On appelle « première Intifada ou « guerre des pierres » les nombreux conflits qui s’opérèrent entre les années 1987 et 1993. Ils opposent les Israéliens et les Palestiniens vivant sur les territoires occupés par Israël. Les Accords d’Oslo permirent de trouver une solution afin de faire cesser les tensions. La première Intifada donne lieu à des émeutes de la part de la population palestinienne réprimée par le Tsahal (armée israélienne). Cette période est sinistrement marquée par une recrudescence des actes terroristes envers les civils israéliens. Dans cet article, nous allons retrouver tous les détails relatifs au déclenchement de la guerre, à son déroulement ainsi qu’à ses conséquences.

Le déclenchement de la guerre
Tout débute le 6 décembre 1987 avec l’assassinat d’un Israélien. En guise de réponse, quatre Palestiniens sont tués le 8 décembre, percutés par un camion israélien lancé à vive allure, au poste-frontière d’Erez. Même si les médias parlent d’un acte accidentel, la rumeur est vive et condamne une action délibérée. De plus, les Palestiniens pensent que c’est un assassinat prémédité et commandité par un membre de la famille de l’Israélien tué au couteau le 6 décembre. Le 9 décembre alors que se tiennent les funérailles des quatre victimes, la population palestinienne attaque, au cocktail Molotov et au jet de pierres, le camp de réfugiés de Jabaliya, position de l’armée israélienne. Pour tenter de refréner la foule, les soldats tirent, mais cela ne suffit pas à calmer la colère. L’armée israélienne appelle des renforts qui sont également accueillis par des jets de pierres et des cocktails Molotov. On considère alors que ces événements violents sont à l’origine du déclenchement de la guerre appelée première Intifada. Pourtant, d’autres éléments sont également à prendre en compte.

Ces émeutes sont sous-estimées par les officiers à Jambaliya. Malgré le fait qu’ils aient été surpris par la violence de l’attaque, le commandant refuse de demander du renfort pour les jours à venir. Il déclare : « Il ne se passera rien ! Ils vont se coucher, puis ils partiront travailler demain matin à l’aube, comme d’habitude ». Les israéliens ne se prémunissent donc pas, et les émeutes se poursuivent dès le lendemain matin. On assiste à une véritable révolte de la population : les travailleurs ne prennent pas leur poste et les étudiants ne se rendent pas à l’université. Ils encouragent la population à se rebeller en parcourant les rues. Les soldats tentent alors de disperser le peuple, mais sont à nouveau agressés par des jets de pierres et des cris. Les plus jeunes parviennent à monter sur des camions de l’armée et les conducteurs démarrent pour tenter de les faire chuter.

Les militaires utilisent le gaz lacrymogène pour tenter de faire fuir la foule sans succès. Les Palestiniens parviennent à mettre le feu à un véhicule de l’armée israélienne. Puisque les tirs en l’air n’ont aucun effet sur la foule, le lieutenant Ofer ordonne de tirer dans les jambes des belligérants. Il est ensuite suspendu par le commandant Mordechai qui pense que ces rébellions sont liées aux événements recensés dans la bande de Gaza. Le 10 décembre 1987, le ministre israélien de la Défense, Yitzhak Rabin, se rend à New York sans prendre le temps de calmer les émeutes en cours. Pendant son absence, c’est Yitzhak Shamir qui occupe son poste alors qu’il est novice et le chef major est également nouveau à son poste. Sans prise de décision, la crise de l’Intifada se propage en Cisjordanie.
Lorsqu’il arrive à New York, le sujet n’est abordé que brièvement par le secrétaire américain de la défense. Cela montre bien le peu d’importance accordée aux événements. De plus le manque d’expérience des deux novices à des postes stratégiques fait que des épisodes notables ne sont pas remontés à Rabin. Ce dernier se concentre alors sur l’objectif premier de sa visite à New York : l’achat de matériel militaire. Personne ne pense, à ce moment-là, que le soulèvement du peuple palestinien puisse être très significatif. Rabin rentre alors en Israël et déclare lors d’une conférence de presse qu’il soupçonne l’Iran et la Syrie d’être derrière l’Intifada. Ces pays, étant des ennemis historiques de l’État d’Israël, sont accusés à tort d’avoir une responsabilité dans les événements actuels. De son côté, Shamir accuse lui l’OLP d’en être à l’origine. Pourtant les services secrets israéliens s’accordent sur le fait que cette révolte n’a pas été préméditée et que ni la Syrie, ni l’Iran, ni OLP n’en sont commanditaires.

Au niveau territorial, la réunification de Jérusalem donne un accès restreint à l’esplanade des mosquées et aux autres lieux saints du culte musulman. Jérusalem est devenue la capitale israélienne et elle est qualifiée d’éternelle et d’indivisible. Des terres voisines sont ainsi annexées et des colonies sont créées afin de garantir la sécurité des frontières et de conserver le statut de Jérusalem. Les Palestiniens se voient privés des sources d’eau de la bande de Gaza et de la Cisjordanie que s’attribuent les colonies fraîchement créées par les Israéliens. D’un point de vue politique, la population ne se sent pas suffisamment écoutée. La création d’un axe Le Caire-Amman garantit la sécurité de Yasser Arafat, mais ne prend pas en compte les problématiques palestiniennes et celle des réfugiés. La Ligue arabe s’occupe en tout dernier lieu des problématiques palestiniennes. Les chefs d’états arabes désintéressent peu à peu de leur cause au profit de la leur. Et même lorsque leur tour vient enfin, personne n’a de solution à proposer pour le peuple palestinien.
Le déroulement du conflit
On peut donc qualifier l’Intifada d’acte de désobéissance civile envers l’armée israélienne. Elle touche l’ensemble des territoires occupés par Israël et s’attaque aux militaires comme aux civils. Les actes s’étendent peu à peu à d’autres villes, et ce, jusqu’en Cisjordanie. Cette révolte a pour particularité d’intégrer des enfants et des adolescents. Ce sont eux qui jettent majoritairement des pierres aux militaires israéliens. Ils fabriquent également des explosifs et barricadent de nombreuses routes. Autour des mosquées, on assiste à de fréquents rassemblements qui ont pour but de provoquer l’armée israélienne. La propagande est bien en place que ce soit au travers de diffusions par haut-parleurs dans la ville, de tracts ou d’affiches invitant à se rebeller contre l’armée israélienne. Ce sont de jeunes enfants qui distribuent des tracts durant les offices religieux. Des paquets entiers d’affiches sont également jetés par les fenêtres des voitures en fin de nuit.
L’État d’Israël décide de mobiliser 80 000 soldats afin d’enrayer la révolte. L’armée sera énormément critiquée, car les soldats tiraient à balles réelles au début du déploiement. De plus, des rumeurs font état d’acte de torture, de déportations et de fermetures d’écoles injustifiées de la part de l’armée. Le Parlement rédigera un rapport en 1997 accréditant les méthodes d’interrogation et de torture utilisées durant la première Intifada. Ce rapport fut gardé secret jusqu’en 2001, car en 1999, la Cour suprême prit un arrêté intitulé « Comité public contre la torture en Israël » condamnant fermement tout type de torture.

L’armée israélienne a d’abord estimé l’ampleur de la rébellion palestinienne, tout simplement, car elle n’était pas prête à ce moment-là à faire face. Les soldats sont fréquemment encerclés par des personnes palestiniennes de tout âge, munies de pierres prêtes à être jetées. Au départ, l’armée opta pour une politique répressive. Les journalistes israéliens Zeev Schiff et Ehud Yaari écrivirent : « Dans de nombreux cas, des sous-officiers participèrent avec leurs soldats à des tabassages injustifiés. Il n’était pas facile de savoir quand on pouvait frapper […] on frappait même les gens chez eux, sans raison, et des familles entières étaient rouées de coups. »
Les médias diffusent fréquemment les images horribles d’enfants palestiniens molestés par les militaires israéliens. Le monde entier se prend alors en sympathie à l’égard de la cause palestinienne et Yasser Arafat en profite largement. Cela augmente d’un cran les tensions déjà très vives entre les deux populations. Au sein d’Israël deux clans s’affrontent : ceux qui souhaitent régler la question palestinienne de manière pacifique et ceux qui ne souhaitent faire aucune concession face aux Palestiniens.
Les femmes, qui ne prenaient jusqu’alors pas position dans ce type de conflit, ont joué un rôle capital dans la première Intifada jusqu’à affronter directement le Tsahal. Les femmes engagées dans la cause palestinienne sont généralement citadines. Dans les villages, elles ont pour coutume de rester à la maison. Cet engagement est tel que les femmes représentent près de 30 % des victimes totales de cette guerre. Mais cela leur a permis d’affirmer leur position sociale et politique pour la première fois. Jusqu’alors les seules femmes qui participaient à des conflits de cet ordre étaient celles qui était mariées à des activistes célèbres. Depuis 1970 il existait des associations de femmes étudiantes, mais leur rôle n’était que secondaire. Les diverses organisations de femmes palestiniennes les cantonnaient aux actions sociales et à la santé.

Le nombre de femmes prisonnières sans procès était de seulement quelques centaines en 1970 et ce chiffre passa dans les années 80, à quelques milliers. Si la Jordanie refusait le droit de vote aux femmes depuis un arrêté datant de 1955, la politique israélienne leur a permis de se faire entendre. Elles ont alors pu se présenter aux élections municipales de 1976 et quelques-unes d’entre elles furent élues. Mais ce ne fut qu’en 2005 qu’une femme fut élue au gouvernement palestinien d’une grande ville (Janette Khoury, FPLP à Ramallah). Au vu des conditions de vie difficiles lors de la première Intifada, les femmes participèrent au conflit en masse. Elles sont de toutes les actions et organisent des réunions stratégiques afin d’assurer une autosubsistance pour contrer les mesures israéliennes.
Yitzhak Rabin est désormais prêt de faire cesser cette vague de révolte. Il est accusé, même s’il nie, d’avoir déclaré ces mots : « Nous imposerons la loi et l’ordre dans les territoires occupés, même si cela doit se faire dans la douleur. » Il aurait même ajouté : « S’il le faut, brisez-leur les bras et les jambes ». Il souhaite que soient conçues des armes capables de ne pas donner la mort, mais permettant de repousser les rebelles de manière efficace. Parallèlement, Israël met en place une stratégie de communication qui permet, en marginalisant l’OLP, de créer des tensions au sein de ce dernier.
Les soldats ne parvenant pas à stopper les manifestations de la population palestinienne, le gouvernement fait appel aux gardes-frontières. Ces derniers, également appelés les bérets verts, sont connus pour savoir contenir les foules sans ménagement. Ils ont également plus d’expérience que les militaires habituelles de l’armée israélienne. Ils sont équipés de veste protectrice et d’armes non létales permettant de mettre un terme au conflit. Les premières compagnies à être mobilisées sont les mêmes que lors de l’invasion du Liban en 1982.
Pourtant le déploiement de militaires frontaliers expérimentés ne change pas la donne. L’armée reçoit alors l’autorisation de tirer sur toute personne de plus de 12 ans en cas d’attaque. Le tir doit d’abord être émis en l’air puis dans les jambes en cas de danger imminent. Le thorax ne doit être ciblé qu’en cas de légitime défense. Mais ces règles ne sont pas toujours appliquées. Le gouvernement israélien informe en 1988 que des actions ont également lieu en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Il s’agit de personnes, parlant arabe et agissant en civils, qui tentent d’infiltrer la résistance palestinienne. Le conflit passe alors un cap lorsqu’en février 1988 un photographe israélien dévoile au monde des images de soldats israéliens violentant des Palestiniens. Le monde s’indigne.
Malgré la violence de l’Intifada qui sévissait sur la totalité des territoires occupés par l’armée israélienne, Jérusalem-Est reste épargné. Habitée par une population assez aisée, la ville et ses habitants ne prennent pas part au conflit. Israël ne déploya pas de soldats sur cette zone. Pourtant un militant du front démocratique décida d’étendre la révolte à la partie orientale de la ville. On mobilisa alors de jeunes recrues à Gaza et à Hébron en toute discrétion. La révolte eut lieu le 19 décembre à 9h20 à divers endroits. Ce jour-là le président italien Cossiga était en visite officielle et les mesures de sécurité avaient pourtant été renforcées. Les banques furent attaquées et des incendies éclatèrent un peu partout dans la ville. De nombreux bâtiments palestiniens furent également touchés dans cette offensive.
Les renforts de police furent alors déployés dans toute la ville de Jérusalem. Les véhicules furent systématiquement contrôlés, les habitants fouillés et des cartes d’identité furent confisquées. En confisquant les cartes d’identité, les Israéliens s’assuraient que les musulmans n’habitant pas à Jérusalem ne pouvaient plus se rendre à la mosquée al-Aqsa conformément à la nouvelle loi en vigueur. Des membres de la brigade antiterroriste furent mobilisés à l’entrée de la mosquée ce qui augmenta d’un cran la violence du conflit. Les forces de l’ordre israéliennes firent prisonnier des Palestiniens et les passèrent à tabac. Les militaires furent alors placés à une position plus éloignée de la mosquée. Il leur était interdit d’ouvrir le feu sur les manifestants sous peine de devoir scrupuleusement prouver qu’ils étaient en état de légitime défense. De ce fait, il n’y eut aucun mort palestinien à Jérusalem durant plusieurs mois.
L’Intifada est née par la révolte de l’occupation des territoires et de la domination israélienne. Depuis longtemps les Palestiniens pensaient à la désobéissance civile, mais elle n’était prise au sérieux ni par les dirigeants de l’OLP ni par le gouvernement israélien. C’est un psychologue palestinien qui avait élu domicile aux États-Unis qui fut le premier à parler de désobéissance civile. Il s’agit de Moubarak Awad qui rentra Jérusalem après 15 ans passés sur le sol américain.
Il ouvrit en 1983 un centre de la non-violence et tenta d’appliquer sa philosophie à plusieurs reprises. Elle fut systématiquement rejetée par les membres de l’OLP qui le soupçonnait de travailler en collaboration avec la CIA. Ses idées commencèrent à passer à partir du mois de novembre 1986 lorsque les Palestiniens se détournèrent de leurs représentants politiques. Le philosophe pensait que seul le peuple était capable d’empêcher l’occupation des territoires par Israël. Il se mit alors au travail et une vingtaine de méthodes différentes virent le jour. Des hommes politiques et philosophes palestiniens commencèrent à le soutenir en appelant au boycott de certains produits israéliens. Le but étant de parvenir à rompre complètement les liens avec le système israélien. Mais comme Awad proposait la non-violence en remplacement des conflits qui faisaient rage, ses appels ne furent pas entendus.
Au début de l’année 1988, le Commandement unifié de l’Intifada estima la durée des conflits à un maximum de six mois supplémentaires. La population non entraînée devrait affaiblir et, pour eux, le conflit ne devait pas se prolonger. Ne serait-ce que sur un plan financier, la population ne pourrait pas endurer plus longtemps l’Intifada. C’est alors que les idées d’Awad sur la désobéissance civile commencèrent à intéresser le commandement. En adoptant certains points du programme de ce dernier, le conflit devenait stratégique pour durer sur du long terme. Le Commandement choisit alors de « réduire l’occupation, son réseau inextricable de lois, ses manœuvres et sa bureaucratie omniprésente à des groupes de soldats éparpillés dans les rues ». Awad fut alors sollicité par divers dirigeants et la presse le présenta comme le porte-parole de l’Intifada. Israël vit cette nouvelle notoriété d’un très mauvais œil et Awad menacée d’expulsion. Pourtant de nombreuses personnalités américaines se rangèrent à ses côtés. Mais le gouvernement israélien annonça qu’il ne renouvellerait pas son visa. Cela eut pour effet de lui donner encore plus de crédibilité et il fit appel de cette décision en justifiant qu’il pourrait tout à fait se convertir au judaïsme pour rester.
Les idées de désobéissance civile progressent rapidement et Israël, qui souhaite rétablir le contrôle sur la population et empêcher cette progression, applique donc des mesures punitives. Mais il est difficile de faire machine arrière alors le code de procédure pénale fut modifié et les arrestations massives commencèrent. Il fut construit de nouvelles prisons afin de pouvoir mettre à l’isolement les milliers de personnes arrêtées. La durée du couvre-feu fut également allongée et les établissements scolaires, fermés. Des dirigeants à l’origine de la révolte furent expulsés et des habitations ruinées. Chaque association ayant manifesté des idées contestataires ou d’indépendance fut obligée de fermer.
Pour éviter que des ressortissants d’autres états ne viennent aider les rebelles, les Jordaniens furent autorisés à rentrer sur le territoire en ayant seulement 200 dinars jordaniens sur eux. L’armée fut chargée d’obliger la population à payer les impôts israéliens sous peine de ne pas renouveler les licences d’exportation. Certains endroits, uniquement peuplés de personnes arabes, subirent un blocus. Il ne pouvait plus envoyer leurs produits ni se déplacer. L’eau l’électricité fut coupée à toutes les personnes n’ayant pas réglé leur facture. Suite à toutes ces mesures, le niveau de vie des Palestiniens chuta de 30 à 40 %.
Le rôle de l’armée lors de la première Intifada
La première Intifada est connue pour ses nombreuses violences envers les civils israéliens, mais aussi pour les affrontements sanglants entre le Tsahal et des groupes de Palestiniens armés. Ces groupes armés ont pour cible principale les soldats, les civils et les colonies israéliennes. Mais sont également visés les Palestiniens que l’on pense être des collaborateurs. Le Hamas dit : « Nous ne faisons pas la différence entre le colon et le soldat : tous deux sont juifs, le colon d’aujourd’hui est le soldat de demain ».
Les collaborateurs présumés sont regroupés sous forme de liste nominative et des tracts les concernant sont publiés. Ils sont persécutés et parfois même assassinés pour avoir collaboré avec l’ennemi. Le Hamas les qualifie d’« hommes à l’esprit malade », de « psychologiquement défaitistes », de « sous-hommes » ou de « lâches ». En gros, il est question de : « tous ceux qui s’écartent du rang national ». « Dans les Appels, les collaborateurs désignés sont les commerçants qui n’observent pas les appels à la grève ou qui diffusent les produits israéliens concernés par le boycott, les membres des conseils municipaux, villageois ou de camps nommés ou de façon générale tous les non-démissionnaires des services du fisc, de la police, des douanes, etc., et ceux qui diffusent les faux communiqués ou les rumeurs au service des objectifs de l’ennemi. Les partisans de la Jordanie et de la “réaction arabe” seront, à plusieurs reprises, également inclus dans la liste des catégories accusées de collaboration, de même que les partisans de Hamas ».
Savoir que des milices, appelées « groupes de choc » ou « groupes de choc”, sont nées peu de temps après la création du commandement unifié. Leur mission est de provoquer des conflits avec l’armée et les collaborateurs afin d’appliquer les consignes dictées dans le Commandement. Ils doivent également “remettre dans le droit chemin ceux qui sont soupçonnés de s’éloigner de l’appel de la patrie”.
L’émergence du Hamas
Les disciples d’Ahmed Yassine, fondateur du Hamas, le sollicitent pour adopter une posture militante lorsque l’Intifada atteint la bande de Gaza. Mais ce dernier n’est pas enclin à entrer dans un conflit armé contre Israël, car il craint les répercussions. Finalement, il changea de point de vue et diffusa un tract appelant la relation à rejoindre le mouvement. Le mouvement de résistance islamique, alors inconnu, signa ce tract. Yassine pensa alors que la création du commandement unifié de l’Intifada souhaitait garder le contrôle total sur le mouvement et en réponse, il créa le Hamas. Ce dernier prit de l’ampleur et intégra le mouvement des frères musulmans. Fort de son développement, le Hamas commença par attaquer des soldats israéliens de façon isolée dès le début de l’Intifada. Il procéda également à des incendies afin de nuire aux civils israéliens. À compter de l’été, le Hamas commença à compter des membres en Cisjordanie.
Entre juillet et septembre 1988, les Israéliens décidèrent de se défendre. Ils procédèrent ainsi à l’arrestation de hauts responsables de l’organisation en liaison avec la Cisjordanie. Ahmed Yassine, faible physiquement, fut prévenu, mais non interpellé. Les Israéliens pensèrent à lui interdire l’accès à Gaza, mais ils craignirent que cette décision ne lui donne encore plus de notoriété qu’il n’avait déjà. Si la fin du Hamas est annoncée dès la fin de l’action de défense israélienne, il parvint à se remonter en quelques semaines. La sécurité israélienne se doit alors de mener une nouvelle action et 260 militants du Hamas ainsi que leur chef Yassine furent interpellés.
La réaction des Arabes en terre israélienne
La population arabe vivant en Israël eut une réaction rapide au soulèvement. Ils déclarèrent : “Nous faisons partie de l’Intifada, mais plutôt que de recourir à la violence, nous exerçons nos droits au sein du système démocratique israélien”. Touchés par la situation de leurs confrères en territoires annexés, ils organisent de nombreuses manifestations et donnent du crédit au fait que les Palestiniens se révoltent. Ils font expédier de la nourriture, des médicaments, du sang et collectent des fonds pour les aider. Les détenus palestiniens sont soutenus par les députés à la Knesset. Les actions des Arabes en terre israélienne seront même soutenues plus tard par certains membres de la gauche israélienne. Toutes ces actions coordonnées permettent d’organiser une mobilisation favorable au commandement unifié de l’Intifada : des tracts sont imprimés depuis Nazareth, certaines personnes mettent leurs comptes bancaires à disposition de l’OLP, d’autres permettent aux Palestiniens de recevoir des directives étrangères par téléphone.
Les Arabes israéliennes se sentent plus proches de leurs confrères et entrent dans un processus de “palestinisation”. Ils aident également en tentant d’influencer la politique intérieure israélienne. Deux membres de partis sionistes différents démissionnent d’ailleurs de leurs postes respectifs. Leurs votes changent également. Les Arabes vivants en Israël votaient généralement jusqu’alors pour les partis sionistes au pouvoir. À partir de 1980, ils se mettent à voter pour des partis non sionistes orientés nationalistes palestiniens. En 1988, on estime que 73 % des électeurs arabes votent en faveur des partis non sionistes. L’Intifada a également vu émerger une nouvelle catégorie de jeunes cultivés et diplômés ayant un grand intérêt pour la politique.
Du côté jordanien, le roi Hussein pense qu’Israël n’éprouve aucune difficulté dans ce conflit et qu’elle laisse prendre de l’ampleur à l’Intifada afin de pouvoir recourir à des déportations massives. La Jordanie craint alors que son pouvoir ne soit déstabilisé si les rébellions parviennent à atteindre la rive est du Jourdain. Le roi se tourne alors vers l’Irak afin de solliciter une action militaire. Le pays propose alors de mobiliser des militaires en Jordanie. Le roi Hussein se sent solidaire du mouvement, mais ne peut engager aucune action, car les services de sécurité l’interdisent.
Les conséquences de la guerre
Israël connut une forte période de crise économique à l’issue de l’Intifada. En revanche du côté palestinien, le mouvement permit de renforcer le sentiment national et de lier les Palestiniens entre eux, quelle que soit leur situation personnelle. À la suite de l’Intifada, l’OLP publia la déclaration d’indépendance de l’État palestinien datant de novembre 1988. La déclaration communique sur l’arrêt de la lutte armée et reconnaît l’existence de l’État d’Israël. L’Intifada permit également de faire remonter le problème palestinien à la surface et de remobiliser l’intérêt des Nations unies. En 1993, Israéliens et Palestiniens signèrent conjointement les accords d’Oslo qui permirent de mettre fin à la première Intifada. On estime que 1162 Palestiniens, dont 241 étaient mineurs, ont trouvé la mort dans ces conflits armés. Côté israélien, ce sont 277 personnes, dont 19 mineurs, qui ont été tués durant la première Intifada.