fbpx

dim' 06 Oct' 2024

Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

L’opération Entebbe

Table des matières

L’opération Entebbe, également nommée, « raid d’Entebbe » ou « opération Thunderbolt » est une action militaire entreprise par Israël afin de libérer les victimes d’une prise otage commanditée par des membres du Front populaire de libération de la Palestine, alliés à des activistes des Cellules révolutionnaires (organisation de guérilla gauchiste d’Allemagne de l’Ouest). Elle fut opérée entre le 3 et le 4 juillet 1976 au sein de l’aéroport international d’Entebbe en Ouganda. Les forces militaires israéliennes parvinrent à libérer presque tous les otages et furent vivement saluées par les habitants d’Israël. Au cours de ce raid, le frère de Benyamin Netanyahou, Jonathan, sera le seul soldat à trouver la mort du côté israélien. En hommage, l’opération Entebbe fut renommée « opération Jonathan ». Voici tout ce que vous devez savoir sur le raid d’Entebbe, de la prise d’otage l’ayant déclenché au déroulé des opérations, sans oublier l’épilogue de cette opération.

Le déclenchement du raid d’Entebbe : la prise d’otage

Tout commence par le vol Air France numéro 139 qui, venant de Tel-Aviv, décolle d’Athènes pour rallier la France (Paris) le 27 juin 1976. L’avion, un Airbus A300-B4 transporte 246 voyageurs, dont la plupart sont israéliens, ainsi qu’une dizaine de personnels navigants. L’appareil décolle à 12h30 et il est rapidement détourné par un commando de preneurs d’otages. Il s’agit de deux terroristes membres du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et de deux activistes allemands faisant partie du groupe Revolutionäre Zellen dirigé par Carlos et Brigitte Kuhlmann.

Ils parviennent alors à prendre le commandement de l’avion et à détourner sa trajectoire vers Benghazi en Lybie. Il atterrit et passe sept heures sur place afin de faire le plein de carburant. Une femme enceinte parvient à être libérée en déclarant qu’elle est sur le point de perdre son bébé. À 21h40, l’avion décolle pour se rendre à l’aéroport international d’Entebbe situé en Ouganda. Le président dictateur de la République de l’Ouganda est prévenu de l’arrivée de l’appareil alors que ce dernier est déjà en train de survoler Entebbe.

C’est l’ambassadeur français Pierre-Henri Renard qui est à l’origine de l’information indirecte. Le pays autorise alors l’avion à se poser, car la raison officielle donnée est humanitaire. Lorsqu’ils débarquent, les pirates de l’air sont accueillis par trois autres terroristes du Front populaire de libération de la Palestine, visiblement l’instigateur du détournement de l’avion. Les Allemands seraient alors venus prêter main forte et vont à présent aider à surveiller les otages.

Le maréchal-président ougandais, Idi Amin Dada, s’est rendu sur place personnellement pour se rendre compte de la situation réelle. Il ne peut, pour autant, pas pénétrer dans l’avion dirigé par les preneurs d’otages, mais parvint à leur demander de descendre de l’avion pour rejoindre une pièce située dans l’aéroport, ce que le commando accepte. Les otages peuvent alors être évacués dans le hall du terminal de l’aéroport d’Entebbe et ils peuvent boire et s’alimenter grâce aux vivres qu’Amin Dada met à leur disposition. Il aurait même tenté de mettre les terroristes hors d’état de nuire sans y parvenir.

Une fois les otages mieux installés dans le hall du terminal de l’aéroport ougandais, les preneurs d’otages font un communiqué officiel. Ils déclarent souhaiter la libération de 53 prisonniers pro-palestiniens retenus en Israël, au Kenya, en France, en Suisse et en Allemagne de l’Ouest alors RFA. Trois jours après la prise d’otage, 147 personnes sont libérées par les terroristes, dont la plupart sont des femmes, des enfants et des personnes âgées. Toutefois, ils campent sur leur position et exigent que leur demande soit satisfaite avant le 1er juillet 1976 sans quoi ils tueront les derniers otages. Un geste héroïque est à noter de la part du commandant de bord, Michel Bacos et de son équipage, qui choisiront de rester prisonniers malgré la possibilité qu’ils eussent d’être libérés. Ils déclareront que « leur devoir est de rester avec les passagers ».

Mais l’échéance au lendemain n’étant pas réalisable, les pirates de l’air repoussent la date de libération des prisonniers pro-palestiniens au 4 juillet 1976 à 11h précises. De nouveau, des passagers sont libérés sauf l’équipage, les personnes ayant un passeport israélien ainsi que d’autres passagers juifs. Les otages restants sont alors au nombre de 106.

La phase de négociation

Si au démarrage de la prise d’otages, le gouvernement israélien semblait inflexible à une phase de négociation, la libération de nombreuses personnes et la pression des familles des derniers otages changent quelque peu la donne. L’ambassadeur de Somalie en Ouganda, Hasni Abdullah Farah, est alors nommé porte-parole et c’est l’ambassadeur français qui gère les revendications terroristes de l’ensemble des gouvernements concernés.

Quant à Amin Dada, il joue le rôle de médiateur grâce à ses relations diplomatiques avec le FPLP. Mais, Israël reste méfiant par rapport à ce dernier, car il a renié l’état hébreu après avoir établi des liens diplomatiques avec pour parvenir à prendre le pouvoir en Ouganda. C’est ainsi qu’Israël accepte de libérer une première vague de prisonniers pro-palestiniens dès le 1er juillet, mais demande à ce que ce soit les Nations unies qui mènent les négociations. Les preneurs d’otages rejettent les deux demandes émanant du gouvernement israélien.

Le 3 juillet, le gouvernement israélien dit avoir commencé à libérer certains prisonniers et demande à ce qu’un échange se fasse dans un aéroport français. Cette requête est également refusée par le commando. Mais, ces négociations sont, pour Israël, une façon de gagner du temps tout en organisant dans le plus grand des secrets une opération militaire destinée à secourir les derniers otages.

De plus, les terroristes manquent de cohésion et peinent à se mettre d’accord sur les requêtes à faire auprès du négociateur, ce que ce dernier ne manque pas de faire remonter. Cependant, la véhémence du commando ne faiblit pas bien au contraire ! Les Allemands menacent même de faire sauter l’aéroport dans son intégralité. Pourtant, personne ne le sait à ce moment-là, mais les terroristes ne sont pas équipés d’explosifs.

Le déroulé de l’opération de sauvetage

Lorsque les deux premières vagues d’otages furent libérées, le Mossad (agence de renseignements israélienne) put procéder à leur interrogatoire. De plus, les plans du vieux terminal où est établi le commando sont transmis à l’armée israélienne (Tsahal), car le bâtiment a été construit par une entreprise israélienne. Forts de toutes ces informations, Israël prépare une opération de sauvetage d’envergure où chaque élément est étudié avec minutie.

Les forces israéliennes projettent alors un voyage de plus de 4000 kilomètres pour aller aider ses compatriotes. Le 3 juillet, quatre avions de l’armée de l’air israélienne décollent de Charm el -Cheikh en Égypte. Jonathan Netanyahou est à la tête de 35 commandos de l’unité d’élite de l’état-major (sayeret Matkal) qui ont pour mission de prendre d’assaut le terminal qui sert de refuge aux pirates de l’air. Les autres avions transportent des parachutistes et des soldats de l’armée de terre ainsi que quatre blindés qui devraient pouvoir empêcher toute rébellion ougandaise et assurer la sûreté des avions une fois au sol.

Les forces israéliennes projettent alors un voyage de plus de 4000 kilomètres pour aller aider ses compatriotes. Le 3 juillet, quatre avions de l’armée de l’air israélienne décollent de Charm el -Cheikh en Égypte. Jonathan Netanyahou est à la tête de 35 commandos de l’unité d’élite de l’état-major (sayeret Matkal) qui ont pour mission de prendre d’assaut le terminal qui sert de refuge aux pirates de l’air. Les autres avions transportent des parachutistes et des soldats de l’armée de terre ainsi que quatre blindés qui devraient pouvoir empêcher toute rébellion ougandaise et assurer la sûreté des avions une fois au sol.

Les israéliens ne s’arrêtent qu’une fois parvenus au pied de la tour de contrôle qui jouxte le terminal, descendent des véhicules et donnent l’assaut. Quelques mètres avant de parvenir à infiltrer le terminal, Jonathan Netanyahou est tué par un des terroristes qui tirait depuis l’intérieur. Les autres soldats, forts de par leur nombre, parviennent à gagner dans le terminal par différentes entrées. Quatre preneurs d’otages, présents avec les victimes dans le hall d’entrée, sont immédiatement abattus et malheureusement, deux otages qui s’étaient levés bravant l’ordre de rester couché.

Une femme otage fut également abattue par des tirs émanant de la part des terroristes. Les otages restants sont rapidement mis en sécurité. On estime qu’il s’est écoulé moins de trois minutes entre le moment où le premier avion a atterri et la mise à l’abri des otages. Les trois derniers preneurs d’otages sont tués par un commando dans la salle d’attente VIP du terminal. Des militaires ougandais sont également tués dans la prise d’assaut par les forces israéliennes.

Les autres avions contenant les blindés atterrissent à leur tour et les véhicules et les troupes bloquent l’accès à la route d’Entebbe et les abords du terminal sont sécurisés. Mais, les tirs se poursuivent depuis les tours de contrôle. Enfin, le nouveau terminal est également sécurisé par les parachutistes, mais un d’entre eux sera blessé par un Ougandais et restera lourdement handicapé. Les otages sont alors embarqués à la va-vite dans les avions qui en profitent pour se ravitailler en carburant.

Otages et forces militaires israéliennes décollent alors moins d’une heure quarante après l’atterrissage du premier avion. Le nombre de morts s’élève officiellement à 31 : 7 preneurs d’otages, 3 otages, l’officier Netanyahou et 20 Ougandais. Mais, Amin Dada dira plus tard que ce sont plus de cent de ses hommes qui ont perdu la vie au cours du raid d’Entebbe. De plus, une dizaine d’avions de combat ougandais auraient été détruits selon le ministre ougandais des Affaires étrangères alors que l’ambassade de France parle de 4 MiG-17 cassés, mais non intégralement mis hors de combat.

Juste avant le raid, une femme de 73 ans, Dora Bloch otage britannique-israélienne, est hospitalisée des suites d’un malaise important. Elle sera assassinée à l’hôpital de Kampala le lendemain de l’opération par des soldats ougandais, a priori sur ordre d’Amin Dada, sans que sa famille ne puisse être informée. Ils ne purent que faire rapatrier ses restes en 1979 suite à la chute du dictateur Amin Dada.

La mort des trois otages reste également teintée de mystère, car l’armée israélienne réfute sa responsabilité. Le décès de l’un des otages sera d’ailleurs présenté comme successif à une crise d’asthme alors que l’impact des balles sur son corps est bien visible.

Épilogue du raid d’Entebbe

Suite au raid d’Entebbe, la liesse est notable en Israël, mais Amin Dada, très en colère, se présente comme une victime de l’état hébreu. Il fait du chantage auprès de la France, car l’Airbus A300 est toujours en Ouganda. L’Ouganda demande alors au Conseil de sécurité de l’ONU de condamner le raid israélien en l’accusant d’avoir violé sa souveraineté nationale. Mais, Israël se défend en avançant que le gouvernement ougandais était de connivence avec les terroristes et que l’avion était attendu à l’aéroport d’Entebbe et qu’il a agi seul.

Le FPLP dit qu’au contraire, Israël aurait bénéficié de l’aide du Kenya et de l’Allemagne, ce qui sera ensuite confirmé en partie par les archives diplomatiques. Le Royaume-Uni a également soutenu Israël et son ambassadeur était présent lors de l’opération. Mais, le Conseil de sécurité de l’ONU estime qu’Israël n’a pas agi contre l’Ouganda lors du raid, mais bel et bien pour libérer les otages. Finalement, l’Airbus sera rendu à la France sans versement financier et l’ambassadeur israélien Chaim Herzog déclarera ceci au conseil de sécurité :

« Nous avons un message simple au Conseil : nous sommes fiers de ce que nous avons fait, parce que cela démontre au monde entier que pour un petit pays, Israël en la circonstance, avec lequel les membres du Conseil de sécurité sont maintenant tous familiers, la dignité, la vie humaine et la liberté constituent les valeurs les plus élevées. Nous sommes fiers, non seulement parce que nous avons sauvé la vie d’une centaine de personnes innocentes — hommes, femmes et enfants — mais aussi parce que la signification de notre acte signifie la liberté humaine. ».

Les pays occidentaux se rangent, en majeure partie, au côté d’Israël et saluent l’efficacité de l’opération. Amin Dada, quant à lui, est fortement soupçonné de complicité terroriste, malgré le fait que les archives diplomatiques n’aillent pas en ce sens. Valery Giscard d’Estaing, alors président des Français, le remerciera d’avoir aidé à la libération, par deux fois, des otages retenus par les terroristes.

L’ambassadeur Pierre-Henri Renard dit avoir fait pression sur Amin Dada pour accepter que l’Airbus se pose à Entebbe de peur que les preneurs d’otages ne choisissent une destination avec laquelle la France n’avait aucun lien diplomatique. En 2016, Benjamin Netanyahou et le président ougandais Yoweri Museveni ont célébré ensemble les 40 ans de l’opération Entebbe. Le raid a inspiré plusieurs films et téléfilms entre 1976 et 2018.