On regroupe par le nom d’Israël antique les populations qui vivaient sur les territoires actuels comprenant les états d’Israël et de Palestine. Leur histoire est mentionnée au sein de la Bible hébraïque et par l’archéologie. Le commencement de cette histoire remonterait aux derniers siècles du second millénaire avant J.-C. Une population sédentaire, vivant entre la côte palestinienne et le Jourdain, émerge et se développe de siècle en siècle. Cette histoire est marquée par de nombreuses guerres, soumissions et exils avec la religion, et notamment Jérusalem, comme point d’ancrage. De ces croyances découlera la naissance du judaïsme et la population prendra au fil du temps le nom de « juifs ». Dans cet article, retour sur le destin notable et controversé d’Israël antique au fil du temps.
Les sources attestant de l’histoire d’Israël antique
Les textes de la bible hébraïque
La Bible hébraïque comprend différents livres qui permettent de reconstituer l’histoire et l’évolution d’Israël antique. Mais cette documentation de base est assez décriée, car son étude est complexe. Heureusement, des données scientifiques viennent compléter les écrits sacrés. C’est notamment le cas de l’archéologie qui a permis de mettre à jour des objets, des documents et des monuments qui ont pu être interprétés par des scientifiques.
La Bible hébraïque regroupe un ensemble de textes qui auraient été écrits entre le huitième siècle et le deuxième siècle. On peut la scinder en trois parties et la décomposer sous cette forme :
- La Loi (ou La Torah) qui comporte cinq livres.
- Le livre de la genèse qui parle des origines du monde.
- Le livre de l’exode qui traite de l’esclavage des Hébreux en Égypte et de leur sauvetage par Moïse.
- Le lévitique qui regroupe les lois du culte.
- Le livre des nombres dont le sujet est l’organisation du peuple hébreu pour l’arrivée en terre promise.
- Le Deutéronome qui signifie « seconde loi » et qui regroupe les paroles de Moïse tout en servant de récapitulatif des trois livres précédant sa mort.
- Les livres des prophètes divisés en « premiers prophètes » et « seconds prophètes ». Les premiers relatent des événements historiques entre l’arrivée en terre promise et la prise de Jérusalem. Les seconds regroupent surtout des prophéties.
- Les écrits regroupent des textes poétiques, liturgiques et historiques.
La Bible hébraïque regroupe un ensemble de textes qui auraient été écrits entre le huitième siècle et le deuxième siècle. On peut la scinder en trois parties et la décomposer sous cette forme :
Il est difficile de s’accorder sur une date précise de rédaction de ces textes. Suite à de nombreuses recherches, il apparaît que ces livres font l’objet de différents écrits, émis par différents auteurs d’époques, et d’écoles différentes. Il pourrait ainsi s’agir de périodes bien distinctes de rédaction même si cette hypothèse est sujette à controverse. Même pour les partisans d’une certaine unicité de rédaction, les sources sur lesquelles les écrits reposent, trop anciennes pour être connues, regroupent de nombreuses incertitudes. Il pourrait alors s’agir de chroniques anciennes remaniées et de faits contemporains relatés qui permettent de faire passer un message théologique dominant.
Les experts s’accordent à dire que les plus anciens textes remonteraient au huitième et septième siècle avant J.-C. Cette époque est marquée par la croyance en un Dieu unique Yahweh et la région dominante de l’Assyrie qui causa la chute du royaume d’Israël. La prise de Jérusalem lui succéda et avec elle, la déportation des habitants de la région de Juda jusqu’en Babylonie. Des scribes, alors restés à Juda, auraient également pu rédiger des textes intégrés par la suite. Des fonctionnaires et des prêtres du Temple de Jérusalem se seraient alors rencontrés pour créer la première ébauche de la Torah qui comportait cinq livres. Le but de cette création ne serait non plus politique, mais religieux. Les prophètes et les écrits seraient par contre arrivés plus tard, entre le quatrième et le deuxième siècle, mais auraient été écrits bien avant. Certains poèmes et proverbes dateraient ainsi de la période monarchique.
Même si l’étude d’Israël antique par la Bible est discutée, elle est essentielle pour comprendre le contexte dans lequel ces textes ont été écrits. Cela donne de précieuses informations sur la période, le milieu social et l’intellect de la population. De plus, on en apprend plus sur la réflexion théologique et le rapport des hommes à la religion monothéiste. Même si certains faits sont romancés, la base est bien souvent réelle. Ainsi, les fouilles archéologiques permettent de contester ou d’accréditer ces écrits bibliques et de constituer l’histoire passée d’Israël antique. Les textes bibliques servent donc à reconstituer une partie de l’histoire, mais leur fiabilité diminue, plus on s’éloigne de l’époque de la rédaction de ces derniers. Les défenseurs des positions maximalistes avancent que les écrits de la Torah sont inspirés de textes datant de la fin de l’âge du bronze (période de l’exode) et leur accordent une grande crédibilité. Quant aux minimalistes, plus sceptiques, ils pensent que les premiers textes auraient vu le jour durant la période perse ou hellénistique, soit, entre le cinquième troisième siècle avant J.-C.
L’archéologie
Les fouilles archéologiques ont débuté entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, lorsque la Palestine était sous mandat britannique. Dès 1948 et la fondation de l’État d’Israël, de nouvelles recherches ont démarré. Des fouilles régulières et des prospections au sol ont lieu ce qui permet une bonne connaissance de la population du temps d’Israël antique. Jérusalem est le site le plus exploré malgré l’impossibilité de travailler sur les zones dites sacrées. Cela donnerait pourtant de précieuses indications, car ces zones sont certainement celles qui recouvrent les principaux monuments érigés à l’époque monarchique.
Au départ des premiers explorateurs s’adonnaient à l’archéologie biblique, c’est-à-dire la fouille de tous les territoires concernés par la bible. Mais à partir de 1970, de nouveaux archéologues entament des fouilles n’étant pas motivées par des questions d’ordre religieux, mais plus scientifiques comme : l’analyse du mode de vie des populations. Toutefois les textes bibliques servent toujours de référence et de source. Les périodes des Patriarches, de l’Exode et de la conquête n’ont pas pu être corroborées par les fouilles archéologiques. À compter de 1980 les fouilles sont orientées sur la période monarchique de David et Salomon. C’est cette dernière qui fait s’opposer les maximalistes et les minimalistes. Les maximalistes s’appuient entièrement sur le texte biblique qu’il n’est pas remis en cause par les fouilles archéologiques. À l’inverse, les minimalistes partent du principe qu’ils doutent du texte biblique et attendent des confirmations archéologiques. Certains adoptent des positions fortes et considèrent les écrits bibliques comme une vérité historique et d’autres, rejettent complètement les textes religieux. Ces positions et leurs interprétations ont une grande résonance en Israël et notamment en politique.
Depuis le début de l’archéologique, de nombreuses découvertes ont permis d’étoffer les textes bibliques. Des tablettes et inscriptions royales ont été mises à jour en Assyrie et en Babylonie ce qui permit d’expliquer et de retracer les différents conflits entre ces pays et Israël et Juda, ainsi que l’exil des Judéens à Babylone. Les fouilles effectuées en Syrie, proche d’Israël antique, ont permis de mieux comprendre la culture et la religion des anciens habitants israéliens. Il s’agit essentiellement de textes et d’inscriptions. En Palestine, il a été exhumé d’autres sources épigraphiques donnant des renseignements sur Israël antique : des inscriptions et des tessons de poterie appelées « ostraca ». Ils seraient datés de 600. Des documents administratifs et comptables comportant un sceau ont également été trouvés ce qui permet une adaptation plus précise. Enfin, une amulette trouvée à Ketef Hinnon et représente aujourd’hui le plus ancien extrait biblique retrouvé, il daterait de l’époque du premier temple.
La géographie d’Israël antique
Israël antique se trouve dans la région aujourd’hui tout le monde Palestine. Le territoire représente environ 20 000 km et se situe au sud du Levant. À l’ouest, la mer Méditerranée s’étend, et à l’est le Jourdain, tandis que le mont Liban s’élève au nord et des étendues désertiques se trouvent au sud et à l’est. La région est considérée comme pauvre, restreinte et fragmentée. On y observe un relief assez montagneux agrémenté de nombreux plateaux et d’une large plaine côtière. Le Jourdain est le cours d’eau majeur régional qui relie le lac de Tibériade à la mer Morte. Les plateaux de Transjordanie, de Galaad et du Golan se trouvent à l’est de la vallée du Jourdain. La région de Galilée est constituée des plateaux palestiniens, dont la haute Galilée et le mont Méron. Les plateaux de Samarie et de Juda, plus bas, sont situés plus au sud.
Ces différentes contraintes géographiques induisent un changement de climat selon les territoires mêmes s’ils sont proches. Israël antique se situe sur une zone transitoire entre la Méditerranée et le désert. On y cultive surtout des oliviers, arbres typiquement méditerranéens, mais aussi des palmiers dattiers dans les régions plus au sud. Il pleut régulièrement dans la partie nord et moins fréquemment dans la zone semi-aride. Heureusement donc favoriser dans le nord du pays. Le pays ne dispose pas de nombreuses ressources naturelles. Mais sa situation géographique lui donne une certaine importance malgré de faibles ressources. Il se situe entre l’Afrique et l’Asie, l’Égypte et la Syrie et la Mésopotamie qui représentaient à l’origine les cinq royaumes majeurs. Deux voies de communication majeures traversaient le Levant sud : la route de la mer, qui comporte les ports phéniciens, et la route du roi, traversant les plateaux Transjordaniens. Les royaumes d’Israël et de Juda se situaient en marge des voies de communication, mais, il existait en Israël des routes permettant de les rallier ce qui permit son développement. Quant à Juda son commerce s’est développé grâce aux caravanes vers l’Arabie du Sud.
Le terme d’Israël aurait été donné, selon la genèse, à Jacob suite à son combat avec un inconnu qui aurait changé son nom, Israël signifie « celui qui a lutté avec Dieu ». Selon la Bible, ce terme désigne autant le patriarche que la collectivité habitant sur ces terres. Ainsi, on peut attribuer à Israël un caractère religieux et ethnique. Entre le Xe et le VIIIe siècle avant J.-C., le royaume d’Israël se développe sur le territoire nord palestinien avant d’être pris par l’Assyrie. Juda est employé pour désigner le royaume des hautes terres se situant autour de Jérusalem. La Bible avance que ce nom est donné de façon éponyme par le quatrième fils de Jacob. Ce mot signifierait « terre ravinée ». Cette région se transformera en Judée suite à la conquête de Babylone et à son entrée au sein de l’Empire perse. Les habitants deviennent donc les « Judéens » puis les « juifs » remplaçants le terme ancien d’« israélite ».
Le terme « d’Israël » aurait été repris par les Judéens juste après la chute du royaume d’Israël de façon religieuse. Suite à la constitution de la religion juive, la relation régionale est appelée « Samaritains » : d’un point de vue ethnique et religieux, mais également, par la région dans laquelle ils vivent, qui s’appelle désormais « la Samarie ». Les anciens israélites sont également désignés par le terme « hébreux » dans les livres constituant la Torah. Ce mot permet aujourd’hui de désigner la langue parlée par la communauté.
La question de l’ethnicité est problématique dans le cadre de l’Israël antique. La Bible hébraïque nous donne l’avis des rédacteurs et pas forcément celui des populations vivant dans ces territoires. Les domaines scientifiques de l’archéologie et de l’anthropologie malheureusement pas permis d’aider à répondre à cette question. Il est toujours difficile de définir un groupe ethnique au sein d’une période antique et notamment d’un point de vue linguistique. Les textes sur lesquels on peut s’appuyer définissent souvent les habitants en fonction de leur région de leur entité politique. Certains éléments peuvent néanmoins mettre sur la piste d’une culture matérielle : aucun ossement porcin n’aurait été retrouvé ce qui accrédite leur interdiction alimentaire religieuse. De plus, certains types de céramique attestent d’une identité ethnique durant l’Antiquité.
Cependant un environnement plus diversifié sur le plan culturel et linguistique survient dans la période post-monarchique. Tout d’abord, des populations étrangères ont immigré en Palestine et à l’inverse, la diaspora a permis de confronter différentes traditions en se mélangeant à d’autres peuples. Le sentiment d’identité s’est alors peu à peu dessiné ainsi qu’une certaine ouverture sur le monde. La religion yahwiste est également un facteur identitaire majeur et on constate qu’il existe des tensions entre les différentes communautés (Judéens de Judée et issus de la diaspora et Samaritains).
L’histoire d’Israël antique
L’histoire politique d’Israël antique est donc un savant mélange des textes de la Bible hébraïque et des découvertes archéologiques et épigraphiques. Mais tous les récits ne peuvent pas être utilisés comme bases historiques fiables, notamment ceux relatifs aux périodes pré-monarchiques. En revanche, ceux de la période monarchique peuvent être confirmés par l’architecture mise à jour par les fouilles archéologiques. Les discussions tournent alors plutôt autour des interprétations notamment en ce qui concerne les rapports entre Israël et Juda. La formation du judaïsme et du peuple juif sont indiscutablement dus à l’impact des empires assyriens et babyloniens.
Selon les rédacteurs de la Bible hébraïque, des figures emblématiques comme Moïse, Abraham ainsi que d’autres patriarches établissant les fondations politiques, sociales et religieuses, sont à l’origine du passé de leur peuple. Mais ces personnes n’auraient pas forcément de rapport avec la description faite par les scribes de l’époque. Des récits mésopotamiens et égyptiens seraient également venus se greffer au corpus de textes fondateurs.
Les premières entités politiques que l’on peut rattacher à Israël antique dateraient de la fin de l’âge du bronze. La stèle de Mérenptah qui date de 1207 et mentionne l’un des premiers signes d’une entité vivant en Palestine, appelé « Israr ». À partir de cette stèle, cette entité ne sera plus mentionnée dans les 300 ans à venir. L’archéologie confirmera une période de grands bouleversements au sein de la région. Au début du XIIe siècle, les Philistins arrivent par la mer et s’installent sur la côte palestinienne. Ils se seraient alors mélangés aux populations vivant déjà sur place bien que cette situation ne puisse être accréditée aujourd’hui.
Entre la plaine côtière et le Jourdain, des changements amènent à l’émergence des Judéens. Malgré les nombreuses recherches archéologiques menées dans cette région, les hypothèses sont nombreuses sur les modalités de naissance du peuple judéen. Certains pensaient, comme cela est mentionné dans le texte biblique, que des nomades issus de l’extérieur auraient conquis ces terres. Cette hypothèse n’est aujourd’hui plus valable, et elle est contrée par des modalités d’invasion pacifique. La troisième idée est celle d’une révolte interne qui aurait permis l’évolution des modes de vie indigènes. Ce que l’on sait, c’est que les sociétés se seraient constituées sur ces hautes terres entre 1150 et 1000 et qu’elles seraient à l’origine de l’émergence des royaumes d’Israël et de Juda. Cette société serait tribale et anarchique. L’hypothèse des 12 tribus d’Israël, comme mentionnée dans la Bible, ne serait alors pas valable.
Le premier roi des israélites, toujours selon les textes bibliques, serait Saül, succédé par David puis son fils Salomon. C’est à la mort de ce dernier que le royaume aurait alors été divisé en deux : le royaume d’Israël et sa capitale Samarie et le royaume de Juda construit autour de Jérusalem. Il n’existe aucun texte attestant de l’existence de David et Salomon, mais les historiens ne remettent pas en cause leur existence. Ceci s’explique notamment par la mention sur la stèle de Tel Dan, qui parle de la victoire d’un roi contre un autre issu de la « maison de David ». Le débat est axé autour de la question de la monarchie unique :
- Le récit biblique et les toutes premières fouilles attestent d’un royaume unifié par David et Salomon. Mais des hypothèses plus récentes parlent d’un petit royaume qui dominerait seulement Jérusalem et quelques régions.
- Les minimalistes pensent que la monarchie unifiée n’existait pas. Ils s’accordent à dire que David et Salomon auraient régné ensemble sur une faible zone comprenant Jérusalem et les régions voisines. Pour eux, la royauté unifiée daterait de l’époque des Omrides.
Monarchie unifiée ou pas, deux états distincts émergent au sein de l’arrière-pays palestinien à la fin du Xe siècle : au nord le royaume d’Israël et au sud le royaume de Juda. Les événements qui auront lieu durant cette période de l’histoire ne sont accrédités que par quelques textes très peu nombreux, car les textes bibliques ne sont pas forcément fiables sur le sujet. Comme élément principal, on retrouve l’expédition du pharaon Sheshonq Ier qui est raconté dans le premier livre des rois corroborés par plusieurs inscriptions découvertes plus tardivement. Plusieurs villes palestiniennes auraient été détruites à la suite de cette expédition.
On note d’importants changements au début de l’âge du fer II (milieu du Xe siècle) comme l’abandon de plusieurs terres ou la fortification de certains sites. Peu à peu, les royaumes d’Israël et de Juda s’urbanisent. On attribue ces transformations à une possible vague de violences qui auraient nécessité la construction de fortifications. Les grandes puissances (Égypte, Assyrie, etc.) s’étant retirées au neuvième siècle, le paysage est géopolitiquement recomposé au Proche-Orient. Les royaumes d’Israël et de Juda deviennent alors des états territoriaux et ce sont les Philistins qui peuplent en majorité la côte. Les entités politiques Ammon, Moab et Edom se forment du nord au sud. L’Égypte n’intervient plus en dehors de ses frontières et la Syrie comprend un ensemble de royaumes araméens, dont celui de Damas voisins d’Israël.
C’est dans le livre des rois que l’on retrouve des écrits qui racontent l’histoire des rois d’Israël et de Juda. Mais ces écrits restent peu fiables, car les scribes de l’époque souhaitaient surtout tirer des enseignements théologiques en procédant à des réécritures de récits existants. On peut toutefois se fier à la succession des rois qui sont attestés par les inscriptions retrouvées sur les stèles lors des fouilles. La période et son histoire peut-être différemment interprétées selon que l’on se positionne en faveur ou contre l’idée de monarchie unifiée. Si l’on y est favorable, le texte biblique paraît assez fiable. Sinon, on pense alors qu’Israël serait un royaume riche et puissant et que Juda serait au contraire pauvre, soumis et géré de façon assez anarchique. Les prospections au sol réalisées estiment que 350 000 personnes vivaient dans le royaume du Nord et 45 000 au sud.
Mais le royaume d’Israël sera affaibli durant la seconde moitié du neuvième siècle à cause de l’usurpation de Jéhu qui tue des membres de Juda. Selon la stèle de Mesha, Moab prend alors ses distances avec l’influence israélite. Le roi d’Assyrie prend ensuite la supériorité sur Israël en battant Damas. La puissance du royaume est rétablie pour un temps grâce à Joas et Jéroboam II au détriment de Damas. La dynastie de Jéhu tombe en 750.
L’empire d’Assyrie met en place un système de provinces gouvernées directement à partir de la seconde moitié du huitième siècle ce qui est extrêmement novateur, car jusqu’alors, un seul système tributaire existait. Le roi Teglath-Phalasar III, grandement mentionné dans la Bible, est un acteur majeur de cette modification de mode d’administration. De nombreux coups d’État ont alors lieu en Israël ce qui met en péril la stabilité du royaume. Juda plus stable entame des conflits envers Damas et Israël. Si les premiers combats sont victorieux, les défaites s’enchaînent ensuite et il appelle à l’aide l’ennemi majeur de Damas et d’Israël : le roi assyrien. Ce dernier commence par annexer le royaume de Damas en 732. Israël contribue fortement financièrement pour garder son indépendance, mais le roi assyrien a réussi à mettre les deux royaumes sous son joug.
Osée succède alors à Teglath-Phalasar III et décide de ne plus payer le tribut aux Assyriens. Le nouveau roi d’Assyrie assiège alors Samarie qui tombe en 722. Samarie sera ensuite détruite et ses habitants déportés, le royaume d’Israël devient alors une province assyrienne. Pour autant, Ezechias roi de Juda, ne plie pas soutenu par l’Égypte et le roi d’Assyrie s’empare de plusieurs provinces et les troupes assiègent Jérusalem. Si la Bible dit que l’armée assyrienne aurait été détruite par un ange de Dieu (peut-être une épidémie mortelle), le roi d’Assyrie se proclame lui victorieux. Quoi qu’il en soit, Jérusalem n’est pas conquise et le royaume de Juda reste debout.
C’est ainsi que Juda monte en puissance dirigée par la maison de David, Ezechias et Manassé. Les fouilles archéologiques démontrent que Jérusalem s’urbanise très rapidement et les terres agricoles sont cultivées intensément. Les échanges commerciaux s’intensifient également au sein du royaume de Juda. La société commence à porter une grande importance à l’intellect et à la culture. Il est probable que la chute d’Israël ait entraîné un flux migratoire de réfugiés aux ressources intellectuelles importantes qui auraient permis à leurs compatriotes d’atteindre un niveau supérieur. Les provinces assyriennes composant à présent l’ancien royaume d’Israël connaissent également une forte croissance démographique et économique.
Des émigrés de Babylone ont compensé le nombre de déportations assyriennes, la société est donc mixte. Les textes bibliques disent qu’Amon, fils de Manassé, lui aurait succédé sur le trône de Juda, mais aurait été tué durant un coup d’État, malgré que le peuple ait soutenu l’héritier légitime d’Amon, Josias. Toutefois, on ne trouve aucune trace de ces événements politiques ailleurs que dans les récits bibliques. Durant le règne de Josias, l’évolution religieuse du royaume de Juda aurait été importante. Il aurait eu le désir de rénover le temple de Jérusalem et de retourner à un certain âge d’or. Cette période serait celle de l’élaboration de la Torah et d’un début de rejet des religions dévouées à de multiples divinités.
Josias est tué en 610 lors d’un affrontement militaire à la Bible hébraïque ou assassiné par le pharaon Nékao II. Son premier fils est déporté en Égypte, et c’est donc le second qui devient roi. De nombreux changements ont une influence sur la vie politique de Juda dont le fait que le pharaon ne parvienne pas à prendre la domination de la Syrie. Il est vaincu par le roi babylonien Nabuchodonosor II en 605. Le roi décide alors de se rallier à la Babylonie, mais ces derniers assiègent Jérusalem lorsqu’il décide de ne plus contribuer financièrement. Son fils est alors contraint de se rendre et il est déporté en Babylonie, c’est alors Sédécias, un autre fils de Josias qui monte sur le trône. En 589, ce dernier se révolte contre la Babylonie et Jérusalem est à nouveau assiégée. Deux ans plus tard, la ville est pillée et détruite et toute la population est déportée en Babylonie.
Le royaume de Juda devient donc une province babylonienne et c’est un gouverneur du temps de Sédécias qui l’administre. Il sera assassiné peu de temps après par un membre de la famille royale ce qui effraie la majeure partie de la population de Juda qui migre en Égypte. Mis à part le fait qu’il ne reste plus qu’un tiers de la population de Juda, on ne connaît pas son devenir après qu’il soit devenu une province de Babylonie. Il semblerait que la ville Jérusalem soit quasiment désertée à cette période, mais pas le pays tout entier. Mais les textes bibliques évoquent surtout la population déportée en Babylonie. La famille royale vivrait dans le palais de Babylone, la population quant à elle serait répartie sur différents territoires de Babylonie. Quant à l’exil judéen vers l’Égypte, il recense notamment de nombreux mercenaires installés dans les garnisons.
L’élite administrative et religieuse déportée en Babylonie pense que la chute de Jérusalem est due à une volonté divine. S’affirment ainsi des tendances sacerdotales relatives au clergé du temple de Jérusalem. Les anciens peuples d’Israël et de Juda sont en relative bonne entente et rapprochés par leur divinité commune, Yahweh. Les textes rédigés depuis Babylone démontrent d’ailleurs de cette pensée commune.
En 539, la capitale de l’empire babylonien est prise par les Perses, alors gouvernées par le roi achéménide Cyrus II, entraînant ainsi sa chute. Ce roi aurait promulgué deux édits : le premier qui autorise le retour des Judéens au sein de leur état et le second qui promeut la reconstruction du temple de Yahweh. Les historiens sont répartis en deux catégories : certains pensent que les édits sont authentiques et d’autres pensent que ce sont des adaptations. Quoi qu’il en soit à partir de 520, les retours commencent à s’intensifier. C’est au milieu du cinquième siècle que Jérusalem devient la capitale de la Judée et qu’elle est fortifiée. Toutefois, la population est relativement faible au sein de la capitale et n’augmentera que durant la période hellénistique. On considère que 45 000 habitants peuplaient la Judée, dont 3000 à Jérusalem, du temps de l’époque perse. Ce faible nombre est dû aux importants exils vers la Babylonie et l’Égypte.
On retrouve dans les écrits bibliques une opposition, notamment en ce qui concerne la reconstruction du temple, entre les élites revenues en pays judéen et celles toujours exilées. Au début du sixième siècle, les prêtres et dignitaires envoyés par les empereurs perses font triompher le courant sacerdotal sur les membres de l’ancienne famille royale leur faisant perdre toute autorité. On voit alors se concrétiser la théologie babylonienne qui influencera en grande partie la Torah. Les préoccupations des anciens exilés sont illustrées par de nombreux récits de la Genèse. Il est possible que la religion perse ait également eu une influence sur certains écrits. On considère également que le début de la croyance en un seul Dieu serait situé entre le sixième et le cinquième siècle. Le peuple fait de la résistance lorsque les prêtres du temple commencent à imposer peu à peu leurs idées à Juda.
Mais les tensions entre les anciens peuples d’Israël et de Juda sont toujours vives et les descendants du premier royaume ne voient pas d’un bon œil la restauration de Jérusalem et la construction du temple, car ils se sentent mis à l’écart. Les israélites s’opposent aux samaritains qui finiront par construire leur propre sanctuaire sur le mont Garizim. Mais la religion samaritaine décline alors que la religion juive prend de l’ampleur appuyée par des traditions solides. Le début du judaïsme daterait donc selon ces éléments de l’ère située entre la seconde moitié du cinquième siècle et le début du quatrième. Les descendants du royaume de Juda sont alors dès à présent appelés « juifs » à compter de la seconde partie de l’époque achéménide. Ce fait sonne le glas de l’histoire de l’Israël antique. La Palestine sera ensuite soumise aux royaumes hellénistiques puis passera sous l’influence de Rome. La culture grecque pèse sur le judaïsme et le christianisme est en passe de naître.
L’administration des royaumes d’Israël et de Juda
Les royaumes d’Israël et de Juda sont gouvernés par un roi comme cela est le cas dans la majorité des territoires du Proche-Orient durant la période antique. Le dieu national est Yahweh et la mise en place des gouverneurs est dépendante de sa seule volonté. Ainsi, le roi a des pouvoirs divins et il est un véritable représentant de ce dernier sur terre. Il existe des psaumes qui désignent les rois comme des « fils de Yahweh ». Ce sont en réalité des dynasties où les rois se succèdent malgré quelques coups d’État. Il semble que le couronnement est réalisé dans un lieu sacré et le roi reçoit une onction puis il est acclamé par le peuple lors d’un banquet. Les rois de l’Israël antique, comme ceux du Proche-Orient, ont plusieurs fonctions :
- Le roi est un véritable intermédiaire entre Dieu et le peuple est garant de la religion.
- Il a également un rôle culturel en se chargeant de l’entretien du culte. Il a également le pouvoir d’y répondre religieusement.
- Le roi possède le pouvoir de jugement suprême dans tout le royaume.
- Il faut connaître la Loi de Yahweh et la faire appliquer justement.
- Il se doit de protéger les plus faibles (la veuve et l’orphelin) et doit avoir des compétences guerrières.
La Bible fut rédigée par différents auteurs qui n’étaient majoritairement pas en faveur de la monarchie et qui avaient souvent tendance à la critique envers les rois. Les textes furent rédigés à une époque où la monarchie avait chuté et où personne ne croyait en son rétablissement. Ainsi, c’est le respect du culte de la loi de Dieu qui est le point majeur de ces écrits. Le roi doit, comme les autres, obéir à des règles et doit être sage et équitable. Il ne doit pas vivre dans un faste trop important et doit savoir écouter son peuple. La reine possède également un pouvoir important au sein de la cour et peut parfois gouverner (Jézabel en Israël et Athalie à Juda dans la bible hébraïque). Le roi possède souvent un harem, mais la reine reste l’épouse principale et la mère des héritiers. La reine mère exerce également un rôle central du temps du règne de son fils.
En ce qui concerne l’organisation militaire, un ensemble de hauts dignitaires entoure le roi et ils sont souvent mentionnés dans la bible :
- Le chef de l’armée
- Le grand scribe (gestion de la chancellerie royale)
- Le héraut
- Le grand prêtre
- Le grand maître du palais (intendant du palais).
Le royaume est découpé en districts chacun dirigé par un gouverneur. Les gouverneurs principaux sont ceux qui gèrent les capitales : Jérusalem et Samarie. Ils ont un rôle militaire et se chargent de l’administration de la police, de la justice et de l’économie de l’État (taxes et échanges commerciaux). Pour les récompenser, ils peuvent recevoir des terres de la part du domaine royal. Les sujets du roi se chargent quant à eux des travaux publics et du travail dans les champs pour le compte du Palais-Royal. Un chef de la corvée les supervise ainsi que des fonctionnaires issus des districts. Des « chefs de famille » également appelés « Anciens du pays » représentent la gouvernance des tribus, des villages et des villes. Ils s’occupent de l’aspect judiciaire, de la politique et des événements familiaux.
Le vaste territoire d’Israël et de Juda comporte un ensemble de forteresses où s’organisent les actions militaires. Un chef de l’armée dirige les garnisons ainsi qu’un grand officier et un adjudant. Des officiers militaires semblent représenter une unité d’élite professionnelle permettant de cadrer les troupes. Des soldats grecs ou chypriotes sont parfois employés comme mercenaires. Lorsqu’une guerre éclate, la majeure partie des troupes est mobilisée par un système de conscription hormis les jeunes mariés, les personnes en train de construire leur habitation ou de planter un champ.
Lorsqu’Israël fut conquis par l’Assyrie et Juda par Babylone, les royaumes deviennent des régions administrées par les gouverneurs des grands empires. L’administration que l’on connaît le mieux est celle de l’époque achéménide. La Transeuphratène comporte la Judée et Samarie comme des provinces. Le centre administratif est alors Damas. Les gouverneurs des provinces sont des membres de la population locale qui se succèdent comme dans une véritable dynastie. Chaque province est découpée en districts qui ont chacun leur propre administration, mais les anciens sont toujours des acteurs importants. Les populations dominées doivent verser des taxes régulières, effectuer des corvées et être disponibles militairement.
Selon la Torah, il existe des codes qui mentionnent des règles de justice et de droit dans ces sociétés antiques. Les questions de l’esclavage, du vol de bétail ou des crimes capitaux sont par exemple évoquées. On trouve par exemple des textes juridiques exposant un cas et la façon de le résoudre : « Si un homme frappe l’œil de son esclave, homme ou femme, et qu’il lui fasse perdre l’œil, il le mettra en liberté, pour prix de son œil. » Ou le fameux « Tu ne tueras point. ». On retrouve également le récit de certaines histoires judiciaires (par exemple : le jugement de Salomon). Les fouilles archéologiques ont permis de mettre à jour deux ostracas (tesson ou fragment de céramique servant de support d’écriture) mentionnant des affaires judiciaires.
Selon le récit de la Bible, les lois seraient également dictées par la divinité. Il apparaît que la majeure partie de ces dernières aurait été mise en place durant l’époque de l’Exode. Elles sont donc issues des rapports entre Dieu et Moïse. Étant donné que c’est le roi qui rend la justice, on dit alors que la sagesse du roi vient d’un don de Dieu. La loi est donc sacrée et l’on se doit d’y obéir afin de respecter la volonté divine. En se soumettant à la loi de Dieu, le peuple connaîtra la prospérité dans le cas contraire, il recevra un châtiment. Mais la loi peut évoluer en fonction du désir divin. Il est tout de même assez difficile de savoir si ces règles ont été appliquées ou si elles sont justes des projections des auteurs des livres sacrés.
Ce sont donc les autorités administratives qui font régner la justice (le roi et les hauts digitaires). Les prêtres et les anciens des communautés locales ont également un rôle central. A priori, une plainte est déposée auprès d’une autorité judiciaire directement par la personne victime ou un témoin de l’affaire. S’ensuit alors le jugement rendu par un collège de plusieurs juges. Des preuves et des témoignages sont recherchés et doivent être garantis par un serment divin. Ce sont ces mêmes autorités judiciaires qui s’occupent de faire appliquer la sentence. On retrouve une grande variété de cas juridiques au sein de la bible hébraïque notamment des affaires de droit pénal. Souvent, les peines répondent à la loi du talion et les cas de vengeances familiales sont fréquents. Pour des peines minimes, des amendes sont également mises en place ainsi que des réparations et des restitutions d’objets. Mais certaines condamnations sont humiliantes. Les sujets concernés tournent autour du droit à la propriété, des offenses sexuelles, du comportement impur des prêtres, etc. Une grande partie de ces lois fut ensuite revue afin de cadrer avec l’identité naissante des israélites (mariage, pratiques alimentaires, circoncision, etc.).
Les structures sociales et économiques
Les textes bibliques abordent également la question de la famille et de la maison. La maisonnée constitue une famille élargie aux serviteurs qui agit pour son propre compte, pour la communauté ou pour l’élite (royauté ou aristocratie). Les fouilles réalisées sur les sites de l’Israël antique semblent attester de ces hypothèses. La maisonnée est régie par le chef de famille qui est souvent un ancien et qui s’occupe des affaires locales. Les mariages sont arrangés par ces derniers : le père de la mariée reçoit une dotation composée de biens ou de liquidités. La mariée peut ensuite rejoindre la maison familiale de son mari. Un homme peut avoir plusieurs épouses et la femme doit en revanche une fidélité sans faille à son époux, car l’adultère conduit à la mort. Si le mari juge que la femme a commis un acte grave, il peut la répudier tout en conservant sa dot. S’il veut s’en séparer pour une tout autre raison, il le peut, mais elle récupère ses biens. La femme peut également être à l’origine de la séparation. Si l’époux décède prématurément, elle doit se marier avec son frère.
Au sein de la maisonnée, l’épouse doit donner des héritiers à son mari et l’assister. Une esclave peut également être mise à disposition du mari au cas où l’épouse ne parviendrait pas à enfanter. L’adoption est également une pratique répandue en ces temps. Le décalogue dit que les enfants doivent obéir en tous points à leurs parents et sont passibles de la peine de mort s’ils ne se conduisent pas de façon honorable. Ainsi, une fille peut être lapidée si elle se marie non vierge. En revanche, les parents ne possèdent pas de droit absolu envers les enfants. Les filles peuvent hériter du père à condition que ce dernier n’ait pas de fils et que l’homme qu’elle épouse soit de son lignage. Généralement c’est le fils aîné qui reçoit le double de la part de celle des autres enfants, mais le père peut choisir de la léguer à un autre des enfants de la lignée.
Si la maisonnée comporte des esclaves, ces derniers sont la propriété exclusive de leurs maîtres. Il peut s’agir de prisonniers de guerre, d’esclaves nés, ou de sanctions suite à des dettes impayées ou des peines juridiques. Il est écrit dans la Bible hébraïque que les esclaves ne doivent pas être maltraités à outrance, encore moins s’il s’agit d’israélites. Les maisonnées sont souvent composées de trois ou quatre pièces et représente entre 40 et 70 carrés. Les plus riches peuvent avoir des maisons allant jusqu’à 150 m². Bien sûr, les constructions sont plus vastes dans les zones rurales qu’au sein des villes. Les murs sont construits en briques et en pierres et la construction est généralement de forme rectangulaire. Les pièces sont séparées par des piliers et reliées entre elles par un mur intérieur.
Même si l’archéologie a permis d’étudier ces bâtiments et d’améliorer la connaissance du mode de vie en Israël antique, les fonctions des pièces ne sont pas encore claires. Elles peuvent servir à de multiples applications ou à une unique fonction. De nombreuses maisons étaient dotées d’un escalier et l’étage supérieur pouvait constituer un espace de vie, car le rez-de-chaussée était a priori utilisé pour le stockage des matériels et du bétail. Les toits sont constitués de terre battue. Au niveau du matériel, des fours ainsi que des fosses de stockage des aliments et des pressoirs à huile ou à vin ont été retrouvés.
Les sites urbains de Palestine déclinent dès la fin de l’âge du bronze pour ensuite se développer à nouveau à partir du début de l’âge du fer. Le développement commence par les sites situés sur la plaine côtière et s’étend peu à peu aux zones intérieures. À partir du XIe siècle, de nombreuses constructions sont érigées sur les sites principaux par la monarchie en place. Un véritable réseau urbain est en train de naître, notamment à Samarie (60 hectares) et à Jérusalem (75 hectares) qui regrouperait environ 15 000 habitants. Les sites secondaires servent quant à eux de centres administratifs provinciaux. Viennent ensuite les plus petites bourgades de moins de 10 hectares. Ces sites urbains abritent majoritairement l’élite de la société ainsi que les serviteurs. Les plus petits sites fortifiés abritent les garnisons ainsi que les réserves en eau et en nourriture nécessaires à leur approvisionnement et à celui de l’État.
Les murailles sont généralement imposantes et une seule porte fortifiée permet d’y entrer. Les sites urbains sont avant tout conçus pour pouvoir répondre administrativement et militairement. Les bâtiments officiels ont souvent un plan complexe à l’image du palais royal de Samarie qui couvrirait environ 2500 m² et serait entouré de bâtiments administratifs. Il est fermé par un mur d’enceinte et des portes décorées de chapiteaux à volutes. Plusieurs sites sont équipés de tunnels souterrains menant à des sources afin de pouvoir résister en cas de siège. Le plan de la ville et des quartiers et assez peu ordonné.
Au niveau de l’agriculture, depuis l’âge du bronze elle repose sur la polyculture et l’élevage classique dans les zones méditerranéennes. Les étés sont chauds et secs et il pleut généralement en automne au printemps malgré des cumuls peu prévisibles qui peuvent entraîner des épisodes de sécheresse intense. L’agriculture est peu répandue sur les hauteurs difficiles d’accès. Les grandes zones de culture sont situées dans des vallées étroites proches des sources d’irrigation, peu présentes sur le territoire. Des travaux de terrassement permettent de cultiver les zones pentues des collines et permettent en outre de retenir les eaux pluviales. L’orge est la céréale la plus cultivée, puis les pois chiches, les lentilles et le lin ainsi que les oignons, les poireaux et les melons. Vient ensuite la culture de petits arbustes tels que l’olivier, la vigne ou le figuier. En ce qui concerne l’élevage, les moutons et les chèvres sont les bêtes les mieux acclimatées aux conditions locales. Le porc est très peu répandu en raison des restrictions alimentaires liées au judaïsme.
Le « calendrier de Geser », inscrit sur une tablette du Xe siècle, rythme les cultures. À partir de septembre on récolte des olives durant deux mois. S’ensuivent quatre mois de plantation et un mois réservé à la cueillette du lin. Puis, arrive le mois de récolte de l’orge, suivi deux mois de moisson, de deux mois de taille de la vigne et deux mois de vendanges. Les cultures se sont intensifiées durant la période de l’âge du fer en raison des échanges internationaux et du développement des royaumes. L’exportation d’huile d’olive et de vin représente une grande partie de ces échanges. Cela a permis que chaque terroir développe sa propre spécialité en fonction des aléas climatiques et des conditions de culture.
Durant la période monarchique, les campagnes de l’Israël antique se remplissent à vue d’œil. Les fermes s’étendent presque jusqu’aux villages et sont conçues comme en ville sur le mode de la maison à quatre pièces. Les villages ruraux sont majoritairement occupés par des familles issues de la même lignée. Ainsi, on y retrouve des structures collectives comme des presses à olives ou à vin, des greniers collectifs ou des silos à grains partagés. C’est le début des productions en coopérative. Il n’existe pas de grandes disparités de richesses dans les villages. Chaque maisonnée à son propre élevage, mais, les bêtes sont gardées collectivement. On retrouve inscrites sur certains ostracas de Samarie, des listes d’envoi de vin et d’huile d’olive vers les domaines royaux situés dans les sites urbains.
Pour peser, ce sont des poids en pierres de forme demi-sphériques qui sont utilisés au sein de l’Israël antique. Sur ces poids étaient mentionnées les valeurs qu’ils représentaient ou la marque de leur propriétaire. Le système de poids utilisé à l’époque est toutefois assez méconnu. A priori le système serait basé sur sicle (1 sicle = 11,33 g). Ce système ressemble fortement à celui utilisé par l’Égypte antique ce qui témoigne de deux choses : l’influence notable de l’Égypte à cette époque et la volonté de développer le commerce. Un autre système de poids serait a priori existant, mais l’on ne sait pas pour quelles applications il était réservé. Toutefois, on retrouve le terme « beq’a » qui signifie « diviser » à de nombreuses reprises dans la Bible hébraïque.
Tout ceci démontre bien du développement du commerce et de la croissance des échanges. Il est possible que la majeure partie de ces échanges soit contrôlée par l’administration après un prélèvement et une redistribution. Toutefois, des commerces locaux existent, assimilés aux bazars que l’on connaît actuellement. Les deux axes majeurs d’échange sont la route de la mer et la route du roi qui évitent les deux royaumes, mais lui sont néanmoins profitables. Les rois israélites ont toujours été attirés par les proches cités marchandes phéniciennes comme celle de Tyr. Ils ont ainsi souhaité contrôler les routes desservant la Phénicie et la Syrie. Durant le septième siècle, des échanges à distance s’instaurent en direction de l’Arabie du Sud.
Lorsque les guerres contre l’Assyrie éclatent, une grande partie de la population d’Israël et de Juda est exilée. Ce phénomène, appelé diaspora, est à l’origine de la communauté judéenne juive. Les premiers étant restés dans leur pays d’origine et les seconds s’étant regroupés en pays étranger. Il est impossible de savoir le sort qu’ont réservé les Assyriens aux personnes déportées, car il n’existe aucune trace de cet événement. Par contre, il existe des éléments concernant la communauté judéenne exilée en Babylonie que ce soit en termes de textes bibliques ou d’archéologie. On sait que ce sont les élites politiques et religieuses qui ont été déportées en premier dans le but de déséquilibrer la révolte. Mais ces prisonniers sont intégrés à la famille royale babylonienne et bien traités malgré le fait qu’ils n’ont plus aucune autorité. Les religieux patientent et n’essayent pas de créer un culte de Yahweh au sein de Babylone. Les personnes déportées appartenant à un rang plus modeste sont également mêlées à la population régionale et peuvent entreprendre des affaires. Malgré le fait qu’il soit bien intégré en Babylonie, les déportées parviennent à préserver leur identité judéenne après plusieurs générations de vie sur place.
L’autre partie constitutive de la diaspora est due à un événement d’exil volontaire. Selon les écrits bibliques accrédités pas les fouilles archéologiques, il s’agirait de la communauté d’Égypte. Certains sont devenus mercenaires alors que d’autres travaillent sur les territoires agricoles. Contrairement aux déportés, il continue de vouer un culte à Yahweh. Ils ont même bâti un temple dans lequel il vénère ainsi que d’autres divinités. La question du retour en Israël est certainement moins importante pour la population exilée volontairement que pour les déportés, mais l’influence du temple de Jérusalem fait que cette population résidant en Égypte se range aux réformes religieuses amenant le judaïsme.
Le fonctionnement religieux
L’aspect religieux est le point le plus important d’Israël antique. La Bible hébraïque vante la croyance monothéiste, mais ce recueil de textes est avant tout une sorte d’idéal religieux qui se démarque de la réalité de la situation. En jugeant le polythéisme de pratique incorrecte, la Bible informe sur le fait que les hommes croyaient en plusieurs dieux avant que ne triomphent Yahweh et le temple de Jérusalem. C’est en cela que le peuple juif et sa religion se différencient de celle des autres pays du Proche-Orient. Ces multiples changements auront un réel impact sur l’histoire de l’humanité même si l’on ne sait pas dater avec précision les étapes clés qui ont permis l’émergence de la croyance monothéiste. Il ne faut pas confondre les pratiques du peuple et celles énoncées dans les écrits bibliques, les fouilles archéologiques ont encore permis d’apporter des précisions essentielles. Les pratiques et croyances religieuses israélites furent alors comparées avec celle des régions voisines et notamment celle d’Ugarit.
Les royaumes d’Israël et de Juda ont pour divinité Yahweh (YHWH en hébreu dans la bible hébraïque). Ce serait les habitants de Juda qui aurait commencé à lui vouer un culte ensuite adopté par les israélites. Aujourd’hui encore il est difficile de comprendre l’origine du nom de ce dieu qui, selon certains psaumes, serait issu d’un mélange d’influences. C’est un grand dieu créateur à l’image de ceux du Panthéon. Il est également appelé « dieu de la tempête » ou « Yahweh des armées » pour son aspect guerrier. Il a également un côté céleste dans certains écrits. C’est en regroupant différentes fonctions, auparavant attribuées à chaque divinité, qu’il devient unique. Il préside Israël et Juda, fait élire son roi et entendre ses volontés. On parle d’ailleurs d’alliance pour qualifier un certain engagement réciproque entre le peuple et Dieu. Si cette alliance n’est pas respectée, Yahweh fera s’abattre sa colère sur son peuple par différents moyens. Le non-respect de cette alliance représente une infidélité au même titre que dans l’union sacrée du mariage. Au fil du temps, un corpus est né listant toutes les lois que le peuple doit respecter pour honorer son dieu. Plusieurs lieux de culte seront érigés en Israël et à Juda pour célébrer Yahweh, mais le site religieux majeur reste le temple de Jérusalem construit à l’origine par Salomon.
Selon la Torah, la croyance monothéiste en Yahweh remonte à l’Exode. Si les historiens se sont d’abord rangés à cette hypothèse, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ils pensent que la religion était tout d’abord polythéiste au sein de l’Israël antique et que le monothéisme se serait développé autour de la période de l’Exil. L’archéologue américain W.F Albright pense que les israélites vénèrent un Dieu unique depuis la période de Moïse. Ils auraient peut-être admis la présence d’autres divinités ou astres à l’époque de la monarchie, mais sans les célébrer. Les recherches historiques montreraient quant à elle que le monothéisme aurait émergé au début du premier millénaire avant J.-C. la religion polythéiste quant à elle est qualifiée de « cananéenne » en raison des écrits bibliques qui parlent de plusieurs dieux à l’âge du bronze et du fer.
L’adoration de Yahweh aurait été poussée par Amos et Osée à partir du septième siècle et ferait partie des réformes d’Ezéchias et de Josias. Le culte de Yahweh se ferait alors uniquement autour du temple de Jérusalem et plus par les icônes religieuses. La religion monothéiste ne concernerait au départ que les élites et mettra du temps à s’imposer. Mais qu’il s’agisse des écrits bibliques ou des fouilles archéologiques, ils font état d’une diversité de pratiques et de croyances en Israël et Judas même durant la période post exilique. C’est ce que mettent en exergue les épigraphes mises à jour sur les sites d’Israël antique. Ces croyances sont issues de traditions religieuses anciennes du sud du Levant ou d’une influence étrangère. Par exemple, selon le livre des rois le dieu de l’orage Ba’al viendrait de Phénicie importée par la reine Jézabel. Des déesses sont également vénérées dans l’Israël antique et leur place exacte est très controversée aujourd’hui. De plus, les israélites vouaient a priori un culte aux astres et aux créatures surnaturelles comme les anges ou les démons.
Même s’il n’est pas le seul, Yahweh est le Dieu principal des royaumes d’Israël et de Juda et rassemble toutes les strates de la population. La naissance monothéisme stricte est avérée qu’à partir de la seconde moitié du XVIe siècle selon le Deutéro-Isaïe. Encore aujourd’hui, la cause de l’émergence du monothéisme est très floue. Il semble que plusieurs éléments en soit la cause comme l’hénothéisme mésopotamien, la destinée du peuple et sa propre expérience, la réforme religieuse de Josias et la place centrale du temple de Jérusalem, et enfin l’exil à Babylone et l’effondrement du pouvoir monarchique.
Les lieux de culte étaient variés au temps de l’Israël antique et destiné à Yahweh ainsi qu’à d’autres divinités. Le sanctuaire le plus répandu est celui que l’on appelle « haut lieu » dans les écrits bibliques. Il est érigé sur les hauteurs et peut se présenter ouvert ou fermé. L’archéologie a permis de découvrir un grand nombre de ces sites, dont celui de Tel Dan. Il se présente sous la forme d’une plate-forme ou d’un autel et est entouré d’autres petites constructions comme un bassin et une presse à huile. Les archéologues ont pu déterminer qu’il s’agissait de lieux de culte grâce au matériel qui s’y trouvait : de la céramique pour les sacrifices, des figurines et certains objets présentant une inscription ont été découverts. Mais également des stèles ou des autels pour les sacrifices.
Pour célébrer les dieux principaux, des temples étaient construits comme celui de Jérusalem qui est le plus connu. Il est aujourd’hui impossible de fouiller ce site, car il est placé sur l’esplanade des mosquées, lieu saint pour le judaïsme et l’islam, qui interdisent toute recherche. Il est alors obligatoire de se fier aux descriptions bibliques en ce qui concerne le plan du temple. Ce plan tripartite est une des caractéristiques des temples du Proche-Orient. À l’entrée du temple se trouve le vestibule qui permet de séparer l’espace public et l’espace sacré. Puis, on arrive dans la Demeure où se déroulent les rites religieux et enfin le « Saint des Saints », antre de l’Arche de l’Alliance construite à l’époque de l’exode et symbolisant la présence de Yahweh en sa demeure. Ce temple fut détruit par les Babyloniens et reconstruit durant l’époque achéménide. Le seul temple à avoir pu être fouillé est celui de Tel Arad qui ressemble fortement à celui de Jérusalem. Afin de regrouper le culte autour du temple de Yahweh, les hauts lieux ont été détruits sous Josias. Si cette doctrine est bien accueillie au royaume de Juda, les Samaritains font quant à eux de la résistance.
La Bible hébraïque nous informe des différents rituels mis en place pour le culte de dieu :
- Le sacrifice ou holocauste: un animal est souvent brûlé et la graisse est offerte à dieu.
- Les offrandes: il peut s’agir de farine mélangée à l’huile et cuite sous l’autel, de vin ou d’encens.
Chaque jour Yahweh doit recevoir un holocauste ainsi que des offrandes et certains sacrifices pouvaient être perpétrés en vue de se faire pardonner un péché ou s’attirer les faveurs du dieu. Le Livre des Psaumes regroupe les gestes et les chants (hymnes, poèmes, lamentations, etc.) dédiés à la vénération du dieu. Au niveau des postures, on retrouve la prosternation pour la récitation des prières. Plusieurs jours sont sacrés et mentionnés dans le calendrier liturgique israélite comme le sabbat et la néoménie (nouvelle lune). Les jours chômés ainsi que les fêtes annuelles sont accompagnés de rites religieux spécifiques. Par exemple pour pesah (pâque) un animal est tué pour commémorer le retour de la postérité. La fête des Azymes célèbre le printemps par des offrandes de pain. La Bible hébraïque parle également d’années sabbatiques tous les sept ans ainsi que d’années jubilaires tous les 50 ans, mais il est fort probable qu’elles n’aient jamais été appliquées.
D’autres rituels sont mentionnés dans la Bible comme étant proscrits : le culte aux statuts de bovins perpétrés dans d’autres religions Ouest sémitiques ainsi que les rites de fertilité comprenant un aspect sexuel. Les serpents de bronze que l’on retrouve dans certains lieux de culte sont mentionnés comme guérisseurs par la bible. La Bible évoque également des sacrifices d’enfants en bas âge perpétrés par des habitants de l’Israël antique. L’art divinatoire et le prophétisme sont également exercés et les prêtres de Yahweh les pratiquent en utilisant des objets appelés ûrîm et tummîn pour tirer au sort. L’interprétation des rêves est également assez répandue et relatée dans certains écrits bibliques. En revanche l’astrologie et la communication avec les morts sont interdites par la religion yahwiste.
Les prêtres représentent le lien entre la divinité et les hommes et s’occupent de la gestion des temples et autres lieux de culte. Le Grand Prêtre est un haut dignitaire qui n’est soumis qu’au roi et qui dirige les autres prêtres dans l’exécution des rites et pratiques religieuses. On devient prêtre de père en fils et un habit particulier les caractérisent. Les Lévites exerçaient de petites tâches avant la réforme de Josias et ont peu à peu gravi les échelons. Le personnel des lieux de culte doit suivre strictement les règles énoncées au sein de la Torah. En Israël antique, il n’y eut pas de femmes prêtres contrairement à Ugarit. Certaines exercent des tâches au sein du lieu de culte, mais ne peuvent pas franchir la porte du sanctuaire. De nombreux travailleurs œuvrent pour le fonctionnement matériel du temple et les prêtres perçoivent la dîme et une partie des offrandes.
Les livres prophétiques ont une grande importance dans l’histoire antique d’Israël et de Juda. Les acryliques conventions de nombreux prophètes : Amos et Osée, Jérémie et Ézéchiel ainsi que Daniel durant l’Exil par exemple. Un prophète est un homme qui reçoit le message de Dieu et peut ainsi le transmettre au peuple du royaume. Ils auraient des pouvoirs divinatoires et miraculeux en raison de leur lien avec Yahweh. On retrouve notamment dans le Livre des Rois des résurrections, des guérisons ou une multiplication des denrées alimentaires. Les principaux messages des prophètes durant l’époque monarchique sont orientés afin que le roi vénère uniquement Yahweh et qu’il s’occupe bien de son peuple. Les prophètes sont parfois en faveur du roi ou contre sa politique et sont souvent très critiques envers la population. Ils sont très importants dans la société antique et il est possible qu’ils aient joué un rôle clé dans la conception et la propagation du monothéisme.
Selon la Bible hébraïque, les israélites avaient de fortes croyances sur la mort. Les vivants venaient de Dieu et retournaient auprès de lui dans la mort. Le domaine des mots serait un monde souterrain appelé Sheol. Il est illustré comme un domaine sombre où les défunts errent tristement sans un dieu à leurs côtés pour les éclairer. La mort est parfois personnifiée en un horrible personnage dans certains textes. Un deuil de plusieurs jours est pratiqué, en guise de rituel funéraire, lorsque quelqu’un décède. Les membres de la famille pleurent, se lamentent et arrêtent de prendre soin d’eux durant ce laps de temps. Les morts sont ensevelis et les sépultures sont très variées : cela peut être une fosse ou une structure en pierre, des tombes collectives ou individuelles sont parfois également creusées dans la roche. Durant l’époque monarchique, on voit de plus en plus de tombes collectives naître à Juda, ce qui symbolise l’importance de la famille.
Les tombes des élites sont agencées de manière complexe et richement ornées. Les fouilles archéologiques ont permis de mettre à jour de telles sépultures à Jérusalem et au nord de la porte de Damas par exemple. Les ossements sont rassemblés dans des puits aménagés dans les tombes. Des cercueils en pierre en forme de cuve ont également été découverts semblant être inspirés du mouvement assyrien. Les cas de crémation sont rares et proviennent des pratiques funéraires des Phéniciens. Ils sont interdits par la religion yahwiste, mais sont la preuve d’une certaine solidarité du clan entre l’Israël antique et les peuples voisins du Levant. La Bible évoque des « collèges cultuels » qui seraient en fait une sorte de banquets funéraires. Le but de ces repas serait d’associer les morts et les vivants dans un dernier rite afin que les défunts ne les hantent pas. Le contact avec les morts (nécromancie) est interdit par la Bible, mais néanmoins pratiqué.
La naissance de l’écriture en Israël antique
Vers le Xe siècle, l’écriture des israélites émerge en étant tirée de l’alphabet phénicien. On dénombre 22 lettres composant cet alphabet, appelé paléo hébraïque. L’hébreu est à mi-chemin entre le phénicien et l’araméen et comprend de nombreuses variantes notamment entre les royaumes d’Israël et de Juda. Mais ce sera le dialecte de Juda qui sera utilisé pour la rédaction des écrits bibliques. Sous la domination assyrienne, c’est l’araméen qui devient la langue majoritaire des royaumes du Moyen-Orient, car il est le plus parlé. Ce dialecte va prendre le dessus sur l’hébreu qui disparaîtra autour du cinquième siècle. Différents types d’Araméens sont parlés entre le Nord et le Sud et certains textes bibliques datant du quatrième siècle seront rédigés en cette langue. Toutefois, c’est l’hébreu qui continue d’être utilisé au sein des cultes religieux en particulier ceux de Samarie. L’évolution de l’alphabet araméenne conduira à la naissance de l’alphabet hébreu qui rythmera le début de la période chrétienne à Juda.
À partir du septième siècle, l’écriture se démocratise et les écrits sont de plus en plus nombreux. On observe notamment sur certains supports de type parchemins, Ostraca ou sur les sceaux au bas des lettres. Cela permet à l’administration de se développer et d’adopter sa propre manière de fonctionner. L’essor de l’écriture fait aujourd’hui l’objet d’une controverse : si certains pensent qu’elle s’est rapidement développée en s’appuyant sur la rédaction de textes élaborés par les scribes du royaume, d’autres en revanche pensent que le développement est modéré, car l’étude des textes montre qu’il s’agit surtout d’écrits assez brefs. Ce que l’on sait, c’est que les jeunes scribes recevaient un enseignement de la part des plus anciens.
Seuls les textes de la Bible hébraïque peuvent être attribués à des scribes issus de l’Israël antique. La conception, la synthèse ainsi que le remaniement de ces écrits ont eu lieu sur une période d’environ 1000 ans. Ces textes sont peut-être inspirés d’autres écrits datant de l’Antiquité. Malgré tout, l’écriture et la mise en forme de nombreux textes bibliques et de la Torah montrent un côté assez innovant. En termes de littérature, ces écrits sont très variés :
- Narrations,
- Documentation de loi,
- Récits épistolaires,
- Poèmes et chants,
En lisant la Bible hébraïque, on passe d’un univers littéraire à un autre, ce qui en fait un document très intéressant et unique en son genre. Tous les textes ont été sélectionnés afin d’avoir un rapport avec les israélites et le dieu Yahweh. Les livres des rois sont constitués de récits historiographiques semble faire partie du courant deutéronomiste. Les textes s’appuient sur des annales conservées dans les royaumes de Juda et d’Israël. Les écrits retracent l’histoire de certains rois qualifiés de bons ou de mauvais en fonction de leurs rapports à Dieu, de leur aspect guerrier ou de leur façon de s’occuper de leur peuple. Les récits sont centrés autour du culte de Jérusalem et de l’Alliance entre le peuple et Yahweh. Ils relatent également des cas de colère divine dans le cas où un roi se serait mal comporté. Ils retracent particulièrement la vie de la population de Juda et moins celle du royaume d’Israël. Comme les chroniques babyloniennes, certains textes sont de courtes annales et d’autres, plus complexes, intégrant des oracles ou des bribes de discours.
Le Livre des Psaumes et le Livre des Lamentations sont quant à eux basés sur la poésie et le chant d’hymnes. Leur rédaction date de diverses périodes, mais ils gardent volontairement un côté désuet. Les textes ne sont pas forcément écrits en rimes, mais font preuve de métaphores poétiques. On y retrouve des louanges à l’attention de Yahweh, des supplications, mais également des hymnes. Les lamentations sont dédiées quant à elles à la destruction de Jérusalem. On retrouve également dans ces textes « la sagesse » qui est un courant littéraire typique de l’Égypte ancienne. Le principe est la justice rétributive, une sorte de responsabilité collective énoncée dans l’Alliance qui s’appuie sur 3 points : la justice, la vénération et la crainte du dieu. En tant que sage, il est important d’être modéré et simple dans ses actions et cela se ressent dans sa façon de s’exprimer et de jouer avec les mots. Parfois difficile à appréhender, la sagesse compose la majeure partie du Livre de Job, qui est toutefois reconnu comme un chef-d’œuvre littéraire antique. On y étudie le triomphe des mauvais face aux bons afin de mettre en illustration ce principe face à la réalité.
Les Oracles sont quant à eux divisés en deux parties :
- Les Oracles de jugement, qui montre le peuple châtié par Dieu pour non-respect de l’alliance.
- Les oracles de salut, qui énoncent la façon dont Dieu viendra aider son peuple à se libérer et à prospérer.
Sont abordés de nombreux aspects sociaux, en particulier la défense des plus démunis face à l’opulence. On retrouve des oracles dans les Livres des Rois et dans l’Exode. Depuis le huitième siècle, on assiste à la coutume de remanier les prophéties afin de les transformer en thématique principale d’un ouvrage. On appelle cette habitude le phénomène des prophètes écrivains. Ce sont souvent les disciples qui reprennent les oracles prononcés par leurs maîtres. Ils sont souvent reformulés lorsqu’ils sont trop anciens et rédigés sous une forme plus poétique. Ils sont nourris de diverses figures de style et d’un langage particulier qui font d’eux des pièces littéraires uniques. De plus, la vie des prophètes est souvent développée dans les ouvrages prophétiques.