Un doc censuré en Israël
“Hébron, Palestine, la fabrique de l’occupation” a vu interdire plusieurs de ses projections, a fait l’objet d’attaques répétées, de manifestations violentes, et ses réalisateurs ont été menacés de mort.
Loin de dénoncer, ou même au minimum de calmer le jeu, le ministre de la Culture du gouvernement Netanyahou, Miki Zohar, accuse le film de “salir Israäl et de nuire à la réputation de l’armée”. Il a par ailleurs menacé les réalisateurs de devoir rembourser le financement gouvernemental obtenu.
Une intimidation devenue monnaie courante (le film “Deux Enfants par jour”, de David Waxman, sur les arrestations d’enfants en Cisjordanie, a subi le même traitement) qui pourrait très prochainement faire l’objet d’un décret.
La coalition d’extrême droite au pouvoir projette en effet de fixer des conditions à l’obtention de subventions et d’autorisations pour les films, consistant en une sorte de pacte de loyauté où les réalisateurs s’engageraient justement à ne pas ternir l’image d’Israël et à ne pas porter atteinte à sa réputation ou à celle de son armée.
Un concept flou, qui vise à censurer toute critique du pouvoir exécutif.
La création artistique ne doit s’occuper ni de politique, ni des affaires courantes, ni d’actualité…, s’est justifié sans sourciller le ministre.
Si les manifestations ont permis d’obtenir le gel de la réforme sur la justice ou de la privatisation de la chaîne de service public Kan, l’avenir du cinéma, notamment d’auteur, s’inscrit bel et bien en pointillé.
Télérama N° 3823 du 19 avril 2023
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