Originaire de Hongrie, Agnes Keleti est une force de la nature. Elle vient de fêter ses cent ans et n’a rien perdu de sa souplesse.
Elle a remporté 10 médailles aux Jeux Olympiques, entrainé des générations de gymnaste Israéliennes, ce qui lui a valu de remporter le prix d’Israël. Elle est également une héroine pour les Hongrois et n’oublie pas ses origines puisqu’elle a vécu ses dernières années dans son pays natal.
Le 9 janvier 2021, Agnes Keleti, l’athlète juive la plus titrée de tout les temps fêtera son centième anniversaire. La fête risque d’être moins grandiose que prévu à cause du Coronavirus.
« Ici en Hongrie, ils ont prévu d’organiser une grande cérémonie pour elle dans l’une des synagogues, mais j’ai peur que ça soit trop risqué. Le coronavirus a tout gâché » explique Raphaël Biro, son plus jeune fils, qui l’aide lors de la vidéoconférence, son audition étant parfois défaillante.
S’il n’y aura pas de grande fête, le jour de l’anniversaire de celle qui a remporté dix médailles, dont cinq d’or, pour la Hongrie ne saurait être un jour comme les autres. Un cinéaste Juif hongrois réalise un documentairesur sa vie. Elle a également été faites citoyenne d’honneur par la municipalité de Budapest. L’association hongroise de gymnastique est actuellement en train de publier un livre sur sa vie.
Agnes Keleti est l’une des plus grande athlète de Hongrie.
En Israël, où Agnes Keleti a vécu 60 ans, elle a formé un nombre impressionant de gymnastes et de professeurs de gymnastique. Elle était également entraîneuse de l’équipe Israélienne de gymnastique. Des dizaines de personnes, anciens élèves ou fans n’oublieront pas la date de son anniversaire.
Le Comité olympique israélien et l’Association féminine de GRS ont décidé, pour marqué son centième anniversaire, de nommer les Championnats israéliens de gymnastique à partir de 2021 Agnes Keleti et ont crée un logo spécial pour les compétitions.
« Cet hommage est à la fois important et passionnant » a déclaré l’une des initiatrice du projet, Chaya Halperin. Elle a été la collègue d’Agnes Keleti et a écrit le chapitre israélien dans le livre « Agnes Keleti 100 ».
Je l’ai rencontrée quand j’avais neuf ans, Agnes était venue en Israël pour chercher de jeunes gymnastes talentueuses ». Chaya Halperin est elle-même une icône israélienne du fitness, notament la la star du programme mythique « Fitness Hour » et l’ancienne responsable des études de danse à Wingate, puis à Hapoel Haifa.
« A l’époque, Agnes entraînait l’équipe d’Israël de gymnastique et un groupe représentatif pour les performances, je faisais parti du groupe pour les performances. Ensuite, elle a été mon professeur à Wingate, et j’ai été son assistante. Chaya Halperin et Agnes Keleti son restée amies et ont vécu dans le même quartier de Herzliya. Elles ont aussi fait de la natation ensemble pendant des années.
« Elle était une entraîneuse et une professeure dure, mais prévenante, et elle a également veillé à nous enseigner les bonnes valeurs. »
Quelles valeurs ?
« Elle nous a appris que la santé physique passe avant tout. Même si les entrainements sont très durs physiquement, elle s’est toujours soucié de notre santé dans le futur. Depuis le début, elle n’a pas entraîné ceux qui ne lui convenait pas. Par exemple, quelqu’un dont les deux genoux ne sont pas allignés aurait eut un risque accru de blessure avec un entrainement intensif ».
Une vie hors du commun
Angnes Keleti est née en Hongrie en 1921, dans une riche famille juive. Elle commence la gymnastique à l’âge de quatre ans dans un club de sport juif, puis arrête pour se consacrer au violoncelle. A 16 ans, elle reprend la gymnastique et devient, seulement un an plus tard, championne de Hongrie. Lors de la persécution des Juifs de Hongrie, elle contracte un mariage blanc avec un athlète hongrois et réussis à survivre grâce à de faux papiers et à un nom d’emprunt. Son père, ainsi que d’autres membres de sa famille sont déportés et assassinés à Auschwitz. Sa soeur et sa mère ont été cachées par le Juste parmis les Nations Raoul Wallenberg.
Après la guerre, Agnes Keleti recommence à s’entraîner et un an plus tard remporte le championnat de Hongrie. Elle reste championne de Hongrie de gymnastique pendant dix ans. Blessée lors des Jeux Olympiques de Londres en 1948, elle s’illustre ensuite aux Jeux Olympique d’Helsinki en 1952. A 31 ans, elle remporte quatre médailles Olympique (une d’or, une d’argent et deux de bronze). A 35 ans, aux Jeux Olympique de Melbourne en 1956 elle remporte pour la Hongrie quatre médailles d’or et deux d’argent.
Lors des Jeux Olympiques de Melbourne, une révolte est réprimée en Hongrie par l’armée Soviétique. Agnes Keleti et d’autres athlètes hongrois obtiennent l’asile politique en Australie.
Agnes Keleti est arrivée en Israël en 1957, à une époque où la gymnastique n’en était qu’à ses débuts. Elle rencontre Robert Biro, professeur d’éducation physique d’origine hongroise, ils se marient et de leur amour naissent deux fils Daniel, âgé de 58 ans aujourd’hui et Raphaël, âgé de 56 ans aujourd’hui. En Israël, Agnes Keleti travaille comme professeure à Wingate et forme, en 30 ans, des générations de gymnastes et de professeurs. Elle a également fait la promotion de la gymnastique en Israël.
Pour les Hongrois, Agnes Keleti a toujours été hongroise, même lors de ses années en Israël. En 1991, elle a été citée parmi les 12 plus grands athlètes hongrois. Elle est également considérée comme une icône à travers le monde et a été intronisée en 2001 au Temple de la renommée olympique lors d’une cérémonie à New York.
Il y a quatre ans, à l’âge de 96 ans, Agnes Keleti a quitté Israël pour retourner dans son pays natal, la Hongrie. Elle a prit cette décision après que son fils Daniel ait quitté Israël pour s’installer en Australie et que son fils Raphaël, créateur de mode qui partageait son temps entre Israël et les capitales de la mode, se soit installé à Budapest. « Notre père est mort en 2006 alors que ma mère avait 86 ans » raconte Raphaël. « Elle était toujours très active et a voyagé avec la délégation Hongroise pour fêter les 50 ans des Jeux Olympiques. Mais ces dernières années, je me suis senti seul et déprimé, donc j’ai décidé de la faire venir pour pouvoir prendre soin d’elle. C’est la chose la plus intelligente que j’ai faite dans ma vie ».
Dès son retour en Hongrie, Agnes Keleti est devenue une star. Les médias ont beaucoup parlé d’elle et les gens l’admirent. Il y a deux ans, le gouvernement Hongrois a décidé d’accorder des redevances mensuelles aux athlètes olympiques en fonction du nombre de médailles qu’ils ont gagnées pour le pays. « Ma mère a rapporté dix médailles, donc elle reçoit des sommes très respectables » confie Raphaël.
Agnes Keleli vit avec une assistante dans l’appartement à côté de celui de son fils. Elle lui rend visite tous les jours. Jusqu’à l’année dernière, elle faisait régulièrement de l’exercice. Lors d’un voyage à Barcelone avec son fils Raphaël, elle a sillonné la ville et n’a manqué aucun site touristique. « Un soir, nous sommes allés avec des amis dans un bar à tapas et maman a fait sensation devant tous les serveurs » dit Raphaël en riant. Il ajoute « l’année dernière nous avons passé fait du hors-bord avec des amis sur le Danube et elle s’est beaucoup amusée. L’inaction est une catastrophe. Nous avions prévu d’aller ensemble à Lisbonne et à Eilat, mais maintenant il est impossible de voyager et de sortir. Elle a besoin d’action et d’intérêt pour la vie. Je suis vraiment inquiet pour sa santé »..