L’article 2 énonce que la Grande-Bretagne se doit d’assumer « la responsabilité d’instituer dans le pays un état de choses politique, administratif et économique de nature à assurer l’établissement du foyer national pour le peuple juif (…) et à assurer également le développement d’institutions de libre gouvernement, ainsi que la sauvegarde des droits civils et religieux de tous les habitants de la Palestine, à quelques race ou religion qu’ils appartiennent ».
En 1921 un grand rabbin ashkénaze est élu pour la première fois aux côtés du grand rabbin séfarade. Il est favorable au sionisme et contribue à le développer. L’université hébraïque de Jérusalem est inaugurée le 1er avril 1925 sur le mont Scopus. En 1929 c’est l’agence juive qui est créée pour aider à l’administration du foyer national juif aux côtés de la Grande-Bretagne. Il est déclaré qu’« un organisme juif convenable sera officiellement reconnu et aura le droit de donner des avis à l’administration de la Palestine et de coopérer avec elle dans toutes questions économiques, sociales et autres, susceptibles d’affecter l’établissement du foyer national juif et les intérêts de la population juive en Palestine, et, toujours sous réserve du contrôle de l’administration, d’aider et de participer au développement du pays. ».
On assiste à une ère assez paisible entre 1924 et 1928 qui se dégrade brutalement en 1929 lorsqu’éclate des attaques antijuives à Hébron, Jérusalem et Safed. Il y aura 150 morts du côté juif et 90 du côté arabe lorsque les Britanniques lanceront leur répression. Comme du temps des Croisés, les juifs sont contraints d’abandonner Hébron qu’ils considèrent comme la seconde ville sainte, car elle garderait les corps d’Abraham et de Sarah. Une commission d’enquête est ouverte par la Grande-Bretagne et aboutit à la publication d’un second livre blanc qui dit restreindre les achats de terres et immigration juive. Mais, Chaïm Weizmann parvient à faire partiellement annuler ce livre et les Anglais sont alors confrontés en direct par les Arabes.
Entre 1933 et 1936, on assiste à trois ans de violence entre les Anglais et des Arabes. Le nombre de policiers juifs tourmentés par les stratégies militaires anglaises. Dans le même temps, une commission d’enquête propose un premier plan de partage de la Palestine : la Galilée et une partie de la plaine côtière constitueraient la région juive et la Judée, la Samarie et le Néguev, la région arabe. Une région resterait sous contrôle totalement britannique : Jérusalem. Mais les juifs n’acceptent pas ce premier plan, car ils espèrent obtenir davantage, quant aux Arabes ils le rejettent entièrement, hormis l’émir de Transjordanie. Le commissaire régional britannique en Galilée est assassiné et la répression anglaise se fait plus dure.
Malgré les événements violents, la vie culturelle est florissante. L’hébreu devient la langue officielle, le théâtre de Moscou devient le théâtre national israélien en s’installant en 1928 à Tel-Aviv, des fouilles archéologiques sont entreprises sur le site de Massada en 1932 et le premier concert de l’orchestre symphonique de Palestine a lieu en 1936. Le journal Yediot Aharonot est en pleine expansion. Des bâtiments de style Bauhaus sont construits à Tel-Aviv et aujourd’hui classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Entre 1933 et 1939, ce sont les juifs allemands qui arrivent en Palestine fuyant l’Europe nazie. Ils emmènent avec eux leurs biens et leurs compétences, faisant atteindre les 150 000 habitants à Tel-Aviv à en 1936. En 1945, on estime que 150 000 juifs et 1 200 000 Arabes vivent en terre d’Israël.
Les violences avec les Arabes ont conduit les juifs à penser à leur stratégie de défense. Des commandos se forment et une enceinte est érigée autour du Yichouv. On voit également apparaître une politique de terrorisme à l’encontre des civiles arabes dès 1937. Un troisième livre blanc est publié par les Anglais pour éviter une guerre avec l’Allemagne et cela permet de réduire drastiquement le nombre d’immigrés juifs en Palestine. Entre 1939 et 1945, ce sont seulement 15 000 juifs qui parviennent à arriver en Palestine. Le livre blanc impose également une interdiction de vente de terrain aux juifs sur 80 % du territoire ainsi que la création d’un État palestinien indépendant 10 ans. Ben Gourion déclare alors : « Nous ferons la guerre comme s’il n’y avait pas de Livre Blanc, et nous combattrons le Livre Blanc comme si la guerre n’existait pas ».
Durant la Seconde Guerre mondiale, des volontaires juifs viennent renforcer les rangs britanniques. Des bataillons juifs sont formés puis, une brigade juive en 1944, suite au désengagement des Arabes. La conférence sionisme du 11 mai 1942 aux États-Unis énonce que la Palestine doit devenir un État juif. Le 29 juin 1946, l’exécutif de l’agence juive est arrêté suite aux opérations anti-britanniques menées, toutefois, la lutte armée se poursuit et on déplore une centaine de morts dans l’attentat contre l’hôtel King David. L’opinion mondiale est bouleversée en 1947 lorsque 4500 réfugiés de guerre se voient dans l’obligation de retourner en Allemagne suite à l’interdiction par les Anglais de toute immigration.
La Grande-Bretagne souhaite alors se retirer et confie le dossier à l’Organisation des Nations unies, aux États-Unis et à l’Union soviétique qui vote pour le plan de partage de la Palestine le 30 novembre 1947. Si les manifestations de joie sont nombreuses de la part des juifs, la colère qui émane des Arabes de Palestine est palpable. Protecteurs sont alors établis : un juif, un arabe, et Jérusalem, lieu de fortes tensions, qui reste sous gouvernance internationale. David Ben Gourion déclare l’indépendance de l’État d’Israël le 14 mai 1948 et les attaques arabes commencent immédiatement.
Les Juifs dans l’État d’Israël de 1948 à nos jours
En 1937 Ben Gourion déclarait : « J’ai toujours fait la différence entre Eretz Israël et un État en Eretz Israël ». Même si les juifs se réjouissent de la création de l’État d’Israël, ils n’ont plus de pouvoir sur la Judée et la vieille ville de Jérusalem, hauts lieux de discordes par le passé. Le plan de partage de 1947 prévoyait que Jérusalem garde un statut international, c’est donc dans l’incompréhension la plus totale qu’est accueillie la déclaration de Ben Gourion qui proclame Jérusalem comme capitale de l’État israélien. Le parlement israélien appelé Knesset vote la loi du retour en 1950. Cette loi permet à toute personne juive de revenir vivre en Israël.
Deux lois sont mises en place en 1953 et en 1980 pour déterminer le fonctionnement précis du Grand-Rabinnat d’Israël. Ce dernier est dominé par les juifs orthodoxes, mais la Cour suprême d’Israël décide le 31 mars 2015 que toute personne étant convertie devant un tribunal rabbinique, que ce soit en Israël ou ailleurs, est reconnue comme juive et peut être intégrée à la citoyenneté israélienne. Au sein de l’État d’Israël, les tensions sont vives entre les juifs orthodoxes majoritaires, les séfarades et les ashkénazes. En réponse à la création de partis religieux ashkénazes, un parti religieux séfarade naît dans les années 90. Mais les populations restent unies face à l’opposition qu’a suscitée la création de l’État. Entre 1948 et 1962, l’État hébreu doit intégrer 600 000 réfugiés juifs fuyant les pays arabes en guerre. La population israélienne était composée d’environ 1 million de personnes à la date de la création de l’État, elle passe à 2,4 millions habitants en 1967.
Entre le cinq et le 10 juin 1967, la guerre des Six Jours fait rage. Emportée par Israël, l’État prend le contrôle de l’intégralité des territoires de la rive occidentale du Jourdain. Les juifs peuvent de nouveau avoir accès à la vieille ville et au mur occidental. On observe une forte vague d’immigration entre la fin des années 80 et la fin des années 90. Les immigrés représentent plus d’un million de personnes et proviennent généralement de l’Union soviétique déchue. L’immigration est régie par un principe qui dit que « si quelqu’un est assez juif pour avoir été persécuté par les nazis qui remontaient aux grands-parents, il est assez juif pour être accueilli en Israël ».
Le 13 septembre 1993, les accords d’Oslo sont signés à Washington. Ils prévoient l’établissement d’un État palestinien qui interrogeait sur le devenir des populations et le statut des villes établies par les Israéliens selon les frontières de 1967. Le statut de la ville de Jérusalem est également un point très sensible, car Israéliens et Palestiniens s’accordent à en faire leur capitale. Le 29 novembre 2012, l’ONU donne à la Palestine le statut d’État observateur. En 2017, les israéliens quittent l’UNESCO qu’ils accusent par leur décision, de renier le caractère juif des villes de Jérusalem et Hébron.
En 2011 de violents heurts ont lieu entre les ultra-orthodoxes juifs et le gouvernement israélien à propos de la conduite que les femmes doivent adopter au sein des quartiers. En 2012, une loi qui permettait aux juifs de ne pas faire le service militaire jusqu’alors expire. Le gouvernement et l’opinion publique s’opposent sur ce sujet, et sans décision les juifs orthodoxes sont obligés d’effectuer leur service civique. La question restera en suspens jusqu’en 2017 et sera à l’origine de la dissolution de la Knesset en décembre 2018.
De nouveaux affrontements violents, opposant ultra-orthodoxes et population juive, éclatent entre 2020 et 2021 à la suite de la pandémie mondiale de coronavirus. Les groupes d’ultra-orthodoxes, très conservateurs, refusent d’effectuer les gestes barrières et continuent les rassemblements qui tournent parfois en émeutes. La Cour suprême d’Israël octroie la reconnaissance juive aux personnes converties par le biais des mouvements Réformés et Massorti conformément à la Loi du retour le 1er mars 2021. Cette décision enlève tout monopole aux autorités juives orthodoxes qui ne peuvent plus être les seules à conférer le statut « juif » à une personne. C’est un échec pour la droite orthodoxe, mais une victoire pour la gauche non orthodoxe.