On parle de seconde Intifada pour désigner la vague de violence entre Israël et la Palestine à compter du mois de septembre 2000 jusqu’au mois de février 2005. Si les Palestiniens parlent d’un second mouvement de révolte, les Israéliens font état, quant à eux, d’une période fortement marquée par le terrorisme. C’est la visite d’Ariel Sharon sur l’esplanade des Mosquées qui déclenchera ce second conflit. De nouveau, de violentes émeutes éclatent dans les territoires occupés par Israël, rejointes cette fois-ci par les Arabes israéliens qui n’avaient fait qu’apporter un soutien matériel à leurs confrères durant la première Intifada. Cette fois, le Tsahal réagit immédiatement et de nombreux morts sont à déplorer dès les premiers jours de combat. Dès le 30 octobre, une vague d’attentats-suicides est orchestrée par le Hamas ce qui fait grimper la violence à un niveau supérieur. Plusieurs opérations militaires israéliennes verront le jour afin de stopper ces rébellions sanglantes. Différents accords se succèdent à partir de 2003 pour garantir une trêve dans les conflits, mais il est difficile de savoir précisément lequel y est réellement parvenu. En 2005, Israël désengage son armée de Gaza et l’on considère que cette date marque la fin de la seconde Intifada. Pourtant, les tirs de roquette réguliers contre Israël laissent à penser que ce conflit est toujours en cours actuellement bien que les méthodes d’actions aient été modifiées au fil du temps. Retour sur les causes, le déroulement et les conséquences de la seconde Intifada dans cet article.

Le déclenchement du conflit
Il faut tout d’abord noter quatre points détaillant plus précisément le contexte historique de l’époque :
- Les efforts entrepris pour trouver une solution durable au conflit israélo-palestinien sont vains.
- De nombreuses personnes pensent que le Hezbollah, groupe islamiste chiite, et ses méthodes sont responsable du retrait des troupes israéliennes au sud du Liban.
- Les organisations palestiniennes du Fatah et du Hamas sont en perpétuelle lutte.
- Les propositions du gouvernement israélien lors des accords de Camp David II (2000) et du sommet de Taba (2001) ne font pas l’unanimité au sein de la population israélienne.
Ariel Sharon, alors parlementaire israélien opposant au gouvernement de Ehud Barak), se rend sur l’esplanade des Mosquées pour une visite le 28 septembre 2000. Cette dernière est perçue comme une provocation par la population arabe et notamment les Palestiniens. La veille, Ehud Barak recevait à dîner Yasser Arafat. Ce dernier s’entretient avec le Premier ministre israélien au sujet de l’esplanade des Mosquées et du mont du Temple. Yasser Arafat demande justement à ce que les visites ne soient plus autorisées, car elles pourraient accroître les tensions déjà vives entre les deux peuples. Mais, Barak lui indique qu’il est dans l’impossibilité de faire interdire les visites du lieu à un membre de la Knesset.

Le déplacement d’Ariel Sharon sur le lieu saint est vu pour certaines personnes comme un prétexte de Yasser Arafat pour déclencher de nouvelles émeutes. En effet, plusieurs déclarations de ce dernier ne laissent que peu de doutes quant à la préparation d’une seconde Intifada entre les mois de mars et de septembre 2000. Mais, d’autres pensent que la seconde Intifada n’était pas préméditée et que Yasser Arafat a rejoint le mouvement déjà en marche. Si les analystes s’accordent sur le fait que cette visite ait pu être perçue comme « provocatrice » par le peuple arabe, ils réfutent le fait que les nouvelles émeutes soient uniquement le fruit de cette action. Ehud Barak déclara, au sujet de cette visite, qu’elle « était destinée à être un acte de politique intérieure dirigé contre lui par un adversaire politique et qu’il a refusé de l’interdire ».
L’escalade de la violence
Les Palestiniens sont donc en colère et commencent à manifester. Ces manifestations sont immédiatement réprimées par l’armée israélienne. En trois jours, on dénombre 15 morts et plus de 300 blessés palestiniens. Mohammed al-Durah, un enfant de 12 ans est tué par balles dans la bande de Gaza le 30 septembre. Il devient alors une « figure symbolique de l’Intifada » et les violences se font plus fréquentes, tellement, que l’on dénombre plus de 90 morts et 2000 blessés palestiniens le 10 o octobre y compris des Arabes israéliens venus manifester en soutien. La foule fanatique lynche 2 réservistes israéliens le 12 octobre dans un commissariat de Ramallah. L’information, relayée par les médias et notamment la télévision italienne, marque fortement les esprits.

Peu après le début de la seconde Intifada, on compte 146 attentats-suicides perpétrés par les Palestiniens envers les civils israéliens. À Tel-Aviv 21 victimes adolescentes et 120 blessés sont touchés par un attentat dans une discothèque le 1er juin 2001. Cet acte odieux sera difficilement acceptable pour les Israéliens et mènera à la construction d’une séparation entre les deux peuples. Mais, cette construction est invalidée par l’ONU est Israël doit la détruire malgré le fait qu’elle eut pour effet de calmer le conflit. 29 personnes trouvent la mort dans un attentat perpétré au Park Hotel de Netanya en 2002. Les Israéliens lancent alors l’opération Rempart qui a pour but de réoccuper partiellement les territoires palestiniens pour mettre un terme à ces attentats meurtriers.
En Cisjordanie et à Gaza, les Palestiniens attaquent des civils israéliens en leur tendant des pièges. Marouan Barghouti est le chef des opérations et il sera l’homme le plus recherché par la sécurité israélienne pour ses implications dans ces assassinats. Il est fait prisonnier le 15 avril 2002 et inculpé par le tribunal civil pour meurtres et tentatives de meutres dans une entreprise terroriste sous son commandement.
Salah Shehadeh, chef présumé des Brigades Izz el-Din el-Qassam, est tué en juillet 2002 par un bombardement ciblé avec 14 civils. Une enquête est ouverte en Israël et en Espagne suite à cette attaque contre les responsables : le chef d’état-major Dan Haloutz et le ministre de la Défense Benjamin Ben-Eliezer.
Le ministère de l’Intérieur de l’Autorité palestinienne annonce plusieurs centaines de morts depuis le début des violences. Une ONG recense 267 morts lors d’affrontements armés interpalestiniens sur les 5 années où se déroula la seconde Intifada, dont 98 victimes au cours de l’année 2005. Le conflit se termine par le départ des militaires israéliens ainsi que des civils de la bande de Gaza. Cette décision prise par Ariel Sharon laisse place à une situation délicate. On observe des tirs sporadiques régulièrement échangés entre le Hamas et le Fatah ainsi que des conflits armés entre différents groupes palestiniens au Liban. Des Palestiniens, accusés de collaboration, sont également tués.
Les conséquences de la seconde Intifada
Entre le 27 septembre 2000 et le 1er janvier 2005, plus de 1000 Israéliens ont perdu la vie dans ce conflit et plus de 3000 Palestiniens. On en dénombre 77 de plus du côté israélien en date du 30 novembre 2006. À l’issue de cette guerre, plusieurs changements politiques s’opèrent :
- L’élection du Premier ministre israélien de 2001
- L’élection législative israélienne de 2003
- Le plan de désengagement des territoires occupés
- L’élection législative palestinienne de 2006
Un politologue français avance que la seconde Intifada a « relancé la volonté israélienne de réoccuper les territoires, bref de revenir à la politique d’avant Oslo : pas d’État palestinien, maintien des colonies, contrôle direct par l’armée, fragmentation de l’espace palestinien, paupérisation des populations condamnées soit à s’exiler, soit à devenir des citoyens de seconde zone dans une situation de plus en plus proche de l’apartheid ».
Une zone tampon est créée en territoire palestinien par les autorités israéliennes à la suite de la seconde Intifada. Cette zone s’étendait à l’origine sur 100 mètres et s’est élargie au fil du temps sur les terres agricoles avoisinantes couvrant 500 mètres. La zone n’est pas signalée, mais les Palestiniens s’en approchant de trop près sont immédiatement abattus. En mars 2000, l’explosion de la Bulle internet cause de graves répercussions économiques. Pourtant, on estime que la seconde Intifada et la vague de violences eurent des conséquences encore plus importantes sur l’économie. Le tourisme est inexistant de même que les échanges commerciaux.
L’inflation, la production et la monnaie sont également fortement impactées par cette période de violences extrêmes. Mais grâce à la technologie, l’économie israélienne a su remonter la pente rapidement et deviendra dans les 10 années suivant la seconde Intifada un des leaders mondiaux du progrès avec la fameuse « start-up nation ». Benjamin Netanyahou a d’ailleurs permis aux entreprises de fortement se développer en allégeant de façon notable l’aspect financier et les conditions d’implantation.