Les relations entre Israël et la Russie

Lorsque l’on évoque les relations entre Israël et la Russie, on veut bien entendu parler du type de relations diplomatiques entretenues entre l’État d’Israël et la Fédération de Russie. Nous allons voir, au cours de cet article, que les relations entre les deux pays membres des Nations Unies remontent assez loin. L’Union soviétique a, d’ailleurs, soutenu l’ONU qui prévoyait un partage de l’État palestinien au profit d’un État hébreu indépendant. Nous allons étudier les origines des relations entre Israël et la Russie ainsi que l’état des relations diplomatiques au cours des différents évènements historiques.
Les origines des relations entre Israël et la Russie
l faut remonter en 1941, aux prémices de la Seconde Guerre mondiale pour comprendre les origines des relations entre Israël et la Russie. Juste avant l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie, les acteurs à la base du mouvement sioniste entrent en contact avec le gouvernement russe.
Le dirigeant russe de l’époque, Joseph Staline, prévoit une victoire écrasante de l’Allemagne sur les alliés français et anglais. Il pense alors tirer parti de la réduction de l’influence anglaise sur la Palestine.
Chaïm Weizmann, président de l’Organisation sioniste mondiale, basé à Londres, rencontre alors l’ambassadeur soviétique Ivan Maïski pour anticiper le devenir de la Palestine. Il est alors décidé de la création du nouvel état avec le soutien de la Russie. Le projet est concrétisé dès la fin de la guerre.
Le plan de partage de la Palestine est adopté en novembre 1947. Il y a donc désormais deux états distincts : un juif et un arabe. La création effective de l’État d’Israël date du 14 mai 1948 et la Russie est l’un des premiers pays à le reconnaître et vote, un an plus tard, pour l’admission d’Israël aux Nations unies.
David Ben Gourion, Premier ministre de l’État d’Israël, fait de l’achat d’arme sa priorité. La Russie, alors URSS, lui apporte alors son soutien militaire. La Tchécoslovaquie, sous pression soviétique, livre entre 1948 et 1951, divers armements, plus ou moins lourds, à Israël, et prend en charge la formation militaire.
Malgré cela, les relations entre Israël et la Russie ne sont pas au beau fixe, car ce soutien est motivé par le fait d’empêcher l’influence britannique au Moyen-Orient dès le début de la guerre froide. De plus, Staline est connu pour faire valoir une politique plutôt antisémite sur son territoire.
Les relations entre les deux états se dégradent alors rapidement, et notamment suite à l’affaire du « complot des blouses blanches » qui fait état de l’accusation de médecins soviétiques juifs de l’assassinat de deux dirigeants soviétiques en 1953.
De plus, l’URSS étant un pays verrouillé, les résidents juifs ne peuvent pas émigrer en Israël, ce qui complique davantage ces relations déjà tendues. Puis, suite à l’attentat à la bombe contre les légataires soviétiques de Tel-Aviv en février 1953, les relations sont totalement rompues.
Elles reprennent en juillet 1953 après le décès de Joseph Staline et la prise de pouvoir de Nikita Khrouchtchev. Toutefois, les deux pays conservent des relations distantes et Moscou se rapproche des pays arabes, alors en guerre avec l’État hébreu, qui lui se lie au bloc de l’Ouest.
En 1955, un traité de coopération militaire est signé entre la Tchécoslovaquie et l’Égypte, alors que cette dernière avait armé l’État sioniste huit ans auparavant. Les armées égyptiennes de Nasser obtiennent alors de l’armement moderne et des véhicules de combat soviétiques.
L’état des relations diplomatiques durant la guerre des Six Jours
En 1967, Moscou se range officiellement aux côtés des pays arabes au cas où une attaque émanerait de l’État d’Israël. Le but de cette prise de position de la part des Russes est de mettre en place une solution de paix durable entre l’Égypte et Israël concernant le détroit de Titan.
Pourtant, la guerre des Six Jours éclate et l’URSS est prise de court. Elle appelle alors Israël à « cesser immédiatement et inconditionnellement les hostilités, et à replacer ses troupes derrière la ligne de cessez-le-feu ».
Mais l’offensive israélienne se poursuit et l’URSS demande la prise de mesures d’urgence au conseil de sécurité afin que le conflit cesse. C’est alors que les relations diplomatiques entre Israël et la Russie se rompent pour la seconde fois de leur histoire. Cette rupture durera jusqu’à la chute de l’Union soviétique en 1991.
L’état des relations diplomatiques durant la guerre du Kippour
En 1973 lors de la guerre du Kippour, la Russie soutient l’Égypte après que l’armée ait menacé de se tourner vers les États-Unis qui avaient armé massivement les Israéliens. Les deux pays sont alors équipés d’armes de haute technologie et l’Égypte empêche Israël de maîtriser l’espace aérien contrairement à la guerre des Six Jours.
L’URSS parvient le 23 octobre 1973 à obtenir de l’ONU une résolution des cessations des hostilités et menace Israël en mettant sept divisions aéroportées en alerte pour assurer la victoire de l’Égypte. Les Israéliens se résolvent alors à arrêter toute action militaire et acceptent le cessez-le-feu.
La reprise des relations entre Israël et la Russie
Ce n’est qu’en 1979 qu’un traité de paix entre l’Égypte et Israël est signé. Les Égyptiens décident alors de geler leurs relations avec l’URSS pour se tourner vers les USA. Cela a pour effet immédiat de diminuer l’influence des Russes sur le Moyen-Orient et ils ne peuvent plus prendre le parti arabe contre Israël.
En 1986, les délégations consulaires israéliennes et soviétiques se rencontrent à Helsinki en vue d’un rapprochement. C’est en octobre 1991 que Mikhaïl Gorbatchev rétablit définitivement les relations après plus de 20 ans de rupture.
Cela a lieu deux mois avant la fin de l’Union soviétique et permet que les juifs qui résident en Russie émigrent vers Israël. On estime que cela concerne plus d’un million de personnes, soit près de 20 % de la population israélienne.
L’après-guerre froide
En 1994, le Premier ministre israélien reçoit le prix Nobel de la paix après avoir signé à Oslo les accords de paix israélo-palestiniens. En 2000 Vladimir Poutine est élu à la tête de la Russie et les relations avec Israël sont aussi fortes que divergentes sur certains points notamment concernant les relations entre la Russie et les états ennemis d’Israël comme l’Iran ou la Syrie.
Au cours de la même année, des affrontements ont lieu en simultanée dans les deux pays : la seconde guerre de Tchétchénie en Russie et la seconde intifada en Israël. Les deux gouvernements prennent alors la direction commune de la lutte contre le terrorisme islamiste.
En 2005, lors d’un déplacement de Poutine en Israël, ce dernier déclare au Premier ministre Ariel Sharon que la Russie est un allié stratégique d’Israël. À compter de 2009, des contrats sont conclus entre les deux états et portent sur l’achat, le transfert et la localisation de drones à Ekaterinbourg.
À cause des relations tendues entre Israël et les États-Unis suite à la guerre de Gaza en 2014, Israël choisit de se tourner vers la Russie pour une diversification de ses partenariats. Les deux pays étant plus proches que jamais, Israël ne condamne pas la Russie pour l’annexion de la Crimée en 2014. Les échanges commerciaux entre les deux états explosent.
Au cours de la guerre civile en Syrie
En 2015, soit quatre ans après le début du conflit civil en Syrie, la Russie intervient militairement. Les actions militaires israéliennes et russes sont alors coordonnées par accord entre le Premier ministre Benyamin Netanyahou et Vladimir Poutine. Une ligne directe entre la base aérienne russe en Syrie et Tel-Aviv est créée.
Le 7 juin 2016, le Premier ministre israélien se rend à Moscou pour célébrer le 25e anniversaire du rétablissement des relations diplomatiques entre Israël et la Russie. En 2018, Israël bombarde le territoire syrien en visant plus particulièrement les forces iraniennes dans le but de les empêcher de s’implanter militairement en Syrie.
La Russie, pourtant alliée de l’armée syrienne, tolère ces frappes, car Poutine comprend les problèmes d’ordre sécuritaires craints par Israël. Benjamin Netanyahu se rend régulièrement à Moscou afin de préserver les relations entre les deux états malgré les divergences d’opinions.
Un incident éclate toutefois en septembre 2018 lors d’un raid aérien, un avion russe est abattu par erreur par la défense antiaérienne syrienne déclenchée après le bombardement par les Israéliens d’un dépôt de munition.
Israël reconnaît alors les faits qui l’implique, mais exclue fermement de s’être servi de l’avion russe comme d’une couverture pour contrer les tirs de l’armée syrienne. La Russie renforce alors sa défense aérienne et impose à Israël l’arrêt des raids. Malgré cet incident, les relations entre Israël et la Russie ne seront pas impactées.