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mar' 03 Déc' 2024

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Crèche Beth Hilel «enfant non juif issu d’une relation interdite»

Des parents contestent l’inscription en crèche d’un «enfant non juif issu d’une relation interdite», la mère dépose plainte

«En couple avec une personne transgenre», Mathilde, employée de la crèche juive Beth Hilel à Levallois-Perret avait obtenu une place pour sa fille dans l’établissement, mais des parents s’y sont opposés. Elle a porté plainte pour discrimination et a démissionné, malgré le soutien de sa direction.

« Lors de mon premier jour de travail, j’ai appris que certains parents ne voulaient pas que je m’occupe de leurs enfants. Je me sentais pointée du doigt. Je n’aurais jamais cru que cela pouvait m’arriver. » À son retour de congé maternité, Mathilde ne s’imaginait pas devoir affronter un accueil aussi hostile des parents de la crèche où elle travaillait depuis près de quatre ans.

La semaine dernière cette auxiliaire de puériculture de la crèche confessionnelle juive Beth Hilel à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) a eu la très mauvaise surprise de découvrir que plusieurs parents n’acceptaient pas que sa fille non juive ait une place dans la crèche où elle travaille.

« J’étais en congé maternité depuis le mois de janvier et j’avais obtenu une place pour ma fille à la crèche avec l’accord de ma direction. La crèche ferme au mois d’août, mais j’avais décidé de reprendre à la fin de mon congé maternité pour trois jours afin de me remettre dans le bain », raconte la jeune mère de 29 ans, qui apprend que des parents ont demandé à rencontrer la direction quelques semaines auparavant pour exprimer leur opposition à la présence de ce bébé de deux mois.

Un message issu d’un fil de discussion entre parents sans équivoque

« Même si je ne suis pas parvenue à mettre la main dessus, j’ai appris que plusieurs parents avaient fait une pétition contre la présence de ma fille », s’indigne Mathilde, pour qui cette levée de boucliers s’explique aussi par sa situation personnelle. « Je suis en couple avec une personne transgenre qui est encore administrativement une femme mais dont la transition pour devenir un homme est quasiment achevée », confie l’auxiliaire de vie, qui s’est procuré un message issu d’un fil de discussion entre parents qui semble attester cette version.

« La principale problématique ça reste quand même l’enfant non juif issu d’une relation interdite. Pouvez-vous m’envoyer le nom de tous les parents qui sont d’accord avec le fait que c’est une aberration de prendre une enfant non juive dans une des sections », peut-on lire dans cet échange, qui a conduit Mathilde à porter plainte pour discrimination au commissariat d’Ermont (Val-d’Oise).

La directrice assure avoir recadré les parents

Du côté de la crèche, on affirme avoir immédiatement réagi. « Lorsque les parents se sont présentés pour faire cette demande, je les ai recadrés en leur expliquant que la décision ne leur appartenait pas et que même s’ils venaient plus nombreux nous serions inflexibles. Nous sommes une crèche associative qui accueille tous les enfants de parents résidant à Levallois-Perret sans distinction de religion. La liste des enfants à accueillir nous est transmise par la municipalité auprès de qui les parents font la demande comme partout ailleurs. Il est vrai qu’il y a plus d’enfants juifs car leurs parents font la demande dans notre établissement, mais nous ne faisons pas de différence entre les enfants », relate la directrice de la crèche qui peut accueillir 64 enfants et emploie 16 auxiliaires de puériculture.

Cette dernière tente cependant de calmer le jeu. « À peine une dizaine de parents se sont opposés à la présence de ce bébé et leur principale crainte était que l’enfant aille ensuite à l’école juive Beth Hilel, située à proximité, mais qui ne relève pas de la même administration que nous », veut nuancer la directrice à la tête de la crèche depuis 2017, et qui assure que l’identité du compagnon de Mathilde était déjà connue de nombreux parents.

 

« Lorsqu’ils ont su qu’elle était enceinte, des parents ont ouvert une cagnotte pour son enfant, ou lui ont offert des vêtements de bébé et un siège auto. Elle n’a jamais été mise à l’écart pour cette raison », assure la directrice, pour qui un litige opposant des parents à une ex-collègue peut contribuer à expliquer la situation. « Durant son congé maternité, des parents ont porté plainte car cette personne aurait secoué leur enfant. Elle est partie suite à cet incident. Ces parents ont fait la confusion entre Mathilde et son amie. »

Un incident que confirme Mathilde. « Le jour où je suis venue chercher mes affaires, une mère de famille m’a dit qu’elle m’assimilait à mon ancienne collègue, tout en me disant que s’ils avaient voulu que leur enfant soit avec des non juifs, ils l’auraient mis dans une crèche publique. »

« Je ne veux pas prendre de risque pour ma fille »

Malgré le soutien de sa direction, Mathilde a décidé de démissionner dès le lendemain de sa reprise et surtout de porter plainte contre les parents auteurs de ce message qu’elle juge discriminatoire. « Je ne veux pas prendre de risque pour ma fille. C’est dommage car même si je suis athée, je pense que le contact avec des enfants de parents juifs aurait contribué à l’ouverture d’esprit de ma fille, mais j’ai décidé que désormais, je ne mettrais ma fille que dans des structures classiques et non plus confessionnelles, car cela représente trop de problèmes », insiste Mathilde, qui a dû s’organiser pour trouver une garde pour sa fille à la rentrée dans sa commune de résidence à Eaubonne (Val-d’Oise). « J’ai trouvé un nouveau poste dans mon département et j’ai dû trouver en urgence une place chez une assistante maternelle », précise l’auxiliaire.

« Elle travaillait à la crèche depuis quatre ans, c’est vraiment dommage qu’elle parte », regrette la directrice. Contactée, la mère à l’origine du message et visée par la plainte de Mathilde, n’a pas souhaité réagir.

Le Parisien

 

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