Alors que les commémorations débuteront lundi soir, lorsqu’une sirène d’une minute retentira dans tout le pays, et que cette semaine vont se succéder la tristesse de Yom Hazikaron, le Jour du Souvenir des Soldats tombés pour Israël, fêté la veille, et la joie de Yom Haatsmaout, la Fête Nationale d’Israël, le “Jour de l’indépendance” de l’état d’Israël, chacun sait que cette année particulièrement, ces jours de commémoration n’auront pas la couleur des années précédentes.
Comme jadis, la veille du Jour de l’indépendance sera d’abord observé le “Jour du souvenir” en mémoire des combattants morts lors de la guerre d’indépendance israélienne ainsi que de tous les soldats israéliens tombés depuis cette date sur le champ de bataille, mais encore des victimes du terrorisme. Pendant 24 heures, tous les magasins et lieux de divertissements seront fermés. A deux reprises, une sirène retentira à travers tout le pays, la seconde mardi matin, dans les 52 cimetières militaires d’Israël. La population observera deux minutes de silence et suspendra son activité. Des prières publiques seront récitées dans les cimetières militaires et les différentes chaînes de télévisions et stations de radio diffuseront des programmes consacrés aux actions glorieuses des soldats défunts, tandis que dans les écoles, on honorera les anciens élèves tombés au combat.
Suivra la fête de l’indépendance de l’État d’Israël, fête proclamée “nationale” dès le 14 mai 1948 par la Knesset, cérémonie officielle accompagnée de multiples festivités: dès le coucher du soleil dans la soirée du 4 Iyar, à Jérusalem, le drapeau israélien du cimetière militaire du mont Herzl, qui aura été mis en berne pour le Jour du souvenir, sera à nouveau hissé en haut du mât.
Les autorités politiques du pays – le chef d’état, le Premier ministre ou le président de la Knesset ‒ prononcent un discours de remerciement aux différentes unités des forces armées qui défilent avec leurs étendards.
Des performances artistiques sont également proposées et, lors d’une cérémonie nommée hadlakat masuot, 12 torches, représentant symboliquement les 12 tribus bibliques d’Israël, sont allumées par 12 citoyens choisis pour leur action exemplaire dans différents domaines.
D’ordinaire, dans de nombreuses villes israéliennes, des spectacles, des feux d’artifice, des barbecues sont organisés dans les rues piétonnisées pour l’occasion.
Cette année, selon un sondage mené par l’Institut Kanter, 47% des Israéliens s’opposent à la participation des politiciens à la cérémonie de Yom Hazikaron qui se tiendra lundi. 32% souhaitent leur participation et 21% ne savent pas. Parmi les électeurs de l’opposition, 61% sont opposés à la participation des politiciens aux cérémonies du Jour du Souvenir, et parmi les partisans de la coalition, seuls 29% y sont opposés.
Eli Ben-Shem le président de l’organisation Yad Labanim, en charge de préserver les mémoires des soldats décédés, a déclaré la semaine dernière que des milliers de parents de soldats tombés au combat avaient exigé que les hommes politiques n’assistent pas aux cérémonies dans les cimetières militaires et n’y prennent pas la parole, afin d’éviter des échauffourées.
Pour sa part, Herzi Halevi, Chef d’état-major de Tsahal , appelle à éviter “les scènes de débat”. Il a appelé aujourd’hui dimanche les Israéliens à faire preuve de respect lors de la Journée du souvenir et à ne pas transformer les cimetières militaires en “scène de débat”, alors que les tensions au sein de la société autour la réforme judiciaire restent vives: “La Journée du souvenir établit un lien profond entre le personnel et le national. Cette année, précisément à cause des tensions, nous devons nous concentrer sur le mémorial personnel et nous envelopper de son pouvoir humain”, a affirmé Herzi Halevi dans un communiqué de Tsahal. “Le décret de commémoration nous oblige à nous unir autour de lui et à nous concentrer sur ce qui nous relie. Nous devons tous respecter les cimetières et ne pas en faire une scène de débat. La retenue et le silence ont un pouvoir assourdissant, et la solitude avec nos proches tombés au combat ne peut exister dans le bruit des débats”, a souligné le chef d’état-major.
Par ailleurs, à l’ONU, la Russie, qui a pris la présidence tournante du Conseil de sécurité des Nations unies en avril, a refusé la demande d’Israël de reporter un débat sur la question palestinienne qui doit se tenir mardi, au moment où l’Etat hébreu marquera la Journée du souvenir pour honorer la mémoire des soldats israéliens tombés au combat… Cette décision est considérée par Jérusalem comme une mesure de représailles de la part de Moscou pour le soutien d’Israël à l’Ukraine et Gilan Erdan, ambassadeur d’Israël à l’ONU, a déposé une requête auprès des responsables russes au Conseil de sécurité, leur faisant part de la sensibilité de la journée nationale de deuil pour les soldats israéliens tombés au combat, et leur expliquant qu’il serait inapproprié de tenir le débat sur “Le Moyen-Orient, y compris la question palestinienne” un tel jour.
Les Palestiniens, faut-il le préciser, considèrent la tenue de ce débat comme une victoire…
Pour info: Yom Haatsmaout sera marqué par la participation de 100 avions et forces étrangères lors d’une parade qui aura lieu mercredi entre 9h30 et 14h30 et passera au-dessus de dizaines de grandes villes à travers le pays. Des dizaines de pilotes étrangers se joindront mercredi à l’armée de l’air israélienne pour le survol annuel du Jour de l’Indépendance qui marquera les 75 ans de l’Etat hébreu.
L’armée israélienne a indiqué que des avions des États-Unis, de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de l’Italie participeront à la parade aérienne, “en signe de partenariat entre les pays et de leur relation unique avec l’État d’Israël”. Les avions étrangers voleront dans le ciel d’Israël et certains d’entre eux seront accompagnés par des avions de l’armée de l’air israélienne, en signe de coopération et des relations étroites entre les deux pays.
Sarah Cattan pour TJ
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