“Non, je ne condamne pas le 7 octobre”, a déclaré la journaliste, militante et ancienne collaboratrice de Charlie Hebdo Zineb El Rhazoui au média pro-Erdoğan Nouvelle Aube. Qu’on se le dise : celle qui fut, en d’autres temps, l’ennemie jurée de l’islamisme, “ne condamne pas” le fait que des milliers d’assassins fanatisés aient exécuté des femmes, des enfants, des vieillards parce qu’ils étaient juifs. Elle “ne condamne pas” le massacre de plus d’un millier de civils, l’enlèvement de deux cents d’entre eux et le viol de dizaines d’Israéliennes.
Ni ces foules entières qui ont hurlé de joie au passage des cadavres. Mieux : elle “regrette de l’avoir fait”! Comment peut-on (quelles que soient les raisons qu’on se donne) descendre assez bas pour “ne pas condamner”, c’est-à-dire applaudir, un pogrom ? Comment la haine de la violence débouche-t-elle sur la validation de la violence ? Le cas de Zineb El Rhazoui, par ses outrances et son ingénuité, permet de mieux saisir le mécanisme de conversion qui est à l’œuvre depuis un an, et qui contamine les esprits poreux.
Le 7 octobre, la cause palestinienne est devenue la propriété exclusive d’une organisation terroriste dont le but revendiqué est l’extermination de tous les Juifs. Depuis ce jour, il est difficile de défendre la Palestine sans être sommé, d’une façon ou d’une autre, de consentir à ce crime de masse. Le combat des “opprimés” contre les “colons” (à quoi ses partisans identifient la cause palestinienne) exige de passer par l’approbation des moyens atroces que le Hamas emploie, et le consentement aux buts qu’il se donne. Or une telle conversion à la violence absolue n’a rien d’évident et se fait en plusieurs temps.
D’abord, on condamne du bout des lèvres le massacre dont on rappelle, comme António Guterres, qu’il n’a pas “surgi en vase clos” ; puis on en vient, au nom de l’analyse, à présenter le 7 octobre comme un “soulèvement”, un légitime acte de “résistance” consécutif à “75 ans d’occupation” (JudithButler), tout en présentant, à l’inverse, le seul État du Proche-Orient où les Arabes sont libres comme un État qui pratique un “apartheid” et commet un “génocide”…
Après qu’on a ainsi transformé les bourreaux en victimes et inversement, l’heure est venue de s’imbiber de la rhétorique et des mensonges du Hamas (“ceux qui somment de condamner le 7 octobre, déclare Zineb El Rhazoui, je ne les ai vus à aucun moment condamner la colonisation, l’occupation, les bombardements massifs des civils, l’assassinat des enfants, les violences sexuelles envers les Palestiniennes…”) et de devenir antisémite (“les valeurs dont vous vous targuez en France ne pèsent rien face à votre communautarisme et à votre appartenance de cœur au projet sioniste”). Reste à diaboliser Israël (“Israël dépasse largement en terrorisme tout ce qu’a jamais pu faire la résistance palestinienne…”) et le tour est joué.
Dans le monde parallèle où Israël est un “Daech qui a réussi” (sic) et le Hamas un “mouvement de résistance”, la violence absolue devient désirable. Une fois ces étapes franchies, c’est tout naturellement que Zineb El Rhazoui en vient à “regretter” sa condamnation du 7 octobre, et qu’insensiblement, avec les meilleures intentions du monde, avec une certaine idée de la justice comme boussole, une “militante des droits de l’homme” devient une apologiste du terrorisme qui célèbre le meurtre de 1 200 civils.
Source: Franc-Tireur
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