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jeu' 28 Mar' 2024

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Les relations entre Israël et l’Iran

Table des matières

L’histoire des relations diplomatiques entre Israël et l’Iran est loin d’être un long fleuve tranquille. En effet, si au commencement, les deux états étaient étroitement liés par des alliances politiques, les relations se sont ensuite fortement dégradées suite à l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Rouhollah Khomeini. Depuis plus de 2500 ans, une communauté de Juifs persans occupe une partie de l’Iran, ce qui place le pays comme celui ayant la plus grande population juive du Moyen-Orient. Cependant, une grande partie de la population juive iranienne vit en Israël. Nous allons étudier plus en détail dans cet article, les relations entre Israël et l’Iran au fil du temps.

Les relations diplomatiques de la création d’Israël à la Révolution iranienne

Entre 1948, année de création de l’État d’Israël, et 1979, date de la Révolution iranienne, les relations entre les deux pays sont au beau fixe. L’Iran est alors dirigé par la Dynastie Pahlavi, fondée avec l’état impérial de Perse en 1925.

Ce sera la dernière dynastie à diriger le pays avec la prise de pouvoir par l’État islamique. L’Iran fut le second pays musulman à reconnaître l’État d’Israël, juste derrière la Turquie. Les deux états conservent des rapports étroits malgré le vote de l’Iran, en 1975 et comme 72 autres états, en faveur de la Résolution 3379 de l’Assemblée des Nations Unies. 

La Résolution 3379 définit pourtant le sionisme comme une forme de racisme. De grands projets militaires communs sont alors entrepris, tels que le Projet Fleur en 1977 qui a pour but de reproduire un missile américain à l’aide de matériel fabriqué en Israël.

L’état des rapports sous la Révolution islamique

Durant la seconde période de règne de la dynastie des Pahlavi, l’ayatollah Rouhollah Khomeini entre en campagne contre le Shah Mohammed Reza Pahlavi. Ce dernier soutenant l’État d’Israël, Khomeini déclare alors que l’État hébreu est un ennemi de l’Islam.

Dès la deuxième phase de la Révolution iranienne en 1979, la République islamique prend le pouvoir et les relations avec Israël cessent immédiatement. L’état iranien réfute la reconnaissance d’Israël et va jusqu’à transformer l’ambassade israélienne encore présente dans le pays, en ambassade palestinienne.

Khomeini instaure alors une journée durant le mois de ramadan (Al Qods) ou les musulmans doivent descendre dans la rue et s’élever contre Israël et le sionisme. Sadaam Hussein, qui est à l’époque soutenu par les pays occidentaux, menace alors de bombarder ces manifestants.

Malgré cette menace, des millions de personnes manifestèrent lors de cette journée en 1985. Au cours de la même décennie, l’ayatollah Khomeini ordonne aux pasdarans de se rendre au Liban afin de créer des milices chiites qui affronteront par la suite l’armée israélienne.

En 1982, on assiste à la création à Téhéran du Hezbollah. Ce groupe politique islamiste chiite est composé de 500 gardiens de la révolution islamique. Ces djihadistes combattront contre Israël durant les guerres successives au Liban entre 1991 et 2006.

Les relations depuis 1989

Ali Khamenei

Suite au décès de Khomeini, c’est Ali Khamenei qui est élu « guide suprême » en 1989. Toujours très hostiles à l’état israélien, les relations sont bien loin de s’améliorer. Khamenei ira même jusqu’à qualifier Israël de « tumeur cancéreuse » en 2009 dans un livre pro palestinien.

Il appelle à la suppression de l’état et renouvelle son soutien à tout pays qui s’engagerait militairement contre Israël. Cette haine viscérale l’amène à proposer un référendum pour la disparition de l’état hébreu. Il souhaite que participent les Juifs vivant en Israël ainsi que le peuple arabe.

S’il souhaite que l’État d’Israël soit supprimé, il déclare tout de même que cela n’entraînerait pas pour autant l’anéantissement du peuple juif l’occupant. Il considère et déclare en 2015 qu’Israël est voué à disparaître sous 25 ans. En 2020, il définit la lutte en faveur de la Palestine comme un devoir islamique.

Mohammad Khatami

En 1997, le président réformateur Mohammad Khatami est élu en Iran. Si certains y voient une possible amélioration des relations entre Israël et le peuple iranien, il n’en est rien. Khatami qualifie l’État d’Israël de « parasite et d’illégal ».

Il déclare toutefois qu’il fait la différence entre le sionisme et le judaïsme et promet de protéger les minorités religieuses présentes en Iran. En 2004, il accepta de s’entretenir avec un journaliste israélien pour la première fois.

Mahmoud Ahmadinejad

En 2005, un candidat imprévu est élu à la tête de l’Iran : Mahmoud Ahmadinejab. Les relations diplomatiques entre Israël et l’Iran se durcirent alors un cran de plus. Pour preuve, voici le discours tenu par ce dernier dans un entretien pour la chaîne iranienne Al Alam, durant un sommet de pays islamiques :

« Certains pays européens persistent à dire que durant la Seconde Guerre mondiale, Hitler brûla des millions de Juifs et les mit dans des camps de concentration. Tout historien, commentateur ou scientifique mettant en doute cela est mis en prison ou condamné. Bien que n’étant pas d’accord avec cette vision, à supposer que cela soit vrai… si les Européens étaient honnêtes, ils devraient céder quelques-unes de leurs provinces (comme en Allemagne, en Autriche, ou dans d’autres pays) aux sionistes et les sionistes pourraient alors créer leur État en Europe. Proposez un endroit en Europe et nous soutiendrons cette proposition ! »

Suite à cette déclaration, il a également indiqué se rallier aux propos de l’Ayatollah Khomeini concernant la disparition de l’État d’Israël. Il fut même plus virulent en ajoutant qu’Israël devait être rayé de la carte.

La plupart des pays occidentaux, comme l’Europe ou la Russie ont fermement condamné ces propos haineux. Certains pays musulmans comme l’Égypte, la Turquie et même la Palestine ont exprimé leur gêne à propos de cette déclaration.

Il s’ensuit alors une controverse sur une possible erreur de traduction des propos de Mahmoud Ahmadinejab. Le principal concerné se défend alors en déclarant qu’il fut créé de toute pièce d’un fort ressentiment autour de ces propos.

En 2006, de fins traducteurs affirment que l’expression exacte utilisée par Ahmadinejab serait « balayé des pages du temps » plutôt que « rayé de la carte ». Quoi qu’il en soit, ces propos forts ont donné le ton des relations entre les deux pays à cette époque.

On note en 2008, lors d’un congrès sur le tourisme à Téhéran, la déclaration du vice-président iranien : « Aucune nation au monde n’est notre ennemie. L’Iran ne veut faire la guerre à aucun pays et L’Iran n’a fait que se défendre lors de la guerre Iran-Irak ».

Un évènement important s’est déroulé en 2020, pouvant mettre à nouveau en péril les relations tendues entre Israël et l’Iran. Le chef du département de la recherche nucléaire en Iran, Mohsen Fakhrizadeh-Mahabadi ainsi que son chauffeur, furent assassinés le 27 novembre.

Le ministre iranien des Affaires étrangères ainsi que l’ambassade d’Iran pour les Nations Unies émettent alors des soupçons sur la possible implication de l’État d’Israël dans cet assassinat par balles. C’est le sixième assassinat de scientifiques délégués au programme nucléaire en Iran en 13 ans.

Les alliances commerciales

De ces mauvaises relations diplomatiques découlent des alliances commerciales inexistantes. En 1998, des centaines de sociétés israéliennes ont été condamnées pour avoir effectué un certain nombre de transactions illégales avec l’Iran.

Nahum Manbar, homme d’affaires israélien a d’ailleurs écopé de 16 ans de prison en Israël pour avoir établi des liens commerciaux avec Téhéran. En 2011 des sanctions furent appliquées à la compagnie israélienne Ofer Brotherqui aurait vendu des navires à l’Iran dans le cadre de son alliance commerciale avec les États-Unis.

En mai 2020, et juste avant le déroulement de la journée de protestation contre l’état d’Israël, Al Qods, est votée une loi qui interdit tout type de coopération avec l’état hébreu. Le site d’information iranien Fars qualifie même toute coopération ou transaction avec Israël comme une haine envers Dieu et une incitation à la corruption.

Les relations militaires

En ce qui concerne l’état des relations militaires, il faut savoir qu’Israël fut consulté pour un projet d’armement de l’Iran en prévision de la guerre Iran-Irak. Mais cette possible alliance fut stoppée nette dès 1979 et l’arrivée au pouvoir de Khomeini. Le projet Fleur fut alors interrompu.

En 1985 débuta la vente d’armes américaines à l’Iran via Israël suite à l’aval du président américain Reagan. On estime que ces transactions comprenaient 2008 missiles et 235 kits en pièces détachées pour missiles.

Cet échange avait pour contrepartie la libération par le Hezbollah des diplomates américains retenus en otage au Liban. On estime cette transaction à environ 500 millions de dollars. Malgré cette collaboration, Khomeiny réfute toute reprise de relations diplomatiques avec un état qu’il qualifie « d’impur ».

Le but d’Israël à cette époque était que la guerre entre l’Iran et l’Irak, deux pays ennemis, dure le plus longtemps possible, afin qu’affaiblis, l’attention de l’opinion publique envers la Palestine, soit détournée.

En 2003, Israël déclare qu’il ne tolérera pas que l’Iran puisse être équipé de l’arme nucléaire. L’état se dit même prêt à engager des actions militaires afin de stopper la recherche sur le développement d’armes à caractère nucléaire et atomique au sein du pays.

Les services de renseignement israéliens estiment en 2005 que l’Iran pourrait posséder l’arme nucléaire sous 2 à 4 années. Il se dit alors que le Premier ministre Ariel Sharon aurait demandé à l’armée de son pays de prévoir des plans d’attaque contre les sites d’uranium iraniens.

Si l’on soupçonne alors qu’Israël se prépare à intervenir en travaillant en étroite collaboration avec des civils de la défense américaine sur le développement des armes nucléaires et chimiques, rien n’est avéré.

En réponse aux propos de Mahmoud Ahmadinejab, le vice-premier ministre Shimon Peres, pourtant lauréat du prix Nobel de la paix, déclare alors que « le président iranien doit savoir que l’Iran peut aussi être rayé de la carte ». En 2006, la Russie se range du côté iranien en renouvelant ses promesses de fournir des missiles antiaériens dernier cri.

Le ministre des affaires étrangères iranien estime qu’Israël ne peut entreprendre une opération de telle envergure contre son pays, car l’état serait encore affaibli suite au dernier conflit avec le Liban en 2006.

L’Iran menace alors de fermer le détroit d’Ormuz qui fournit au monde d’importantes ressources pétrolières et qu’il se défendrait selon les règles du droit international dans le cas d’une attaque israélienne. Il insinue également que l’état hébreu serait alors détruit en une seule semaine.

Conformément à son engagement à soutenir tout état qui s’impliquerait militairement contre Israël et le sionisme, l’Iran soutient financièrement, en formant des soldats ou en envoyant de l’armement, plusieurs pays ennemis d’Israël.

Sont également appuyés par l’Iran divers groupes militaires, comme le Hamas principalement actif à Gaza, qui souhaitent la destruction de l’État d’Israël, mais également le Hezbollah. Selon un récent communiqué, ce dernier aurait reçu 400 millions de dollars d’aide de la part de l’Iran.

Durant la guerre en Syrie, Israël a organisé plusieurs attaques contre l’armée iranienne. En réponse, des tirs de roquette ont eu lieu sur des bases militaires israéliennes en Syrie. Plus récemment, le 20 avril 2020, 9 combattants iraniens sont tués, l’Iran lance alors une série de cyber attaques envers le système hydraulique israélien.