Face à des tensions géopolitiques régionales et des dynamiques de sécurité en pleine évolution au Moyen-Orient, Pékin accentue ses efforts pour développer ses relations économiques avec le monde arabe et forger des partenariats stratégiques. Jusqu’à présent, la Chine a prudemment marché sur une corde raide dans la région en tentant de trouver un équilibre entre les différentes parties rivales.
Jusqu’ici, Pékin s’est concentré sur les intérêts communs, en grande partie économiques, et la coopération Sud-Sud. Cependant, sa présence croissante dans la région va probablement l’amener à s’engager plus largement à terme, d’autant plus que de nouveaux défis pourraient amener les puissances régionales à jouer un rôle accru à la suite du retrait des États-Unis, et que l’équilibre des forces dans la région est susceptible de changer en fonction de différents facteurs, notamment l’avenir des négociations nucléaires avec l’Iran.
Un soutien à l’Iran… et ses rivaux
Ces dernières années, la Chine a accru sa coopération avec l’Iran, grâce à un accord bilatéral portant sur vingt-cinq ans [l’accord Lion-Dragon, conclu en mars 2021]. Pour Téhéran, dont la politique étrangère vise avant tout à renforcer l’“axe de la résistance”, le soutien de la Chine est vital. Pékin a offert un soutien diplomatique essentiel dans les négociations nucléaires iraniennes, et a soutenu l’adhésion de l’Iran à des organisations régionales telles que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Ces dernières années, la Chine a également participé à des manœuvres navales conjointes avec l’Iran et la Russie dans le golfe d’Oman, qui ont eu valeur de démonstration de force contre l’Occident dans un contexte d’escalade des tensions régionales.
Sur le plan économique, une grande majorité du pétrole iranien est en outre exportée vers la Chine, l’accès au marché international de l’énergie étant limité du fait des sanctions américaines.
Mais si la Chine a accentué ses liens avec l’Iran, elle a également renforcé sa coopération économique avec ses rivaux au Moyen-Orient, notamment avec l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Qatar, le Koweït et Oman, en particulier pour la construction d’infrastructures, dans les secteurs des télécommunications, des hautes technologies et de l’énergie, des domaines d’une importance cruciale pour l’ambitieuse initiative chinoise des nouvelles routes de la soie [ou BRI, acronyme anglais pour Belt and Road Initiative].
Nadeem Ahmed Moonakal
//www.courrierinternational.com/