Les cursus de Saint Cyr et Sciences Po mentionneront certainement, à l’avenir, les attaques contre les beepers et les talkie walkies des terroristes du Hezbollah : avec au moins 20 morts et 4800 blessés, dont 99% de combattants, cela restera dans les annales comme l’opération la plus propre jamais exécutée dans une guerre, a fortiori défensive.
Pour ou contre le Hezbollah ?
Le Hezbollah, parti d’Allah en V.O., est classé organisation terroriste par Israël (évidemment : le petit Satan !), les États-Unis (of course, le grand Satan !) le Canada (pourtant irréprochablement palestinolâtre), le Royaume-Uni, le Japon, le Paraguay, la Colombie, l’Argentine… et l’Union européenne.
Le mouvement qui colonise le Liban a aussi des supporters. Il est financé par l’Iran et soutenu par les démocraties les plus pacifiques de la planète : la Syrie et la Russie.
L’eussiez-vous cru ? Ce n’est pas le groupe classé par elle terroriste, que l’Europe condamne, mais ceux qui ont lancé des représailles contre lui.
L’ONU et l’UE sont plutôt pour
L’Union européenne s’est jointe à l’ONU pour condamner le génocideur de talkie walkies. Que l’ONU accable Israël, c’est dans l’ordre des choses : l’État juif peut se vanter d’être le seul au monde aux condamnations duquel sont consacrées trois corps constitués au sein de l’organisation , et un point à l’ordre du jour de son Conseil des Droits de l’homme. Ces privilèges lui permettent de rafler, à lui tout seul, plus de Résolutions que la totalité des autres pays de la planète.
Juste pour rire, en 2021, l’État juif, qui abrite 0,11% des Terriens, a concentré sur lui 73,91% des condamnations du Conseil de sécurité. Dans le camp adverse, l’Arabie saoudite, le Zimbabwe, le Venezuela, le Pakistan, l’Algérie, la Turquie, la Russie, l’Égypte, la Chine, le Qatar et Cuba sont rentrés bredouilles dans leurs petits paradis chariatiques.
Pour rire encore plus fort, en 2018, les États-Unis avaient proposé une résolution pour condamner le Hamas, qui bombardait systématiquement les civils israéliens. L’Assemblée générale de l’ONU l’avait rejetée.
L’ONU se prétend démocratique, parce que parmi les 193 pays qui en sont membres, u pays égale u vote, quelle que soit la taille dudit pays. Or 167 seulement ont une taille suffisante pour que l’on puisse les analyser selon les critères de l’indice de démocratie.
Les résultats des États-membres au classement des démocraties explique les résultats des délibérations à l’Assemblée générale : 95 dictatures plus ou moins dures et 72 démocraties totales ou imparfaites .
Mais en Europe, où la grande majorité des États est démocratique, comment expliquer qu’ils s’accoquinent avec les tyrans les plus brutaux pour condamner un pays qui a détruit des téléphones ?
Démocraties martiales et procédurières
« Les responsables de la vague mortelle d’explosions à travers le Liban d’appareils beepers utilisés par les membres de l’organisation du Hezbollah doivent rendre des comptes. Cibler simultanément des milliers de personnes, qu’elles soient des civils ou des membres d’un groupe armé, sans savoir au préalable qui détient ces appareils visés, leur localisation et l’environnement dans lequel ils se trouvent au moment de l’attaque, constitue une violation des droits de l’homme ainsi que du droit international et humanitaire » a déclaré Volker Türk, Haut-commissaire autrichien aux droits de l’homme.
Explication de texte : « vague mortelle » devrait plutôt s’écrire « tsunami cybernétique » et la formule « sans savoir au préalable qui détient ces appareils visés » est soit un mensonge volontaire, soit une confiance irrationnelle dans le hasard (Inch Allah), puisque ces appareils étaient exclusivement ceux du Hezbollah et que, de ce fait, aucun civil n’aurait dû être touché par les charges extrêmement faibles. La preuve, c’est qu’un seule victime collatérale est à déplorer. Et nous la déplorons. Mais nous remarquons aussi que l’auteur de cette attaque a préféré blesser ses ennemis au lieu de les tuer, plutôt que de les tuer et de risquer la vie de leurs voisins. Chapeau ! Ou plutôt, kippa !
Le roman d’une paire de tricheurs
Enfin, le fait de cibler des terroristes déplaît souverainement à l’organisation qui se prend pour le Droit incarné, alors qu’elle n’en est même pas l’ongle du petit orteil.
D’où sa virulence à prétendre que cette action « constitue une violation des droits de l’homme ainsi que du droit international et humanitaire. » En réalité, cela constitue une violation du droit des terroristes à viser des civils. Le droit international ne mentionne nulle part celui des bippers et des talkie walkies à disposer d’eux-mêmes.
Antonio Guterres, Secrétaire général de l’Assemblée des 95 dictatures, a protesté au motif que « des objets civils ne doivent pas devenir des armes ». Pense-t-il aux couteaux des terroristes lupins solitaires ou aux voitures béliers ? Il a raté une vocation de zoologue.
Le Haut-représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères, l’espagnol Josep Borrell, n’a pas voulu être en reste : il s’est indigné des « lourds dommages collatéraux » de ces explosions et du fait qu’elles se soient produites « sans distinction au milieu de civils ».
Des dommages collatéraux comme l’explosion d’un stock de 400 à 400 tonnes de nitrate d’ammonium appartenant au Hezbollah, en 2020 à Beyrouth ? Cette explosion-là avait fait 235 morts, 6 500 blessés, 300 000 sans abri et avait endommagé 77 000 bâtiments. Mais là, c’était la faute à Padchance. L’enquête n’ayant pas abouti, l’ONU n’a pas eu l’occasion de rappeler que les entrepôts civils du port de Beyrouth « ne doivent pas devenir des armes ».
Le Hezb, à qui les autorités portuaires demandaient depuis 2013, dans un murmure respectueux, de bien vouloir stocker ses matières premières explosives ailleurs, n’a même pas été mentionné.
Mentionner n’est pas soupçonner et invoquer le droit humanitaire dû aux beepers, c’est jouer au faucon.
« Aux termes de la loi internationale, l’opération « beepers » est un acte de sabotage classique, donc légal. Ceux qui protestent contre l’attaque contre les téléphones du Hezbollah auraient pleuré sur les bombes placées sur les rails des trains des nazis ». Eugène Kontorovich, juriste israélien spécialisé en droit constitutionnel et droit international.
© Liliane Messika
Notes
[1] Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, le Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et la Division des droits des Palestiniens au Département des affaires politiques de l’ONU – Et le point n°7 à l’ODJ du Conseil des Droits de l’homme.
[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_de_d%C3%A9mocratie
L’article Liliane Messika. L’ONU et l’UE créent une assoce : SOS beepers est apparu en premier sur Tribune Juive.